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Yves Guéna (à gauche) a retrouvé son compagnon d'arme, Jean Piétri, mercredi soir à la halle aux Toiles.
Engagé dans la 2e Db aux côtés du général Leclerc, l'ancien ministre avait été blessé le 11 août 1944, la veille de la libération d'Alençon.
L'association Vive la Résistance organisait une grande soirée, mercredi, à la halle aux Toiles à Alençon en l'honneur du général Leclerc. De nombreux compagnons d'arme, de celui qui était maréchal à l'époque, étaient présents et ont raconté leur parcours. Parmi eux, Yves Guéna (président de la France libre, président du Conseil constitutionnel de 2000 à 2004, président de l'Institut du monde arabe de 2004 à 2007 et ancien ministre sous Charles de Gaulle et Georges Pompidou). Récit d'un engagement et d'une vie rondement menée.
« Pour commencer, je suis heureux d'être enfin à Alençon. Mon premier séjour ici aurait dû intervenir le 12 août 1944, mais une balle allemande ramassée à La Hutte la veille m'en a empêché. On me demande souvent de quoi est venu mon engagement, et la seule réponse possible c'est qu'il n'y avait rien d'autre à faire. C'était intolérable de voir ma terre natale de France souillée par les bottes nazies. C'est pour cela que je me suis engagé en Angletterre dès le 1er juillet 1940. Pour moi, partir a été assez simple car je vivais à la pointe de la Bretagne. Mon premier grand souvenir en tant d'engagé dans les Forces françaises libres remonte au 6 juillet 40, jour de mes 18 ans. Pour la première fois je rencontrais De Gaulle. Il vous laissait une impression presque indescriptible. Comme disait François Jacob, il était gothique, une impression de cathédrale.
Le premier souvenir de combat remonte au jour de mon baptême du feu, le 23 octobre 1942 en Tunisie. C'est bizarre de dire cela mais, c'est un bon souvenir car je m'étais engagé pour me battre et défendre ma patrie. Nous avons intégré la 2e Db au Maroc afin de faire la campagne. Après nous sommes partis en Angleterre avant de débarquer le 1er juillet 1944. Et peu de temps après, j'étais donc blessé à La Hutte. Je dois avouer que j'ai pensé mourir mais je ne ressentais aucune tristesse car mourir pour la France ne me rendait pas triste, j'étais fier.
Ma blessure ne m'a permis de rejoindre la 2e Db qu'à Starsbourg avant de rentrer en Allemagne.
Je garde du général Leclerc le souvenir de quelqu'un de passionné et doué tactiquement. Pour moi c'est le dernier maréchal d'Empire, car c'était un vrai chef. C'était quelqu'un d'éclairé car il avait compris le risque d'aller combattre en Indochine. Mais c'était aussi quelqu'un qui pouvait s'emporter quand il n'était pas d'accord. Il n'hésitait pas à exprimer ses griefs à De Gaulle, il ne le faisait pas dans son dos. Pour ma part je n'ai désobéi au général qu'une seule fois : il disait qu'après la guerre, la France aurait besoin de militaires. J'ai préféré quitter l'armée, je pensais avoir fait ce que j'avais à y faire ».
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Laurent le vendredi 09 octobre 2009 Contribution au livre ouvert de Yves René Henri Guéna Montrée dans le livre ouvert de 2 Jean Paul Piétri | |