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Extrait de "La Maison de la Rua Barata Salgueiro 1940 - Lisbonne - 1941 - par David Kugman - Génie- 1re DFL"
Revue de la France libre N°268 :
"Notre abri contenait aussi un local qui était loué au Club français, composé de vichystes qui s'y retrouvaient un jour par semaine. Ce jour-là nous nous rendions invisibles.
Parmi les occupants, certains sont restés gravés dans ma mémoire, d'autres non. Ainsi, je vois très bien une famille belge (dont la jeune fille qui m'avait ouvert la porte le premier jour), avec une mère autoritaire, qui força ses enfants à retourner en Belgique avec elle, malgré leurs protestations. Il y avait un journaliste anglais, du nom de Williams, avec sa femme française et leurs deux garçons. Et puis, il y avait les FFL en puissance.
Je revois le sous-lieutenant Soulet, d'AIbi, cyrard, et son copain Antico, aspirant de réserve. Ce dernier parlait l'espagnol et les avait piloté à travers l'Espagne. Soulet devait tomber au combat. J'ai revu Antico un instant, la nuit de la prise de Takrouna, en mai 1943, en Tunisie. Je crois qu'il était artilleur.
Alexandre Le Sergent, un breton roux, trapu, était arrivé avec un garçon fluet, nommé Seignol (souvent les arrivants venaient par deux).
Il y avait un docteur, Jaeger, que je revis, fin 1941, médecin militaire à bord du Chantilly sur l'Atlantique Sud.
Un coiffeur de Londres, nommé Boiteux, citoyen britannique expatrié au Kenya, nous rendit jaloux, car très vite il réussit à partir, grâce à sa nationalité.
Un garçon de Caen, dont le nom m'échappe, rêvait de libérer sa ville en parachutant; un autre avait l'habitude de parler très clairement en dormant et racontait son évasion nuit après nuit.
Je revois les trois frères Munoz, de Valence (Drôme), je crois, dont l'un, Raphaël, devait tomber au combat.
Il y avait des Cubains, dont les envolées verbales me donnèrent un avant-goût des harangues de Castro.
Il y a avait aussi deux déserteurs de l'armée espagnole, Hermosilla Lara, à la mine enjouée, et son camarade Vasquez, plus austère, anti-franquistes tous les deux"
De gauche à droite : le sous-lieutenant Soulet et l'auteur au parc Edouard VII à Lisbonne, décembre 1940. Laurent Laloup le dimanche 24 août 2008 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |