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"...Ma femme, nos bagages, sont pris en charge par les chemins de fer. Cinq minutes plus tard, au palais du gouvernement, agitation joyeuse et affairée, allées et venues d'officiersavec la patte d'épaule noire et d'estafettes ; un lieutenant-médecin arrogant « Qui vous a laissé passer, votre ordre de mission on n'entre pas ainsi chez le colonel. » Abasourdi, j'éclate de rire et à ce moment un commandant souriant, pas très grand, entre dans le hall. « Qu'y a-t-il ? Ah c'est vous !venez avec moi ; je suis le commandant de Boislambert. » Nous entrons dans une grande pièce et je vois d'abord ou plutôt n'entends que l'administrateur de Villedeuil « gueulant » dans le téléphone : « Ici Villedeuil, c'est vous Vergès. Le colonel Leclerc, envoyé du général de Gaulle, est à Douala ; je vous rallie ; oui, je vous rallie, vous m‘entendez ? » et, en se tournant à demi : « Kongsamba [Région de Kongsamba, commandée par l'administrateur Vergès] est rallié Mon Colonel. » Je vois alors un homme assis à la grande table, la figure maigre, les yeux gris perçants, souriant sous une moustache coupée court, la veste kaki maculée de boue avec sur une seule manche cinq galons blancs de cavalier. Je me présente : « J'ai entendu parler de vous ; bien pour ce que vous avez fait à Yaoundé : vous remontez de suite avec Dio liquider la question. Rendez-vous ici à 22 heures pour m'expliquer votre plan. » - « Bien Mon Colonel, c'est ce que j'avais à vous proposer, mais j'aurais préféré que le colonel B... » C'est prévu, Quilichini est parti le chercher ce matin. Vous l'attendrez en gare vers minuit ; vous viendrez avec lui ici, et vous partirez.» Villedeuil se remet à gueuler dans le téléphone. « ... Oui, je vous rallie, je vous rallie... Le colonel Leclerc... » "
Le ralliement du Cameroun
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 12, octobre-novembre 1948.
www.france-libre.net Laurent le samedi 28 novembre 2009 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |