Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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"Date de naissance : 17-12-1902

Date de disparition : 12-05-1998

Son action dans la résistance :
Le récit que nous donne Max HEILBRONN, qui est aujourd'hui PDG honoraire des « Galeries Lafayette » après en avoir été le grand maître avant et après guerre, mérite à plus d’un titre une lecture attentive.

Sur le plan historique, il nous apprend au moins trois choses.

D’abord, qu'il y eut, malgré tout, quelques très grands « patrons » qui, durant l'occupation de la France, refusèrent la collaboration et furent résistants. C'est assez rare pour être souligné.

Ensuite, que Max HEILBRONN fut le véritable auteur du plan de destruction des installations ferroviaires au moment du débarquement allié en France, dont René Hardy - qui joua un rôle très trouble lors de l’arrestation de Jean MOULIN - se prétendait l'auteur en tant que chef de « Résistance fer » (l'auteur n'avait jamais entendu le nom de cette organisation avant son retour de déportation) (page 85).

Max HEILBRONN raconte comment il avait préparé cette opération dès les lendemains de la capitulation de Pétain. Bien plus tard, au camp de concentration de Nazweiller-Struthof, en Alsace, il fit la connaissance du général DELESTRAINT, chef de l’ « Armée secrète ». Il faut ici citer le passage suivant de son livre :

« Bien évidemment, à peine plus d'un mois après le débarquement en Normandie, nous avons évoqué les opérations en cours. C'est alors que le général DELESTRAINT me confia à propos du débarquement, déjà envisagé au moment de son arrestation, qu'il avait été intéressé par un plan concernant la rupture des voies ferrées qui lui avait été donné, provenant d’un nommé Hardy. A ma demande, il commença à le décrire. En réponse à l'une de mes questions, il me précisa qu'il était écrit à l'encre bleue ; l'encre dont je me sers toujours ! Hardy s'était approprié mon plan, pour se valoriser. C'est alors que j'ai commencé à émettre des hypothèses sur les circonstances de mon arrestation... » (page 114). Max HEILBRONN avait été arrêté quelques minutes après avoir rencontré Hardy. L'accusation est grave...

Il rend justice à l'activité de Marcel PAUL et du colonel MANHES à Buchenwald

Troisième élément enfin : l'auteur ne va pas connaître le sort commun de la plupart des patriotes tombés entre les mains de l'ennemi. Il vit une longue détention à Lyon d'abord, très pénible, puis à Compiègne (mais dans le camp des prisonniers de guerre et non dans celui des Résistants « ordinaires ». Avec une douzaine de patriotes, il est ensuite emmené, dans un train normal de voyageurs, vers l'Allemagne. Détenu dans un petit camp, à Neu-Bremm, à mi-distance entre Forbach et Sarrebrück - où les traitements qu'on lui inflige le conduisent aux portes de la mort -, il arrive finalement à Buchenwald (on sait ce que cela veut dire...) et constate :

« ... J'ai aussi profité de l'amitié du colonel MANHES, qui savait qui j'étais. Si MANHES et, par lui, Marcel PAUL, avaient dit « HEILBRONN est un sale capitaliste, qu'il aille dans un mauvais Kommando », je ne serais pas ici aujourd'hui » (page 112). On sait que le colonel MANHES, adjoint de Jean MOULIN pour la zone Nord, non communiste, était, avec Marcel PAUL, communiste, le dirigeant de l'organisation clandestine de Résistance dans le camp. Cette attestation, parmi d'autres, fait litière de bien des calomnies répandues après la guerre contre Marcel PAUL et MANHES.

Il découvre avec L'URSS qu'une société peut exister sur d’autres bases que le capitalisme

Max Heilbronn est ensuite transféré au Struthof, mais il le quitte pour travailler dans divers petits camps relativement - je dis bien « relativement » - « tranquilles », jusqu'à la Libération. Il écrit à cet égard :

« On pourrait extraire de mon exposé des propos susceptibles d'alimenter les thèses dites « révisionnistes ». A l'avance, je m'oppose à cette interprétation (...) Dans les Kommandos qui nous entouraient, des camarades ne cessaient de mourir sous les coups, d'épuisement et de sous-alimentation. En ce qui me concernait personnellement, je me souvenais que 14 et 13 mois auparavant, j'avais frôlé la mort à Neu-Bremm et à Buchenwald » (pages 121-122).

La situation assez exceptionnelle du détenu HEILBRONN n'est sans doute pas sans rapport avec son activité de Résistant. Il avait été incarcéré dans le cadre d'une opération décisive pour les nazis : l'arrestation du général DELESTRAINT, de Jean MOULIN, et d'autres patriotes de premier plan. Il est possible, sinon certain, que le « Tribunal du peuple » de Hitler voulait garder certains d'entre eux sous la main pour un « grand » procès. L'avance rapide des alliés ne le leur permit pas. Ils exécutèrent cependant le général DELESTRAINT, le 19 avril 1945 à Dachau, à la veille de la libération de ce camp.

Il est sans doute des mystères qui ne seront jamais totalement éclaircis...

Cela pour l'histoire. Mais il faudrait parler aussi du style de l'homme, de sa modestie, de son humour, de l'intérêt des réflexions politiques de ce grand capitaliste - qui n'oublie pas ses intérêts de classe quand il le faut -, ingénieur de formation, officier du génie, issu d'une famille juive alsacienne qui avait gagné la France après l'annexion de sa petite patrie en 1871.

Il avait fréquenté avant guerre des hommes politiques aussi importants que E. Herriot, L. Barthou, P. Reynaud, Léon Blum, J. Chiappe... Il fut en rapport dans la Résistance avec d'ESTIENNE d'ORVES, le R. P. CHAILLET, R. HARDY, FRENAY, le général GANEVAL. Son père, son frère, sa belle-soeur, son neveu sont morts en déportation et il ne l'oublie pas.

Il a une grande admiration pour les Etats-Unis, mais aussi pour l'Union soviétique : « Je n'ai pas besoin de dire, écrit-il, que je ne suis pas communiste. Néanmoins, pour moi, l'URSS a été la révélation qu'une société autre que capitaliste pouvait exister. On peut penser qu'elle doit être réformée et qu'il faut que la « perestroïka » réussisse et que la « glasnost » s'établisse. Mais, quoi qu'il en soit, c'est un Etat de 250 millions de personnes, qui fonctionne depuis plus de soixante-dix ans sur des bases sociales différentes des nôtres (...). Cette pérennité a été pour moi une leçon : à savoir qu'une société pouvait exister sur d'autres bases que les nôtres » (pages 158-159).

Max HEILBRONN a d'ailleurs appris le russe au point d'être devenu le traducteur de plusieurs livres parus en Union soviétique...


Auteur de la fiche : Pierre Durand

Commentaire de l'auteur : Article paru dans l'Humanité du 22 février 1990"

www.memoresist.org 

Laurent Laloup le samedi 16 mai 2009

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