|
www.conflits-actuels.com
dimanche 4 janvier 2004.
Charles Vallin, mon père. Enquête sur une certaine idée de la France. Thérèse Charles-Vallin. Anglet : Atlantica, 2003. 194 p. 20 euros.
Charles Vallin (1903-1948) est né dans une famille catholique où l’engagement, la parole donnée, le devoir et l’obéissance ne sont pas rien. C’est ainsi que militant d’Action française, il l’abandonne dès la condamnation du mouvement et de ses chefs par Rome. Passé aux côtés du colonel de La Rocque, il devient l’un des animateurs nationaux du Parti social français (P.S.F.), qu’il contribue à développer au point d’être lui-même élu député de Paris en 1938. Combattant de la Campagne de France en 1940, il pense reconnaître son devoir et un accomplisssement de ses idées dans le soutien à la Révolution nationale en votant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Comme toujours, il n’est pas question de demi-mesure, même si la fidélité aux idéaux du P.S.F. ne peut se résumer à l’idée que Vichy est un bloc. Pendant deux ans C. Vallin s’engage, s’égare (jusqu’à accepter sa nomination au Conseil de justice politique chargé de recommander au chef de l’État les peines à prononcer contre les civils et militaires responsables de la débâcle), se compromet (à la Commission de révision des naturalisations, au Comité du Rassemblement pour la Révolution national, au directoire de la Légion des combattants), tente de constituer une opposition, croit que la guerre n’est pas finie et que l’intérêt national commande de gagner du temps. Mais, peu à peu, ses yeux s’ouvrent. C. Vallin comprend cependant que Vichy est consubstantiellement une impasse, un gouvernement fantoche mené par un vieillard velléitaire auquel il écrit : « Je pense toujours que, si graves qu’ils soient, les problèmes d’ordre intérieur passent après le problème extérieur, et que la libération du territoire est plus urgente que la révolution nationale, dont elle est, sans doute, la première condition. » En juillet 1942, tout en clamant à son ancien chef sa fidélité au P.S.F., C. Vallin, avec le résistant socialiste P. Brossolette, rejoint la France Libre. Parce qu’il sait l’écho politique que son geste va avoir (le ralliement d’une fraction de Vichy à Londres), il a mûrement réfléchi avant de passer à l’action. Mais une fois encore, malgré les déchirements, ce qu’il croit être son devoir, et même si c’est au pire moment d’un point de vue militaire pour les Alliés, lui commande de partir : « Je ne vais pas « avec » les Anglais. Je vais là où sont des Français qui continuent la lutte pour la France et c’est pour elle seule que je pars. » (lettre d’adieu à De la Rocque). À Londres, bien que condamné par Vichy et déchu de sa nationalité française et bien que son ralliement marque un basculement politique décisif, Vallin demeure aux yeux de beaucoup un suspect. Aussi, une fois encore, c’est dans l’action, au front avec le 3e Zouave, qu’il pense trouver la rédemption. L’épopée militaire de la Ière Armée le conduit cette fois du débarquement de Provence au Danube, puis à Sigmaringen. Pourtant, à la Libération, à l’heure des règlements de comptes, son départ pour Londres et ses faits d’arme (cinq citations militaires) ne pèseront pas lourd au moment de sa demande de levée d’inéligibilité qui sera refusée du fait du « rôle très important qu’il a joué entre 1940 et 1942 et qui a contribué à affaiblir le moral de la Nation ». Laurent Laloup le mardi 28 octobre 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |