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Journal de Menginou Albert né à Ossun Mort en héros le 7 août 1944,
DARVEL LE 19.05.1944 ;
Avant de quitter ce pays pour atterrir quelque part en France, je veux vous raconter ma vie que j'ai vécue depuis que je vous ai quitté, le 1er mai 1942.
J'ai bien l'espoir de vous raconter tout cela de vive voix ; mais dans le cas contraire, vous aurez ce livre devant vos yeux. Ce livre dont vous n'aurez pas à rougir en lisant les quelques pages que j'ai écrites. Avant je vous demanderai mille fois pardon pour le chagrin que j'ai pu Je ne doute pas un seul instant que mon départ fût critiqué pour cette disparition qui vous était inconnue. Si je suis venu jusqu'ici, c'était pour un seul but : - (FAIRE MON DEVOIR.)
C'est le 1er mai 1942, veille de mon départ.
Comment pourrais-je oublier ce jour que je m'étais fixé pour mes préparatifs du dimanche matin, jour de mon départ. Comment aussi aurais-je pu vous dire le but de mon voyage alors que moi-même je n'étais pas sûr de réussir mon projet ?
Frontière espagnole surveillée etc
Aussi, j'aurais pu, deux jours après, être de retour si l'impossibilité s'était présentée comme obstacle.
Aussi, devais-je inventer un mensonge.
Mais je pensais, malgré tout, pouvoir quelques jours plus tard vous dire où j'étais.
Cette soirée, avant mon départ fut, si je me souviens, la plus dramatique de ma vie. Je me sentais déja éloigné, errant seul dans un monde nouveau.
Si je me souviens, le petit Marcel allais se coucher, je l'embrassais,
J'aurais bien voulu vous communiquer ce même baiser d'adieu car je savais que le lendemain tout le monde vous dormiriez.
Te souviens-tu, tante, les préparatifs que tu me fis pour mes deux jours de voyage ?
Aurais-tu pensé à ce moment que tu me donnais peut-être mes derniers repas ?
Dans le panier auquel tu tenais tant je mis mes repas et toutes les affaires qui me semblaient les plus nécessaires.
Il est 6h du matin, vous dormez ! Adieu papa tante Edouard et Marie-Therese vous dit ma voix muette
Il est vraiment dur de partir dans de telles conditions.
Il est 6h du matin je quitte la gare d'Ossun à destination de Toulouse avec l'intention de gagner Andorre, traverser l'Espagne, et arriver au Portugal à Lisbonne où j'aurai la facilité d'embarquer sur un bateau anglais à destination de
l'Angleterre.
Quatre mille francs comme fortune pour réaliser mon projet.
Dans la matinée du 2 mai, j'arrive en gare de Toulouse. Ici, je déjeune quelque peu afin de me maintenir en forme physique. Comme je ne prenais le train qu'à 5h deTaprès-midi, j'allais voir jouer un film. (L'Artésienne)
Je prenais ma correspondance à destination de.. ? J'arrivais il faisait déjà nuit ; je dormis à l'hôtel de Bordeaux.
Le 3 mai, vers 1h je reprenais le train qui m'amena au Pourtalet qui est le village frontière d'Andorre. Là, je descendais au premier restaurant à coté de la gare pour déjeuner, et en même temps prendre des renseignements pour arriver en Andorre car à ce moment-là l'entrée en Andorre était interdite au point de vue touristique.
Mon premier contact fut avec la police à qui je demandais la faveur de me laisser visiter l'Andorre. Ils me répondirent que seuls ceux qui avaient de la famille pouvaient obtenir un laissez-passer.
Un moment après, ceux-ci se dirigèrent vers la gare ; je profitais de cet instant pour prendre le petit chemin frontière où passait, sur la droite, un petit ruisseau. J'avais fait 300m, je rencontre un pêcheur. J'interpelle celui-ci pour demander encore une fois si c'était la bonne route et si je ne rencontrerai pas de douanier en chemin. Je me confiais à lui, celui-ci me tranquillisa, - Tu n'as rien à craindre, me dit-il, si tu rencontre les douaniers, dît simplement que tu es avec moi (le receveur des postes) et que tu as l'intention de casser la croûte en haut de ce pic, ajouta-t-il en me montrant celui-ci de son doigt. Je lui fis mes adieux et je continuais ma route.
Un quart d'heure plus tard, je devais rencontrer deux douaniers, lesquels m'interpellèrent et me demandèrent où j'allais. Je leur racontais l'histoire du receveur des postes qui réussit très bien d'ailleurs ils me saluèrent très bas et dès qu'ils furent éloignés, d'un bon pas, je continuais ma route. Peu de temps après, des Andorrans qui allaient en Andorre me rejoignirent dans la montée. Heureusement pour moi car la route était dure, difficile, inconnue pour moi.
La nuit d'avant il avait gelé, malgré tout, mes pieds s'enfonçaient à chacun de mes pas. Ainsi nous devions parcourir une quinzaine de kilomètres. J'avais toujours mon panier avec moi lequel contenait quelque nourriture pour une journée de voyage, environ, et une quantité suffisante de vêtements et de chaussures.
Vers midi, environ, nous nous arrêtâmes sur une hauteur pour notre déjeuner, afin de reprendre quelques forces pour continuer notre voyage. Mes compagnons de route étaient ni plus ni moins des contrebandiers faisant la navette France, Andorre, Espagne peut-être. Ceux-ci étaient aimables ; ils me donnèrent à boire et à manger et nous bavardâmes un long moment.
Vers 1h de l'après midi, nous partîmes suivant de loin la gauche de la route que l'on pouvait imaginer par la rangée des poteaux qui surplombaient celle-ci couverte de neige.
Vers 5h de l'après midi nous arrivons enfin au refuge situé non loin des villages andorrans. Nous faisons un bon repas et nous buvons chacun deux bons Pernod-Fils, pour nous remettre d'aplomb. Quelques instant plus tard mes camarades reprirent la route à pied. Tandis que moi, déjà fatigué, je sollicitais une place dans une voiture qui descendait au premier village andorran.
La voiture s'arrêtait dans un petit village andorran tandis que moi je continuais à pieds pour une distance de 2 km pour arriver à Andorre îa vielle à la tombée de la nuit Je trouvais refuge à l'hôtel des Pyrénées où je prenais le repas du soir.
Le soir même je demandais des renseignements pour passer la frontière. On me répondit que c'était impossible et qu'il valait mieux que je retourne.
Jusqu'ici je n'avais guère reçu d'encouragements sur ma route. Je passais la nuit dans cet hôtel.
Le 4 mai au matin je me levais avec la résolution de continuer ma route par n'importe quel moyen.
N'ayant pu trouver, dans la journée, aucun moyen de passer clandestinement la frontière, j'échangeais 2000frs en pesetas et je vendais une grande partie de mon linge neuf ainsi qu'une paire de souliers afin de récupérer un petit peu d'argent nécessaire pour atteindre mon but convoité.
Dans la soirée, donc le 4 mai, je partis pour St Julian, village frontière. Je fis encore 7 km pour atteindre celui-ci et j'arrivais dans une petite auberge où je mangeais et buvais à satisfaire mon appétit.
Dès mon arrivée dans cette auberge, je me renseignais par quel moyen il m'était possible de traverser la frontière.
Evidemment, je leur racontais ma situation dans laquelle je me trouvais et le but de mon voyage. Je trouvais ici, pour la première fois un encouragement.
L'aubergiste me dit « ce soir arrivera un monsieur que je connais et qui pourra, je crois, vous faire passer la frontière. »
Le carnet n'est repris que sur les deux dernières pages comme si Albert pensait pouvoir continuer plus tard son récit.
6 juin 1944,
Je ne sais pas si un jour je pourrai continuer ce cahier.
Ce matin le débarquement a commencé à 6 h du matin.
Le 10 mai, j'étais à Madrid.
Ambassade britannique.
Logé pendant 3 mois dans une maison clandestine.
Parti au mois d'août pour Lisbonne, pris à Badajoz par la police espagnole à 3km de la frontière portugaise.
Déclaré anglais.
Mis en prison un mois à Badajoz.
23 septembre : camp de concentration Mîranda de Elro.
25 mai 1943, libération du camp comme sujet anglais sous le nom de Monin né à Londres.
Vers le mois de juin j'arrivais à Londres, une semaine après j'étais dans une compagnie de parachutistes français volontaires.
Entraînement sérieux, 4 mois après je fais mes premiers sauts près de Manchester.
Le mois d'août j'étais parachutiste.
Par la suite entraînement sérieux sur toutes les armes.
Je suis, le mois de mai 1944 parmi les plus résistants pour marcher, courir.
Ensuite, vers le 15 août je suis volontaire dans une unité de parachutistes anglais. (SAS)
Nous sommes spécialement entraînés pour le sabotage, je vais sûrement partir d'un moment à l'autre.
Je serais avec 5 anglais balancé quelque part en France pour faire du sabotage. Laurent Laloup le dimanche 29 mars 2009 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |