|
Courte biographie d'Henry Christian FRIZZA Christian Frizza est né le 14 Juillet 1916 4 Chatelaillon (Charente Maritime).
Élève au prytanée militaire de La Flèche de 1929 à 1934, il s’engage dans l’infanterie coloniale en 1935, et est dirigé sur Brazzaville.
En 1939, ayant l’intention de préparer Saint Maixent il est sur le point de rentrer en métropole ; suite à la proclamation de la mobilisation générale, il est refoulé sur Yaoundé où il est affecté comme instructeur des forces de police.
En juin 1940, il a connaissance de l’appel lancé le 18 juin par le Général de Gaulle. Avec quelques camarades, il parvient à passer au Cameroun britannique où il rencontre le capitaine Philippe de Hautecloque, futur Général « Leclerc », qui leur expose leur mission : prendre le contrôle du Cameroun et le rallier à la France Libre.
Dans la nuit du 26 au 27 Août 1940, Leclerc et une vingtaine de ses compagnons s’embarquent dans trois pirogues. Ils se glissent à travers le delta du Wouri et, après neuf heures d’une navigation pénible et dangereuse, ils débarquent à trois heures du matin dans le port de Douala. Avec le concours de sympathisants, et notamment le capitaine Dio et sa compagnie, ils occupent tous les points stratégiques de la ville. Le rôle de Frizza, avec un de ses camarades, est d’occuper la poste et de neutraliser le central téléphonique. Au matin, Leclerc a la situation bien en main. Au cours de la journée, des contacts sont pris pour tenter de rallier les autorités. Le gouverneur Brunot se rallie volontiers, et l’ensemble du Cameroun est gagné à la cause de la France libre.
Leclerc tente ensuite d’obtenir le ralliement du Gabon, mais le gouverneur de ce territoire y est opposé. Frizza, alors sergent, fait partie d’une petite colonne sous le commandement du capitaine Dio. La colonne progresse à travers la forêt équatoriale en direction de Lambaréné et de Libreville. Les rencontres avec des troupes aux ordres du gouvernement de Vichy se traduisent soit par des combats fratricides, soit par des « arrangements » pacifiques entre camarades. Finalement, les gaullistes parviennent à prendre le contrôle du Gabon.
Entre temps, le Tchad s’est rallié à la France libre, suivi de l’Oubangui-Chari, de sorte que l’ensemble de l’Afrique équatoriale française est sous contrôle gaulliste. Par contre, l’Afrique du nord, l’A.O.F., Madagascar et l’Indochine sont restés « fidèles » au gouvernement de Vichy.
En 1941, Frizza est en Syrie, or les forces françaises libres et britanniques combattent les troupes vichystes du général Dentz, combats qui prennent fin rapidement au bénéfice des alliés.
L’unité de Frizza, le bataillon de marche n° 11 (BM 11) est ensuite engagé en Égypte dans la 8ème armée britannique. En juin 1942, celle-ci est en fâcheuse posture. L’Afrikakorps du général allemand Rommel a pris Tobrouk et Marsa Matrouh, et avance vers Al Alamein, dernière position fortifiée avant Alexandrie, le Nil et le Canal de Suez. Le BM 11 a été placé au sud du front, afin d’empêcher les Allemands et les Italiens de contourner les lignes alliées. Chargé d’effectuer un raid de diversion sur l’oasis libyenne de Djalo, 300 km à l’ouest de Djaraboub, le BM 11 reçoit l’ordre de se replier vers l’Égypte car la position de Bir Hakeim est tombée et Rommel est arrivé devant El Alamein. Mais l’Égypte est à près de 1.000 km à l'est. La route côtière est occupée par l’ennemi, de sorte que la seule voie de repli possible est la dépression de Kattara, réputée infranchissable. Les Français parviennent pourtant à la traverser, et arrivent au Caire, à la grande surprise de l’État-major britannique.
En octobre 1942, les forces alliées sous le commandement du général Montgomery remportent la victoire d’El Alamein à laquelle participent les Français libres, et poursuivent les Allemands et les Italiens à travers la Cyrénaïque et la Tripolitaine jusqu’en Tunisie. Le BM 11 prend part à cette poursuite, puis à la libération de la Tunisie.
En juillet 1943, après les débarquements anglo-américains en Sicile, puis dans le sud de la péninsule italienne, l’avance des alliés vers le centre de l’Italie rencontre des difficultés. Le front se stabilise jusqu’en mai 1944 sur une ligne Gaète-Cassino-Ortona. L’unité de Frizza prend part à la bataille du Garigliano, puis à l’offensive qui aboutit à la libération de Rome le 6 Juin 1944, le jour même où eut lieu le débarquement allié en Normandie.
Le 16 août 1944, plusieurs divisions américaines et la 1ère armée française débarquent sur les côtes de Provence. Les troupes de la 1ère DFL, dont le BM 11, débarquent dans le golfe de Saint Tropez et la baie de Cavalaire. Très rapidement les forces françaises libèrent Toulon et Marseille et poursuivent les Allemands qui se replient vers le nord par la vallée du Rhône et la route Napoléon, en direction de Lyon et de Grenoble. Le 12 Septembre a lieu la jonction entre des éléments de la 1ère DFL et la 2ème DB de Leclerc, venue de Normandie.
En septembre 1944, les Allemands parviennent à établir une ligne de résistance le long de la Moselle et dans les Vosges. Le BM 11 combat dans les Vosges et en Alsace, et libère — entre autres — le village alsacien de Dolleren.
Le front se stabilise. L’hiver arrive. II fait très froid et les soldats en souffrent. Le 20 Janvier 1945, la 1ère DFL se lance à l’assaut de la poche de Colmar. La ville est libérée le 2 février, au prix de lourdes pertes. Les Allemands sont repoussés au-delà du Rhin. Le territoire français est entièrement libéré, à l’exception des poches de résistance allemandes de Lorient et de Royan.
Le BM 11 est envoyé sur le front de Royan, qui sera libéré en avril.
Entre temps, Christian Frizza s’est marié à Paris, avec Jeannine Vignes.
Mais la guerre n’est pas terminée, et le BM 11 est envoyé dans les Alpes, à la frontière italienne. En effet, les troupes allemandes qui occupent encore le nord de l’Italie constituent une menace sur le sud-est de la France. Frizza participe à la bataille du massif de l’Authion qui élimine cette menace, au prix de lourdes pertes au regard des effectifs engagés.
La guerre en Europe prend fin le 8 mai 1945, Frizza sort indemne de près de 5 ans de combat. Il connait alors quelques mois de paix.
En mai 1946, il part à Madagascar, accompagné de son épouse. IIs séjournent d’abord à Tananarive (Antananarivo) puis à Majunga. Une révolte éclate en 1947. Les rebelles pillent et tuent des Français dans des conditions épouvantables. Les Frizza échappent à la mort. Les media écriront que la répression a été impitoyable, en oubliant simplement les atrocités qui l’ont provoquée.
De retour en métropole en août 1947, s'ouvre une nouvelle période de paix jusqu’en janvier 1950 quand Frizza part pour l’Indochine. II a alors le grade de capitaine et commande le poste de Bao Trai dans la plaine des joncs. Son action lui vaut une citation à l’ordre du corps d’armée le 11 juillet 1951. Il séjourne en Indochine pendant deux ans et demi.
Après un nouveau séjour en métropole, il est affecté en Algérie, où sa femme peut cette fois le rejoindre à Miliana.
Il est ensuite affecté à Brazzaville, où il dirige l’Office des anciens combattants.
Il rentre définitivement en France en 1961, et quitte l’armée en février 1962 avec le grade de commandant. II occupe ensuite divers emplois civils, puis prend sa retraite en 1982 près de La Rochelle, où Christian consacre une partie de son temps à l’amicale des anciens du BM 11.
Christian Frizza n’a, malheureusement, pas rédigé le récit de ses campagnes, à l’exception de deux épisodes :
- L’opération Glamour, ou la brigade fantôme
- Au seuil de I’ Alsace
En avril 1995, Christian et Jeannine Frizza célébraient le cinquantième anniversaire de leur mariage, en présence de leurs enfants et petits-enfants, de nombreux membres de leur famille et amis.
En septembre 1995, Christian et Jeannine partent en voiture à Dolleren, comme chaque année, pour assister aux cérémonies commémorant la libération du village. Au retour, ils sont victimes d’un accident de la route près d’Autun. Dans la nuit du 11 au 12 septembre, Christian se lève et s'effondre subitement, terrassé par un arrêt cardiaque. Ainsi, lui qui a survécu à tant de dangers au cours de ses longues années de guerre, succombe aux suites d’un banal accident de la route.
Une plaque a été apposée sur sa maison natale à Chatelaillon, au cours d’une cérémonie à laquelle assistaient des anciens des Forces Françaises Libres et de nombreuses personnalités. Pierre ALLAIN le dimanche 09 mai 2021 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |