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Prisonnier à Dakar Henri GAILLET
Naissance : 29 novembre 1911 à Tours
Engagement dans la France Libre : Londres juin 1940 (Matricule FAFL 30.533)
Venait de : France
Origine sociale : officier d’active
Grade atteint pendant la guerre : capitaine
Affectation principale : aviation
Henri GAILLET, engagé au titre de l’école de l’air de Versailles, est admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. En juin 1940, il est officier pilote à l’école de pilotage 101 de Saint-Cyr, repliée à Royan. Le 17 juin, trois Caudron Simoun décollent du terrain de Royan à destination de l’Angleterre avec cinq officiers, pilotes instructeurs ou pilotes élèves de l’école : Henri GAILLET, Jacques SOUFFLET, Yves EZANNO, Robert MOIZAN (+) et Albert PREZIOSI (+). Arrivés en Grande-Bretagne, dans les premiers, les cinq hommes s’engageront plus tard dans les Forces aériennes de la légion de Gaulle qui deviendront rapidement les Forces aériennes françaises libres.
La matricule FAFL, rédigée probablement début 1941, a enregistré et attribué un numéro aux FAFL engagés en Angleterre, à partir de 30.001, par séquences alphabétiques, sans tenir compte, le plus souvent, de la date d’arrivée. C’est ainsi que GAILLET reçoit le matricule 30.533, enregistré comme capitaine pilote, sans que la date de prise en compte soit précisée. Mais on peut estimer que ce fut à la date de son arrivée en Grande-Bretagne encore que ses camarades d’évasion n’eurent pas une même date d’engagement : EZANNO : 30.515 à compter du 18 juin ; MOIZAN : 30.154 et PREZIOSI 30.174 : 17 juin (ils furent les seuls à se voir engagés pour compter du jour de leur évasion) et SOUFFLET : 30.550 le 21 juin, Mystère de l’administration ! A noter qu’il semble qu’Henri GAILLET n’était que lieutenant à son arrivée. Il aurait été promu capitaine à son engagement dans les FAFL mais je n’ai, à ce jour, aucun document le confirmant.
Affecté au Groupe mixte de combat n° 1 du lieutenant-colonel Lionel de MARMIER (+) en qualité de commandant de la 4ème escadrille de Lysander, le capitaine Henri Gaillet embarque à Glasgow sur le Westerland, sur lequel se trouve de Gaulle, paquebot hollandais réquisitionné de la Holland America Line, qui lève l’ancre le 31 août 1940 à l’aube, au sein d’un convoi qui prend la direction des mers du Sud. Le 14 septembre, la force maritime franco-anglaise fait escale à Freetown, au cours de laquelle, deux Caudron Luciole sont transférés avec leur équipage sur le porte-avion HMS Ark Royal. Le 21, le convoi reprend la mer et, deux jours après, arrive en vue de Dakar, capitale de l’Afrique occidentale française et ville principale de la colonie du Sénégal. Ce matin du 23 septembre 1940, sur l’Ark-Royal, les pilotes des Lucioles font chauffer leur moteur et s’apprêtent à décoller pour Oouakam, la base aérienne de Dakar où les capitaine Henri GAILLET, Jacques SOUFFLET, l’adjudant-chef Jules JOIRE (+) et l’adjudant Adonis MOULENES vont tenter de rallier les forces aériennes composées d’un groupe de chasse et de deux groupes de bombardement, en place depuis la mi-juillet. L’adjudant-chef JOIRE, est un ancien du groupe de chasse, le I/4, avec lequel il a combattu et remporté six victoires homologuées pendant la campagne de France avant d’être sérieusement blessé au combat. Il est donc bien placé pour effectuer cette mission délicate. Les deux Lucioles décollent et mettent le cap sur la ville recouverte par un épais manteau de brume. Ils atterrissent sans encombre à Ouakam, suivis quelques minutes plus tard par un appareil britannique qui dépose trois officiers FAFL en renfort, l’officier des équipages Gabriel PECUNIA, un ingénieur mécanicien de la Royale, engagé dans les FAFL, le lieutenant Fred SCAMARONI (+) et le sous-lieutenant pilote Marcel SALLERIN. Le commandant du G.C. I/4, appelé sur le terrain par l’officier de garde, est vite neutralisé. Les sept émissaires peuvent penser un moment avoir réussi mais l’arrivée, quelques minutes plus tard, d’officiers du I/4 et de tirailleurs, armés de fusils mitrailleurs, renverse la situation et met fin à leur tentative. Ils sont faits prisonniers. Ironie du sort, JOIRE est arrêté par son ancien chef d’escadrille. (D’après « Le groupe mixte de combat n° 1 au combat - manuscrit inédit de l’auteur).
Considérés comme déserteurs et insoumis, les sept hommes sont emprisonnés dans des conditions pénibles, condamnés à mort, menacés d'exécution puis, via Alger, rapatriés en France où ils sont enfin graciés fin décembre 1940 et libérés à des dates diverses dans les jours et semaines qui suivront. Je n’ai, à ce jour, aucune autre information sur la carrière du capitaine GAILLET pendant le reste de la guerre.
Après guerre, il entre comme pilote à la compagnie Air Transport, petite compagnie aérienne privée créée en 1946, au sein de laquelle se trouvent plusieurs anciens de la France libre. Le 11 avril 1948, Henri GAILLET décolle de Gibraltar à destination de Casablanca, aux commandes du Bristol Freighter F-BENG. C’est un vol cargo, sans passager, et trois hommes d’équipage l’accompagnent, dont deux anciens de la France Libre comme lui : Henri LUINEAUD, 39 ans, radio navigant (FAFL en juillet 1941 - 35.163), Jean-Léon BONNE, 29 ans, mécanicien navigant (FAFL en octobre 1941 - 35.274) et un second radio-navigant, Michel PERRIN, 26 ans.
Pour une raison inconnue, il semblerait que l’équipage, pourtant très expérimenté, ne respecta pas la procédure après décollage et vira à gauche au lieu de virer à droite. L’avion percuta une montagne vers 2500-3000 pieds, sur le territoire de la commune de Los Barrios dans la province de Cadix. Les quatre hommes furent tués dans l’accident. Ils seront décorés quelques semaines plus tard de la médaille de l’aéronautique à titre posthume.
Henri GAILLET était, au moins, titulaire de la médaille de la Résistance française (Décret du 3 août 1946, signé Georges BIDAULT, publié au JORF du 13 ocotbre 1946, page 94 MR). Il fut décoré de la médaille de l’aéronautique à titre posthume par décret du 12 juin 1948, publié au JORF du 13 juin - page 5710)
(+) : tué pendant la guerre. Yves MORIEULT le dimanche 02 août 2009 Recherche sur cette contribution | |