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Jacques Fage a son site perso : www.jacques-fage.com
"Je suis né à Paris, à la maternité des Batignoles 17ème arrondissement, le 6 août 1914, quatre jours après la mobilisation de mon père, comme sergent brancardier de l’ambulance d’un régiment d’infanterie.
Dix jours après, je partais pour le Limousin avec ma mère, où se situait la maison de mon grand père maternel.
Je ne revins à Paris qu’en 1921 ; j’habitais 296 rue Lecourbe et entrais au Lycée Michelet où chaque matin le tramway à impériale n° 89 me conduisait.
À partir de 1923 je fréquentais le Lycée Buffon, Bd Pasteur où le même tramway me transportait, mais dans l’autre sens. Avant de rentrer chez moi, le soir, je dépensais les 5 sous du billet de tram, en achetant des confiseries et je me faisais transporter tout le long de la rue Lecourbe (depuis le n° 1), par un des nombreux camions à chevaux qui y circulaient, sans que le conducteur puisse s’apercevoir que j’étais monté en marche, tant les roues cerclées de fer faisaient de bruit sur le pavé.
Entre temps j’allais tous les jeudis à l’aérodrome d’Issy-les-Moulineaux voir voler les « Caudron » et les « Farman ».
Puis de 1927 à 1932, j’étais écolier du cycle secondaire au collège de Saint Jean de Passy où je lisais bien plus de livres et revues d’aviation que de grammaire latine ou anglaise, bien que les premiers ne fussent pas au programme ! Un jour de congé, le jeudi de l’Ascension 1929 je pris mon "baptême de l’air" sur un avion Farman 190, piloté par le célèbre Marcel Lalouette.
De 1932 à 1935 je fus élève ingénieur à l’école technique d’aéronautique située 1 rue Boutebrie dans le 5ème, presque au carrefour Saint Michel-Saint Germain.
Entre temps, mes parents et moi (ayant déménagé) habitions 17 rue Pierre Nicole, près du Val de Grâce. C’est à Paris que ma mère me communiqua son goût pour la cuisine et me donna une solide éducation culinaire.
De janvier à avril 1936 je fis un stage au contrôle des fabrications des avions « Maurane-Saulnier » à Puteaux.
D’avril 1936 à avril 1938 je fis 2 ans de service militaire dans l’aérosation de l’armée de l’air, dont je terminais les six derniers mois comme sous-lieutenant observateur en ballon. Je fis donc quatre fois six mois : 1° à Metz, 2° à Toulouse, 3° à Versailles et enfin 4° à Épinal.
Pendant ce séjour à Épinal, je fréquentais l’école de pilotage civile "Est aéro service" installée sur l’aérodrome de Nancy-Essey et réussis les épreuves du brevet de pilote d’avion avant la Noël, mon brevet étant daté du 31 décembre 1937.
En 1939 je fus embauché comme ingénieur au bureau d’études de Maurane-Saulnier à Puteaux, mais fut mobilisé le 25 août de la même année pour rejoindre "ma nacelle d’osier sous mille mètres cubes d’hydrogène", dont la compagnie était en Alsace, non loin du Rhin, un peu au nord de Mulhouse.
L’invasion de mai 1940 nous transforma en fantassins sous les ordres du général d’aviation Cochet et nous fûmes surpris par l’armistice, sans avoir eu aucun contact avec l’ennemi.
Les directives du général s’étendant au-delà de la démobilisation, je fus orienté vers les services de renseignements par radios clandestines et rejoignis Paris où j’entrepris immédiatement la construction de voitures électriques que j’appelais "ÉLECTROPHAGE" ; ce qui me procura : un grand intérêt technique, une couverture officielle, de modestes moyens d’existence et un permis de circuler. De plus, un de mes clients avait une fille superbe : après la fin des guerres, je l’épouserai.
À la libération de Paris, je fus affecté à la 2ème D.B. du général Leclerc jusqu’au 8 mai 1945. Après quoi je formais une unité pour aller attaquer le Japon ; mais, en route, la bombe atomique du 6 août 1945 (le jour de mes 31 ans) mit fin à la guerre et nous poursuivîmes vers l’Indochine, pour quelques mois de présence française. Ces quelques mois étaient les premiers d’une guerre qui dure encore, mais ma participation ne fut que de quatorze mois et j’arrivais juste à temps à Paris pour l’ouverture, au Grand Palais, du Salon de l’Aviation, le vendredi 15 novembre 1946 : je m’y fis aussitôt des relations et pus acquérir mon premier avion, un « Piper-Cub » des surplus de l’armée de terre américaine : c’était le "Paradis", même s’il ne faisait que 115 Km/H. et n’avait que 3 heures d’essence !
En février 1947 j’entrais à l’« Office National des Recherches Aéronautiques » et, parallèlement à une activité scientifique en tous points digne d’éloges, je pus y observer quelques situations particulièrement "Courtelinesques".
En 1953 je passais les épreuves du brevet de pilote dit "de transport public" et quittais l’Office en mars 1956.
Je devins pilote de publicité et équipais un monoplace spécial pour pouvoir écrire dans le ciel bleu, entre 4.000 et 5.000 mètres d’altitude.
Je commençais ainsi une carrière de naviguant professionnel qui dura quinze ans. Ces écritures dans le ciel, de marques comme "VALDA", "BRANDT" ou "POSTILLON" me conduisirent au-dessus des plus grandes villes de France, d’Espagne et même de Belgique et me confrontèrent occasionnellement avec des aventures extraordinaires dont je me serais, la plupart du temps, bien passé ! Mais qui, une fois terminées sans mal, m’ont laissé d’inoubliables souvenirs.
Par la suite, je n’ai pu résister à l’envie déraisonnable d’en faire un bouquin - "J’ÉCRIS DANS LE CIEL" et me voilà bagarrant avec l’aventure de l’édition qui me semble largement aussi meurtrière que l’aventure aérienne !
Ce qui me paraît être l’énorme contradiction de toute ma carrière, c’est que je suis "tout ce que l’on veut" sauf un aventurier et que chaque fois qu’une aventure produisait ses effets, j’étais scandalisé du fait que cela pouvait arriver !
Quand j’avais dix ans, je lisais "Gaëtan Faradel, explorateur malgré lui" et je me disais que c’était de la blague, seulement pour écrire un livre ; mais, maintenant, si quelqu’un disait de moi "aventurier malgré lui", je serais bien obligé d’y croire.
Bien avant la fin de mon métier aérien, une importante exploitation agricole d’élevage me tomba en héritage et je commeçais la sélection, en "race pure", des bovins limousins, qui, à mon goût, produisent la meilleure grillade du monde ; et c’est encore une aventure, car, après avoir porté le troupeau à son volume maximum et modernisé comme il convient l’équipement correspondant, voilà que, depuis deux ou trois ans, les cours à la production s’effondrent, remettant tout en question !
Mais, les "surprises"… je commence à en avoir l’habitude, ici comme ailleurs… et j’attends de pied ferme celles auxquelles je pense le moins et qui ne manqueront pas d’arriver !
Jacques FAGE" Laloup laurent le vendredi 19 octobre 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |