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Discours Fred Moore pour l'inauguration de la plaque Pierre Deville Inauguration de la plaque Pierre Deville Jeudi 23 aout 2012 à 11h00
Mon général, Mesdames, messieurs, Chers camarades de la 2ème DB et des Spahis,
Rassurez-vous, je ne vais pas prononcer un long discours, mais simplement, et avec mon cœur d’ancien lieutenant, chef du 2ème peloton du 5ème escadron du 1er Régiment de marche de Spahis marocains, vous dépeindre le peu de ce que j’ai connu de la vie de Pierre DEVILLE, Brigadier sous mes ordres.
Parlons un peu de lui, En 1942, évadé de France par l’Espagne à 18 ans pour échapper au STO et rejoindre les Forces Françaises Libre par l’AFN, et, comme tous ceux qui ont fait ce choix, il est arrêté par la garde civile espagnole et emprisonné soit au camp de TOTANA, soit à MIRANDA.
Il est libéré et intégré, à RABAT à la 2ème DB en formation, comme engagé volontaire au 1er RMSM en juillet 1943 à 19 ans et affecté à mon peloton que je commandais depuis le 1er septembre 1941. Nous avons été bien heureux d’accueillir ces jeunes volontaires, inexpérimentés certes, mais remplis de bonne volonté, pour égaler rapidement les anciens : au nombre de 20 sur un nouvel effectif de 48 par peloton de reconnaissance, et cela signifiait que plus de la moitié des hommes de mon peloton, n’avaient jamais subi le baptême du feu.
Pendant 5 mois au Maroc nous avons assuré un entrainement intensif, tant sur le matériel nouveau que sur la façon de l’utiliser avec succès au combat.
Passons sur les détails... nous avons embarqué pour l’Angleterre en avril 1944. Là, nouveaux exercices en situation, et manœuvres conjointes avec la 2ème DB Polonaise. Enfin, débarquement en Normandie, au sein de l’Armée US du brillant général PATTON, le 1er août 1944 à UTAH BEACH.
Je passe sur les sentiments qui nous ont étreints à ce moment là, après tant d’années d’exil, mais aussi et surtout d’Espoir de bouter l’ennemie hors de France ; Je pense à mes jeunes recrues. Comment vont-ils réagir au combat ? Certes, je leur fait entièrement confiance et je ne serai pas déçu :
Pierre DEVILLE est déjà brigadier en récompense de ses brillants résultats aux divers tests, et véritable exemple de calme et de sang-froid.
Dans la blindée du maréchal des logis chef FELLER, il occupe le poste de radio assis à la droite du conducteur. Dès le 11 août, il subit calmement le baptême du feu à JOUE du PLAIN. A la veille de la libération d’ALENCON et des durs combats contre les divisions de PANZERS dans la forêt d’ECOUVES, qui ont couté cher des deux côtés, et dont le jeune fils du colonel commandant les Spahis, Roger REMY, 20 ans, pilote de char, a été tué à son poste.
Puis ce fut la course pour libérer Paris. En cette journée mémorable du 25 août 1944. La mission de mon peloton était : éclairer et conduire le sous groupement tactique du commandant NOIRET aux pieds de la Tour Eiffel. Itinéraire : Longjumeau (où nous avions subi toute la nuit les tirs roulants d’une batterie de canons de 88). Porte d’Orléans : Boulevard Victor → la Seine Pas d’ennemis Porte d’Orléans, mais une foule immense qui nous oblige à nous arrêter et me fournit l’occasion d’embarquer un civil volontaire pour m’indiquer les éventuels barricades et pièges.
Cela permet à DEVILLE de me demander l’autorisation de téléphoner à ses parents habitant Paris, pour leur annoncer son retour, et son arrivée le jour même. Anniversaire de ses 20 ans.
Nous arrivons le long de la Seine à hauteur de l’avenue de Suffren où je vais prendre mes ordres auprès du commandant NOIRET qui m’indique : « Vous nettoyez les boulingrins de chaque côté du Champ de Mars où se trouvent encore quelques salopards » puis vous attaquez l’Ecole Militaire avec vos 2 patrouilles d’ AMs, tandis qu’il remonte l’avenue de Suffren avec son groupement pour attaquer l’Ecole militaire par derrière.
La patrouille de gauche est celle du chef FELLER. Arrivé sur l’avenue de LAMOTTE PICQUET il aperçoit devant le portail central, un canon anti-char servi par un officier seul qui lui avait caché, ainsi qu’au restant du peloton, car se trouvant derrière et dans l’axe de la statue du maréchal JOFFRE.
FELLER tire en priorité sur le canon qu’il détruit, puis successivement à la mitrailleuse, sur le servant qui s’avèrera être un HAUPTMANN, tué net. FELLER continue comme tout le reste du peloton à tirer et riposter sur les fenêtres occupées de l’Ecole Militaire.
DEVILLE qui a repéré un sniper à l’une des embrasures baisse alors son volet protecteur pour indiquer cet objectif à son chef de voiture : en tirant avec sa mitraillette sur cet objectif. C’est alors qu’il est tué d’une balle en plein front.
Nous n’avons jamais oublié le brigadier Pierre DEVILLE mais malgré les démarches nombreuses et très anciennes menées, tant à la 2ème DB qu’à la Mairie de Paris, nous n’avons pu trouver la moindre trace d’un ancien membre de sa famille.
Mais « mieux vaut tard que jamais » Aujourd’hui Pierre DEVILLE, un hommage officiel t’es enfin rendu.
Vive la France ! Vive la 2èmeDB ! Fred MOORE 
CAROUBI HENRIETTE le jeudi 08 août 2019 Réponse : Donc Fred Moore nous dit que Pierre Deville était Français Libre (engagement en juillet 1943) Je crée sa page
Contribution au livre ouvert de Fred Magloire Hippolyte Moore Montrée dans le livre ouvert de 2 Pierre Deville | |