|  | | | | | Traversée vers l'AngleterreQuatre jours et demi plus tard, nous étions au large de Falmouth, Cornouailles. Une aventure singulière arrivée au compas explique à la fois ce retard et notre traversée sans encombre.
Pour la comprendre, se reporter au livre de Jules Verne intitulé « Un Capitaine de quinze ans». (Ne voir ici aucune allusion irrespectueuse à l'âge du capitaine du Léopold II) Un sacripant dérègle le compas du navire confié à un mousse à l'aide d'une masse de fer, de sorte que le navire aborde au Congo au lieu de toucher l'Amérique du Sud.
Il se trouvait que le Léopold II était défendu par une mitrailleuse légère, qui avait été placée près du compas, déviant ainsi l'aiguille. Notre route vers l'Angleterre, approximativement nord, était devenue à peu près nord-ouest, sinon ouest. Contrairement au mousse qui ne savait pas faire le point, notre commandant finit par s'en apercevoir. Mais peut-être aussi ne faisait-il pas très souvent le point puisqu'il se retrouva en plein Atlantique.
Cette négligence nous évita probablement d'être coulés, la Kriegsmarine attendant nos pareils au nord, et non à l'ouest.
Les dix-sept se nourrirent pendant ces quatre jours de leurs conserves et dormirent en cale sur des monceaux de grains de maïs. Il y avait parmi eux, outre un jeune ouvrier, serrurier de Pau, un petit Strasbourgeois qui s'était offert le luxe de gagner Pau, à pied, pratiquant à l'occasion l'auto-stop sur les chars des Panzer Divisionen. Il prenait un air gourmand à conter ses petits bouts de conduite. Il y avait aussi une sorte d'échalas blond aux paupières tombantes, surnommé la Soute à cause de sa répugnance pour toute espèce d'ablutions. Il inspirait à Filtier une certaine méfiance.
Au large des côtes anglaises nous rencontrâmes des morts brûlés jusqu'à mi-corps. Il y aurait ici quelque naïveté à insister sur l'aspect normalement hideux de la guerre. Mais c'était notre première rencontre avec elle.
Nous fûmes, donc, un matin, en vue de Falmouth. |
| | J'arrête ici la recopie fidèle de ce livre.
Vous aurez probablement reconnu Daniel Cordier allias "Filtier", Jean-Joseph Laborde que l'école professionnelle avait déjà transformé en artiste du fer forgé ...
La suite des aventures de Christian Berntsen le mènera dans la colonne Leclerc avec laquelle il participera aux deux raids épiques vers le Fezzan.
Fait prisonnier en Tunisie, libéré en France après s'être fait passé pour un soldat de l'armée Giraud, il rejoignit l'Angleterre en passant par Berlin, le Danemark et la Suède ou il eu quelques difficultés à faire admettre son histoire si singulière.
Revenu dans les rangs des "Leclercs", fit alors un choix d'affectation surprenant pour moi : le 4e escadron de spahis, celui où était mon père ! |
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