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De l'effet de l' "appel" du 17 juin plus que celui du 18 "« Je suis un très mauvais ancien combattant », avoue Claude Lepeu. La famille Lepeu n’a guère la fibre militaire. Bourgeoise, catholique pratiquante, de droite par habitude autant que par conviction, épargnée par la Première Guerre mondiale, elle se préoccupe plus de sa florissante entreprise de quincaillerie et de sa chasse en Sologne que de politique. Claude, le septième des huit enfants, dilettante des idées, bon vivant, plutôt insouciant et enthousiaste, ne pense pas autrement. Le 3 juin 1940, Paris est bombardé ; le 10, le gouvernement quitte Paris pour Tours ; le 12, Paris est déclarée ville ouverte. Lepeu rejoint sa famille à Orléans. Les Allemands avancent ; les Lepeu partent à Aubusson. Là, Claude Lepeu entend le maréchal Pétain annoncer l’armistice. « Je ne peux pas rester les bras croisés, se dit-il. Je pars. » Il a 19 ans. Admirateur de l’empire colonial, certain que le conflit durera, que les Anglais résisteront et que les Américains les aideront, il gagne Saint-Jean-de-Luz pour dénicher un bateau pour l’Espagne afin de rallier l’Afrique du Nord.
Il y trouve un camarade parisien, Roger Touny, animé des mêmes sentiments. Des soldats polonais traînent dans les bars ; ils attendent d’être embarqués sur le Sobieski. Les garçons leur achètent des capotes, se glissent au milieu d’eux, grimpent à bord. Lorsque le bateau appareille, le 21 juin, ils découvrent qu’il se dirige vers la Grande-Bretagne et que s’y trouvent 110 Français, des militaires de toutes les armes et des jeunes gens, étudiants pour la plupart. Parmi eux, 19 (dont Roger Touny) deviendront compagnons de la Libération ! Sur le Sobieski, Lepeu apprend l’existence de l’appel du 18 Juin. Débarqués à Plymouth, interrogés longuement par les Anglais, ils sont rassemblés à Londres, à l’Olympia Hall, le centre d’accueil et de recrutement des Français libres. De Gaulle se présente. Un discours glacial. Mais pour Lepeu, une espérance : la formation d’une armée française sur le sol anglais. Aussi, avec la petite bande du Sobieski, il décide de rester. Et, le 29 juin 1940, il s’engage dans les Forces françaises libres." Jacques Ghémard le mardi 12 juillet 2016 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |