|
Le Souvenir français redonne vie aux morts " Le fait du jour. Le président Auguste Hunault veille sur les 250 tombes de soldats tarbais tombés lors des différentes guerres. Le 1er novembre leur est dédié.
é. N. | 02 Novembre 2004 | 08h19
À y faire bien attention, de nombreuses tombes du cimetière de la Sède portent l'écusson du Souvenir français. Un simple macaron mais qui démontre l'ampleur de la tache. Depuis plus de quinze ans, Auguste Hunault veille sur ces tombes qui abritent les corps des soldats morts pour la France. « Le Souvenir français a été créé après la guerre de 1870 », explique-t-il. Depuis, la liste des conflits s'est tristement allongée : Première et Seconde Guerre mondiale, Indochine, Algérie…
Le 1er novembre marque de longue date la journée qui leur rend hommage. Une journée chère au cœur du président du comité tarbais. « Ces morts font partie de l'histoire de France », affirme-t-il. Auguste Hunault y a lui-même contribué. Aujourd'hui âgé de 85 ans, il avait 22 ans lorsqu'il décide de s'échapper d'Espagne, après six mois de prison, pour rejoindre les troupes du général De Gaulle. « Il était plus facile d'obéir à la collaboration de Pétain que de résister, souffle Jean Dubos, un compagnon lui aussi engagé sur le front d'Afrique du Nord. Mais nous étions dans le bon camp. »
Auguste Hunault, malgré ses états de service (il vient notamment de recevoir la Médaille de la ville de Paris, pour avoir participé à sa libération), refuse de tirer la couverture à lui. Ce qui les préoccupe aujourd'hui, c'est de perpétuer le souvenir. « J'aime venir me promener ici, dit-il en désignant l'alignement du carré militaire. J'y viens le plus souvent possible. » Son rêve serait que les 250 tombes dont il a la charge soient organisées comme « un cimetière militaire américain, avec de la pelouse tout autour. » En attendant que ce rêve, coûteux, se réalise peut-être, il veille à ce que tout soit bien net. Il y a deux ans, il a obtenu que les tombes soient repeintes, les croix nettoyées, les rosiers coupés et les haies bien taillées. « Heureusement que l'armée et la mairie s'en préoccupent encore car je m'inquiète pour la suite, soupire Auguste Hunault. J'ai demandé l'appui de l'inspection d'académie pour que des jeunes m'aident. Je n'ai pas obtenu de réponse. Et les écoles ne participent pas à la journée du Souvenir car elle tombe pendant les vacances de la Toussaint… Mais après moi ? »
Toutes les bonnes volontés sont donc mises à contribution : pour la quête au cimetière ou pour l'entretien lui-même des tombes. « Tout ça coûte de l'argent », sourit Auguste Hunault.
D'autant que le Souvenir français surveille également des tombes individuelles : des corps réclamés par les familles, mais dont plus personne ne s'occupe aujourd'hui. Celle de Bernard Marcassus, par exemple, mort en service commandé à Colomb-Bechar à 31 ans, en 1951, et qu'Auguste connaissait personnellement. Celle de René Carrère, au cimetière Saint-Jean, le plus jeune Tarbais tombé lors du débarquement en Provence. Une surveillance de tous les instants, pour que leur engagement ne tombe pas dans l'oubli.
Hommage à 74 soldats allemands tombés en Bigorre
« Ils étaient avant tout des hommes, peut-être aussi des pères de famille. » Pour la première fois, hier, un dépôt de gerbe a été réalisé sur les 74 tombes de soldats allemands tombés en Bigorre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Cette initiative, soutenue par la mairie de Tarbes, a fait l'unanimité. « Nous sommes frères maintenant », sourit Auguste Hunault, président du Souvenir français. L'hommage s'est inscrit dans le cadre de la journée du Souvenir et des cérémonies du 1er novembre.
Des gerbes de fleurs ont également été déposées au monument des Indochinois, au monument du Souvenir français, au monument de l'Association nationale des Français d'Afrique du Nord, d'outre-mer et leurs amis ; au monument de Giat Industries ; à l'ossuaire et au carré militaire. Ces cérémonies se sont déroulées en présence des instances civiles et militaires. Notamment Hervé Tonnaire, pour la préfecture ; le colonel Nabias (délégué militaire départemental), des adjoints à la mairie de Tarbes et du chef du protocole, les associations des anciens combattants, des représentants de harkis… Les Musiciens du soir ont entonné l'hymne national ainsi que la « Marche des soldats de Bruce »."
www.ladepeche.fr  Laurent Laloup le lundi 04 août 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |
