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Denys Boudard et Johnnie Johnson je voudrais réagir et compléter le témoignage d'Yves Morieult du 8 mars 2016.
Contrairement à lui, je me souviens fort bien de M. Morieult, surtout quand je lui ai prêté, contrairement à mon habitude et sur son insistance mes livres "fighter squadrons" et "bomber squadrons", pour moi précieux, afin qu'il puisse entreprendre des recherches sur les tombes des pilotes de la RAF inhumés en Normandie. IL me les a d'ailleurs renvoyés avec les fiches, fruits de son travail, ce dont je le remercie encore. Yves Morieult était alors en garnison à l'établissement pharmaceutique des Armées sis à Mondeville et aujourd'hui dissous.
La photo que je joins à ses souvenirs en est l'illustration. C'est une photo de la courte cérémonie que j'avais organisée au bar de l'aéro-club dont j'étais alors le président. Profitant d'un voyage de Johnnie Johnson en France pour recevoir la Légion d'Honneur et de son passage à cette occasion dans le village de Ste Croix Sur Mer (B3) où il avait conservé quelques attaches et avec son maire (une dame) en particulier, j'ai été le solliciter en compagnie de Denys. Après une réception à la mairie de Caen où il accepta d'être le parrain et invité d'honneur du meeting du cinquantenaire en 94, il fut reçu au club house de l'Aéroclub autour d'un pot, pour une cérémonie commémorative simple mais émouvante en compagnie d'un de ses anciens squadron-leaders Larry Robillard (sur la photo) et Denys. C'est à cette occasion que Johnnie confirma que ce sont deux pilotes de son squadron qui avaient abattu, en 1943, par erreur Jean Hébert, son camarade d'évasion, qui, tout à sa joie de sortir d'OTU pour être versé au Groupe Lorraine, se livrait à une séance de voltige au dessus d'une plage dont le survol était interdit. Cet épisode dramatique a été traduit par notre interprète, Tony, citoyen britannique résident en France, également sur la photo. Le pot qui s'ensuivit fut servi sur une table où nous avions posé un aileron de spitfire prêté par certainement l'ami le plus cher qu'avait Denys à cette époque - Dominique Gaillardon - héritier de son gilet de sauvetage de l'époque sur lequel était dessinée une croix de Lorraine. Cette photo a pour moi tellement de valeur que je l'ai fait figurer sur le livre que j'ai écrit aux éditions Heimdal qui a pour titre "50 aérodromes pour une victoire".
Pour finir je rappelle que je suis le pilote qui ai emmené ces deux héros au-dessus des plages et des sites caractéristiques du Débarquement. Et je porte à votre connaissance que c'est en fait Johnnie Johnson qui a piloté le Piper Archer de l'Aéro-club.
Sur la photo de gauche à droite : Larry Robillard, Johnnie Johnson, Denys Boudard, Tony et moi-même.
J'ajoute, pour être complet dans mon témoignage et pour préciser la personnalité de Denys que je connaissais fort bien car c'est sous ma mandature qu'il accepta la fusion de son club avec celui de Caen pour lui éviter des ennuis avec le fisc qui pourchassait alors les aéro-clubs pour leur activité "baptêmes de l'Air" assimilables selon lui à une activité de voyage aérien imposable. Le redressement que nous avons eu à subir était plus facilement "digérable" en une seule entité, que, s'il était au premier abord un personnage souriant et sympathique, il ne l'était pas avec tous et gare à celui qui ne partageait pas ses opinions. Un jour, en prenant l'apéritif chez lui, alors que je m'étonnais qu'il s'emportait violemment contre l'avis d'un pourtant très bon copain à lui - bien connu dans le monde de l'édition - son épouse intervint en me disant : "Denys a toujours été comme ça, il lui faut toujours un adversaire ou un ennemi pour se révéler lui-même". Il ne lâchait rien diraient les sportifs d'aujourd'hui. Demandez aux autorités aéroportuaires de la CCI de l'époque et vous comprendrez.
François ROBINARD 
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Robinard François le mercredi 09 mars 2016 Contribution au livre ouvert de Denys Emile Louis Boudard | |