Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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" Chaque année, la France commémore l'anniversaire du 18 juin 1940, date de l'Appel aux armes lancé par le général de Gaulle. On avait besoin d'hommes et de femmes prêts à l'action et au sacrifice. Parmi ceux-là : Bruno Larat […] il fut affecté au cabinet du général [et] se porta volontaire pour l'organisation des réseaux d'action en France". Discours du général Kœnig, le 10 novembre 1960, lors de l'inauguration de la rue Bruno Larat, à Romans.

Bruno Larat est né en 1916, sa famille est implantée à Romans depuis plusieurs générations. Après sa licence en droit obtenue à Lyon en 1938, il prête serment et s'inscrit au barreau de cette ville. Mais la situation internationale ne lui laisse que le temps de quelques plaidoiries, la guerre va faire basculer sa destinée. Mobilisé en septembre 1939, Bruno Larat est volontaire pour l'armée de l'Air où il est affecté à Bordeaux-Mérignac. Le 18 juin 1940, a-t-il entendu l'appel du général de Gaulle ? Nous l'ignorons mais il ne peut se résoudre à l'Armistice, il falsifie un ordre de mission pour pouvoir se rendre à St-Jean-de-Luz où il embarque sur un bateau polonais dès le 22 juin 1940, jour de la signature de l'armistice. Il est l'un des tout premiers à rejoindre de Gaulle dans son premier QG londonien de St Stephen House. En choisissant de s'exiler pour agir, Bruno Larat prend le risque d'être incompris ou stigmatisé comme déserteur, il sera d'ailleurs rayé du Tableau du conseil de l'ordre des avocats du barreau de Lyon. Le jeune Romanais est affecté comme sous-Iieutenant dans la RAF mais des ennuis de santé l'obligent à devenir instructeur en octobre 1941. Au même moment, le BCRA (Bureau Central de Renseignements d'Actions) c'est à dire le " 2° bureau " du comité français de Londres, dirigé par le colonel Passy, crée sa section " Action ", il manque de personnel et recrute des volontaires pour des missions en France. Bruno Larat, impatient d'agir, rejoint alors l'état-major du général de Gaulle. A en croire le témoignage du général Koenig, il se serait également porté volontaire pour l'organisation des réseaux en France et aurait été, par deux fois, parachuté, près de Tours et dans la région parisienne. Le 5 octobre 1942, le jeune homme se retrouve chez André Philip, avocat au barreau de Lyon lui aussi, avec notamment Pierre Brossolette, pour un réunion sur la question de l'information et la propagande à destination de la France. C'est aussi à cette période qu'il rencontre Jean Moulin et bénéficiant de la confiance de ces hommes, s'apprête au début de l'année 1943 à prendre de lourdes responsabilités.

Bruno Larat, nommé capitaine, prend la direction du Centre d'Opération de Parachutage et d'Atterrissage (COPA) dont le rôle est de permettre le transport de personnalités entre la France et l'Angleterre, la réception des parachutages et des fonds destinés aux mouvements de la Résistance, aux journaux clandestins, aux partis, aux syndicats. Parachuté en France, en mars 1943, Bruno Larat, alias Luc ou Xavier, est de plus chargé de diriger les opérations dans la région lyonnaise. Il installe son bureau à Lyon, organise des équipes et durant trois mois assume ses lourdes responsabilités. Ainsi, il mène à bien plusieurs opérations. Par exemple, dans la nuit du 13 au 14 avril, sur le terrain " Marguerite " près de Macon, un passager est réceptionné, quatre sont embarqués pour un retour en Angleterre : Henri Queuille, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Jean-Pierre Lévy (créateur du mouvement Franc- Tireur), Daniel Mayer (futur secrétaire général de la SFIO).

En mai 1943, de Gaulle, pour encadrer la Résistance intérieure crée le " Conseil National de la Résistance " dont la présidence est confiée à Jean Moulin.

La dernière opération à laquelle participe Bruno Larat est celle du 16 juin. Dans la semaine qui suit, c'est une vague d'arrestation à Marseille, le retournement par la Gestapo d'un agent de Combat. Quelques imprudences de la part d'autres résistants conduisent à l'arrestation du général Delestraint, chef de l'Armée Secrète. Il devient alors indispensable de réunir au plus vite les représentants de chacun des grands mouvements de la Résistance afin de trouver un successeur à Delestraint. Tel est entre autres, l'objet de la réunion de Caluire dans la maison du Dr Dugoujon, le 21 juin 1943. Jean Moulin y a convoqué André Lassagne, Raymond Aubrac, le lieutenant Aubry, le Colonel Lacaze, le lieutenant-colonel Schwartzfeld et Bruno Larat ; un huitième homme s'est joint à la réunion sans y être invité, René Hardy, responsable pour "Combat " de la "résistance-fer ". Vers 15 heures, les hommes de la Gestapo, sous les ordres de Klaus Barbie, investissent la maison. Ils frappent les personnes présentes avant " d'embarquer " la plupart vers le QG de la Gestapo à Lyon, où Jean Moulin et ses compagnons sont torturés. Bruno Larat est ensuite transféré au fort de Montluc où se poursuit l'interrogatoire sanglant mené par Klaus Barbie. Bruno Larat reste à Montluc jusqu'à la fin du mois d'août, puis est envoyé à Fresnes. Il est ensuite déporté vers le camp de Buchenwald : il trouve la mort le 5 avril 1944 à Dora dans le " Tunnel de la mort ", il n'avait que 28 ans.

Toutes les personnes qui l'ont connu s'accordent à lui trouver une personnalité rayonnante. " Il respirait la droiture, la détermination, la gentillesse et la délicatesse, c'était l'image même du héros " dit Catherine Fillon, historienne du droit à qui l'on doit la réhabilitation de la mémoire de Bruno Larat au barreau de Lyon. En 1960, lorsque la rue Bruno Larat est inaugurée à Romans sous la présidence du Général Koenig, ce dernier donne lecture d'un message du général de Gaulle : " Du fond du cœur, je m'associe à l'hommage que la ville de Romans va rendre à l'exemplaire mémoire du lieutenant Bruno Larat, qu'elle s'honore de compter parmi ses fils. A cet hommage, moi qui ai apprécié les éminentes qualités d'intelligence, de dévouement, de courage de ce jeune officier, j'ajoute le témoignage de mon fidèle souvenir ".

Laurent Laloup le vendredi 01 décembre 2006

Contribution au livre ouvert de Bruno Marie Larat

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