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" Publié le 14 novembre 1996
Non à l'occupant... Je n'avais pas 20 ans et je ne pouvais pas supporter que mon pays soit occupé... ». Marie-Antoinette Gavet, jeune étudiante à l'école de médecine, va payer cher son insoumission. Pour avoir sifflé un film de propagande, elle est arrêtée avec ses camarades, inculpée, et séjournera durant cinq mois à la prison de Fresnes en 1940. « J'en ai pris des coups de crosse sur la tête... mais je gardais ma liberté de pensée ». Provocatrice, elle arbore une fleur bleu-blanc-rouge à la boutonnière à sa sortie de prison, avant de rejoindre les bancs de la Faculté. Le réseau 57 Dès 1941, elle va diriger un réseau de renseignements, « le réseau 57 », rattaché au BCRA de Londres. Christiane, l'agent P3 (tel était son nom de résistance), collectera durant trois ans les renseignements fournis par une centaine d'agents qui sillonnent la France à vélo, en train... à l'affût de données stratégiques sur les mouvements de troupes. « Nous avons même édité des tracts et des journaux dans des appartements insonorisés en plein Paris... Ce risque permanent, c'était assez grisant ! Et la nuit, j'assurais des veilles à l'hôpital. C'est là que j'ai appris mon métier de médecin de campagne ». Femme médecin à Groix Blessée lors d'un acte héroique sur la poche de Lorient en 1945, Marie-Antoinette Gavet revient s'installer à Groix en 1947. Sa ténacité et ses compétences, vite reconnues, aplaniront les difficultés. « Le maire, Francis Stéphan, était très favorable à mon installation. Par contre, j'ai dû m'imposer à des familles influentes et hostiles ». Les Groisillons se souviennent de cette femme téméraire et généreuse, qui sillonnait l'île par tous les temps en jeep et qui, en trente années de carrière, aura acquis une véritable notoriété. Elle vit actuellement à Ker-Béthanie avec son ami André Le Sire, compagnon d'enfance qui, réfractaire au STO, rejoindra le « réseau 57 » durant la guerre et, sous le nom de Lieutenant Saint-Cyr, participera à la libération de Paris en tant qu'intendant général des troupes du 13e arrondissement. Ultime coquetterie de cette rebelle : elle porte sur la poitrine le bel insigne des FFL, distinction rare, qui porte le numéro 34091. Marie-Antoinette et André étaient dimanche dernier, en matinée, au pied du monument aux morts, en compagnie des anciens combattants de Groix."
Laurent Laloup le samedi 05 janvier 2019 Contribution au livre ouvert de Marie Antoinette Gavet | |