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" La majorité des Français est pour Pétain, mais un petit nombre depuis 1940, n'ont pas accepté la capitulation et prépare dans la clandestinité le débarquement de 1944.
Parmi ceux-ci un chef de la zone sud, Gaston Tavian et son radio Piet ont rejoint Saint Etienne. Un parachutage doit avoir lieu à Boisset-les-Montrond sur un ancien terrain de vol à voile. Avec des résistants de Saint Etienne du réseau Sol, chaque jour ils écoutent radio Londres, un message doit leur être transmis pour leur annoncer le parachutage.
Le 24 juillet la phrase tant attendue passe à la B.B.C. "Reçu bonnes nouvelles d'Emile et Camille ". Dans " L'histoire de la résistance en France par Noguère "
Gaston Tavian évoque le déroulement de ce parachutage. Voici ce récit :
Le 24 juillet, la phrase tant attendue passe à la B.B.C. et dès 23 heures, je me trouvais sur le terrain avec le radio Piet, l'un des futurs chefs du réseau Sol, Nautin et un aide(Demans), Bornier étant absent de Saint Etienne.
Vers 2 heures du matin, le bombardier fut entendu ; les signaux convenus furent échangés : un premier passage eut lieu, puis un second et un troisième, le bombardier faisait un bruit infernal ! Nous craignons qu'il voie mal nos feux, ceux-ci provenant de lampes de poche munies d'un papier rouge.
Enfin du ciel, nous vîmes descendre huit parachutes (trois hommes et cinq containers), le tout déporté par le vent.
Cinq tombèrent de l'autre côté d'un ruisseau. Dans le feu de l'action, nous ne prîmes pas le temps d'aller rejoindre un petit pont qui se trouvait à 150 mètres de là et nous nous précipitâmes dans la direction des arrivants en traversant le ruisseau.
Malheureusement, l'un des parachutistes, le radio Orabona, dit Grimaldi, était mal tombé et nous dûmes, après plusieurs tentatives pour le ranimer, le porter jusqu'à la route éloignée de 4 ou 500 mètres du lieu du parachutage. Orabona avait la poitrine enfoncée et les jambes brisées. Il hurlait de douleur.
Piet, Rouxin et un nommé Bertrand qui venaient d'être parachutés, et moi, nous nous mîmes à l'ouvrage pour rassembler les containers.
Piet alla chercher un prêtre au village voisin, le curé de Boisset-les-Montrond, pour qu'il voie Orabona. Le prêtre vint à 4 h 30. Piet lui avait dit que notre camarade était tombé de bicyclette. Lorsqu'il eut examiné le blessé, je dis au prêtre ce dont il s'agissait réellement car, après le bruit fait par l'avion, le curé ne pouvait être dupe.
Il nous répondit : " je fais mon devoir de prêtre. " Par la suite, il voulut bien ne prévenir un docteur qu'à 7 heures du matin, en raison de l'état d'Orabona, il n'était pas question de l'emporter plus loin.
Les containers ayant été vidés, les emballages noyés dans la petite rivière, les papiers d'Orabona détruits, nous nous dirigeâmes en deux groupes, l'un à pied, l'autre à bicyclette, vers la gare de Montrond-les-Bains pour y prendre le train, il était 7 heures et nous n'avions plus qu'un train pour Saint Etienne à 9 h 33, ce qui nous obligea à rester avec nos bagages à proximité de la gare.
Aidé de Piet, je réussis à déposer les cinq postes émetteurs dans un local de la gare et à les reprendre juste avant le départ du train.
En cour de route, nous avions pu voir passer le curé et le docteur, à leur passage, nous nous cachâmes derrière les haies.
Arrivés à Saint Etienne, nous nous rendîmes dans un appartement mis à notre disposition par un nommé Ferrant, ami de Bornier.
Après un repos, Piet se rendit à bicyclette chez le curé du petit village. Ayant rencontré le prêtre dans son église, celui-ci lui conseilla de repartir immédiatement, Orabona étant décédé pendant son transport vers l'hôpital de Montbrison, le parquet était sur les lieux et le curé avait subi un premier interrogatoire au cours duquel il avait donné un faux signalement des jeunes gens qu'il avait vu.
A son retour, Piet fut interpellé par la police pour varification de papiers, mais put regagner Saint Etienne.
Deux jours après, Rouxin et Bertrand partaient pour le Midi. Avec Piet, je restais un jour de plus pour régler les questions de transport du matériel, ce dernier se composant de postes, courrier et dons destinés à différents réseaux des zones Nord et Sud."
Source : perso.orange.fr/departement.loire.42.vialand/  Laurent Laloup le lundi 13 août 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |