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Source : "Bir Hakim....L'Authion" " Il avait 17 ans lorsqu'il partit pour l'Angleterre, le 18 juin 1940, avec ses camarades de l'Ouest-Éclair, Alix, Berson, Lesaint, Olive, Josse et ses amis David et Bernard Lucas.
Avec eux, il avait refusé la défaite, comme on le fait à cet âge : tout net. Ils avaient quitté Rennes pour Saint-Pabu en Erquy. Pour le gamin admiratif que j'étais alors, c'étaient des « grands ». Pour ma mère qui les entourait de sa sollicitude en ces heures tragiques, ils étaient encore des enfants : « Les enfants, leur dit-elle au moment de la séparation, les enfants, la France n'a plus qu'à compter sur vous ». L'enfance s'envola sitôt la mer franchie et grands ils devinrent dans cette aventure formidable et si humble à ses débuts, celle de la France Libre.
Roger Leprince fut immatriculé le 91*"* Français Libre. Équipés à la hâte et sans encore aucune formation, ils défilèrent comme ils purent le 14 juillet dans les rues de Londres, acclamés par la foule. Après deux mois de formation à la Section de Sapeurs mineurs, en septembre 1940, c'est le départ pour Dakar puis Douala, et puis vinrent les grandes batailles, la campagne d'Érythrée et l'héroïque combat de Bir Hakeim. Roger Leprince est blessé, il est relevé par de jeunes Allemands. « On a discuté de la bataille qui venait de se terminer, dit-il, comme si nous avions été des amis, alors que, quelques heures plus tôt, on se tuait mutuellement. Quelle idiotie la guerre ».
Évacué de Bir Hakeim en Italie, sitôt guéri, il s'évade et gagne la Suisse où il est interné. Nouvelle évasion, il rejoint la 1'" DFL à Lyon et reprend le combat, fait la campagne de France et d'Alsace. Novembre 1944, une brève permission lui permet de revenir à Rennes où il retrouve ses parents. Sa maman, en le voyant si changé après quatre ans d'absence, s'évanouit, son père fond en larmes.
Le 18 juin 1945, Roger Le prince défile avec la 1'" DFL sur les Champs-Elysées. En septembre, démobilisé, il retrouve son travail au journal, à Ouest-France, dont Paul Hutin-Desgrées l'a fait actionnaire. Mais il lui faut plus d'indépendance, alors il devient dépositaire de presse.
Le 11 juin 2002, dans la cour des Invalides, des mains du Président de la République Jacques Chirac, il reçoit les insignes de la Légion d'honneur au côté de quinze anciens de Bir Hakeim.
C'est avec une profonde émotion et une grande tristesse que nous avons appris la disparition de Roger Leprince. C'est à lui, à des hommes comme lui, à leur héroïsme, que nous devons d'avoir retrouvé notre liberté, restauré notre démocratie. Ces cinq années de jeunesse données à son pays ont éclairé toute la vie de Roger Leprince, elles ont été pour nous un exemple, elles sont pour nous l'occasion d'une immense reconnaissance.
À Madame Leprince, à ses enfants Martine et Catherine, à son frère Michel, à tous les siens, Ouest-France adresse ses sincères condoléances.
François-Régis Hutin" 
Laurent Laloup le dimanche 05 août 2007 Contribution au livre ouvert de Roger Jules Pierre Marie Leprince | |