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Henri Muller - son Livre ouvert ! Quand ronchonnait le tambour de guerre , de Jean Faivet " Le Garigliano franchi, je cheminais sur une piste à la pente raide, ployant sous le faix de mon fusil-mitrailleur, de ses chargeurs et des cartouches supplémentaires dont j'avais tenu à me munir. Un pas derrière moi : je m'arrêtai ; c'était le lieutenant Henri Muller. De quelque vingt ans mon aîné peut-être, il était originaire de Vézelois - donc, un franc compatriote - et, comme moi, évadé de France par l'Espagne. Nous poursuivîmes notre route de concert jusqu'à une croisée de chemins et là, aucune signalisation n'ayant été posée ou laissée, il me dit : «où tirons-nous, à droite ou à gauche ?» «A gauche» lui dis-je, et lui d'ajouter : «c'est peut-être la dernière fois que nous nous voyons ; tu veux un coup de vin ou un coup de schnaps ?» «Un coup de schnaps» lui répondis-je. Il y avait une gourde de l'un et l'autre pendue à sa ceinture. Et c'est ainsi que nous nous séparâmes - pour l'éternité - puisque, blessé quelques jours plus tard, je ne devais plus revoir celui qui avait été pour moi un camarade.." Laurent Laloup le lundi 22 décembre 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |