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Sébastien Bouchereau :
Pionnier de la Résistance, dernier des Compagnons
appel du 18 juin 1940
André Salvat s'est rallié à la France libre fin juin 1940. Le Catalan est l'un des premiers soldats de De Gaulle./photo DDM et Musée de l'ordre de la Libération. C'était il y a 70 ans et le message était clair, malgré le crépitement sur les ondes de la BBC : « Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique […] à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas. » Ce 18 juin 1940 le Général lance l'épopée de la Résistance. Au début de l'aventure peu le rejoindront et pour remercier ces Français d'exception, le chef de la France libre créera l'Ordre de la Libération. Seul un millier de médailles sera distribué entre 1940 et 1946, et aujourd'hui il ne reste que 41 Compagnons vivants. Parmi eux, le Perpignanais André Salvat. Sa vie se lit comme un roman. Enfant de troupe, il a 19 ans en juin 40 ; il est à Tropli, au Liban, incorporé dans la Coloniale. « De Gaulle, on ne connaissait pas, se souvient-il. Fin juin, moi je voulais me battre. Alors avec ma compagnie nous avons rejoint les Britanniques en Palestine. C'est ensuite que nous avons entendu parler de ce général. Lui avait dit "non" à Pétain : il devenait donc notre patron. » Equipés entièrement par les Britanniques, cette petite centaine d'hommes fera partie de la 1ere Compagnie des Free French et reprendra le combat en Libye contre les Italiens en septembre 1940. « On se battait pour le drapeau, pour l'honneur de la France. Je n'ai rien fait d'autre que mon devoir. » Les états de service d'André Salvat donnent quand même le vertige : deux campagnes en Libye, le siège puis la percée de Bir-Hakeim, la défaite infligée à Rommel à El-Alamein, la campagne d'Italie, le débarquement en Provence, etc. Des premiers pas prestigieux dans la carrière militaire, qui s'achèvera en 1973 quand le colonel Salvat retournera à Perpignan. Retour à l'an 40. Le Catalan se distingue en Libye et de Gaulle cherche des héros pour sa France libre, des exemples à suivre. Le sergent Salvat se verra donc remettre l'une des premières Croix de la Libération. La cérémonie se déroule à Qastina le 26 mai 1941 ; dans le sable du Levant, en short et casque colonial, ils sont une dizaine à être épinglés du ruban vert par de Gaulle. « Pourquoi moi ?, s'amuse-t-il. Eh bien parce que je ne savais jamais dire "non"… Je ne comprenais pas tout à fait la symbolique. Nous étions alignés face au grand bonhomme et je me disais : enfin, il est là, je le vois. Et puis nous avons ensuite repris le combat, en Syrie contre mon ancien régiment, aux ordres des vichystes. C'est après la guerre, puis avec le temps, que cette médaille a pris toute sa valeur. » Vendredi, André Salvat se rendra au Mont-Valérien, comme chaque année depuis 1946. Dans la crypte du Mémorial de la France combattante, le caveau n°9 reste vide : il attend le dernier des Compagnons. André Salvat n'y pense pas. Mais - fidèle au devoir - si l'Histoire vient le chercher, il lui obéira.
« En 1940 j'allais avoir 20 ans. Je n'avais qu'une idée en tête : rejoindre les Anglais pour reprendre le combat »
André Salvat, colonel à la retraite (à Perpignan), Compagnon de la Libération 
Laurent le mardi 15 juin 2010 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |