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Pouvez- vous vous présenter ?
Je suis né le 8 novembre 1924 dans les Ardennes et professionnellement j’ai exercé le métier de commercial dans l’automobile.
Dans quelles circonstances avez-vous connu Gouesnou ?
Cela s’est produit dans des circonstances étonnantes. A la fin de la guerre, il fallait éviter que les Allemands aillent en Normandie. Aussi, j’ai été parachuté dans la nuit du 4 août au 5 août à Ploudaniel avec une cinquantaine de camarades ; J’appartenais à une brigade spéciale des troupes aéroportées britanniques. Je me suis retrouvé dans un « stick » (groupe de 6 parachutistes) qui avait pour mission d’aller sur Gouesnou. Nous avons dû passer à travers les lignes allemandes. Un guide nous accompagnait. Nous étions habillés comme des Allemands et nous « tapions des pieds » pour ne pas être remarqués...
Comment aviez-vous rejoint « l’armée du Général De Gaulle » ?
Mon père était fonctionnaire des douanes à Alger, ville où j’étais étudiant. Avec environ deux cents personnes venant d’Algérie, de Tunisie, j’ai rejoint la Tripolitaine où j’ai été pris en charge. C’est en Egypte, au Caire, en 1943, que j’ai embarqué direction Liverpool via le canal de Suez. Je n’avais alors que 18 ans et j’ai intégré une école de parachutisme en Ecosse, près de Manchester. Après avoir sauté 8 fois et avoir subi des épreuves prouvant que j’étais apte au combat, j’ai obtenu mon brevet de parachutiste.
Donc, vous arrivez sur Gouesnou, que se passe-t-il ?
Ce fut assez bizarre. J’ai su par la suite que « l’officier » de notre groupe avait eu connaissance, par un membre de la résistance, de l’arrivée des Américains. Il était préférable que ce soit des Français qui libèrent Gouesnou. Nous nous sommes dirigés vers l’église, mais les Allemands avaient pris position dans le clocher et ils nous voyaient en bas ! Nous avons essayé de monter mais ils nous ont jeté des grenades. Je me suis disputé avec mon officier sur la tactique à employer. Les Allemands avaient un téléphone et des renforts sont arrivés. Cette mission était impossible !
Nous nous sommes retrouvés encerclés. Les Allemands étaient rue de la Gare et possédaient une mitrailleuse. Nous étions en bas de l’église, il fallait traverser la rue, passer dans des potagers. Le curé nous a aidés en nous faisant signe de passer. Hélas deux d’entre nous ont été tués près du presbytère (le foyer Jean Monnet actuel) à l’endroit où se trouve la stèle commémorative.
Je voudrais dire quelque chose que j’ai sur le coeur : Les Américains, informés de notre situation, ont été contactés à plusieurs reprises. Ils ne sont pas venus, ce jour là. Ils sont restés sur Plabennec ! Plus tard, les Américains ont voulu nous envoyer sur Brest mais notre état-major anglais nous a demandé de rejoindre Quimper, puis Lorient avant de rejoindre un autre régiment à Vannes, puis nous sommes repartis dans notre brigade à Avranches, Saint-Lô avant d’embarquer à Arromanches.
Vous venez régulièrement à la cérémonie commémorant le massacre de Penguérec du 7 août 1944. Quand avez-vous eu connaissance de cette tragédie ?
Je ne l’ai appris que quelques années après la démobilisation. ! J’ai été « soufflé » d’apprendre ces évènements. Par la suite, dans un café à Arles sur Tech (ma commune de résidence), j’ai eu connaissance, tout à fait par hasard, de la cérémonie qui avait lieu tous les ans, le 7 août. J’ai décidé de faire déposer une gerbe à mon nom puis de me rendre à cette cérémonie chaque année.
Comment s’est passée la fin de la guerre pour vous ?
J’ai de nouveau été parachuté en Franche-Comté, puis en Hollande sur la demande de Montgomery ; j’ai été blessé le 8 avril 1945 et manqué d’être fusillé. J’ai finalement été opéré par un chirurgien allemand dans un hôpital de campagne ; au moment de la débâcle, ce chirurgien m’a dit que je n’étais pas transportable et qu’il ne savait pas ce que la section SS qui se trouvait en face allait faire. Finalement, l’armée canadienne est arrivée et j’ai été transporté à Nimègue (en Hollande) avant d’être envoyé, en avion, dans un hôpital à Manchester, suite à un début de gangrène. J’ai été soigné « magnifiquement » avant d’être récupéré par le service santé de l’armée française...
Je vous remercie, monsieur Pauli, pour votre témoignage sur cette période troublée que beaucoup d’entre nous n’ont pas connue, aussi ai-je essayé de retranscrire vos souvenirs le plus précisément possible.
Monique GUIAVARC’H 
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Laurent le mardi 11 mai 2010 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |