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Daniel Escher - son Livre ouvert ! lebanesemedicaljournal.org
" HISTOIRE DE LA MÉDECINE/HISTORY OF MEDICINE
UNE GRANDE FIGURE DE LA DERMATOLOGIE LIBANAISE : Daniel ESCHER (1877-1958)
Roland TOMB
Daniel, Henri, Elysée Escher a vu le jour le 27 novembre 1877 à Paris. Entré à l’Ecole du Service de Santé militaire de Lyon en 1897, il obtient son doctorat en médecine de la Faculté de Lyon en 1900 et rejoint l’Ecole d’Application du Service de Santé au Val de Grâce. Il gravit peu à peu les échelons en tant que médecin militaire ; à la fin de la Première Guerre mondiale, il est nommé médecin-chef spécialiste de dermatovénéréologie de l’Armée française du Rhin. En 1923, il rejoint les Troupes françaises du Levant à Beyrouth, où il prend la tête de la Dermato-vénéréologie militaire, poste qu’il occupera jusqu’en 1936. Plus tard, il prendra des fonctions analogues au sein de la jeune armée libanaise, de 1946 à 1953.
Sa carrière académique ne commence véritablement qu’en 1926 et, comble du paradoxe, c’est d’abord à la Faculté de médecine de l’Université américaine de Beyrouth qu’Escher va officier, en tant que professeur de dermato-syphiligraphie jusqu’en 1947, ensuite en tant que professeur émérite. C’est sans doute sa qualité de protestant qui lui valut d’être coopté à l’Université américaine, comme sa qualité de Français lui vaudra, en 1936, d’être recruté dans des conditions équivalentes par la très catholique institution des Pères Jésuites, l’Université Saint-Joseph. A la Faculté française de médecine, il déploiera un autre cursus : chargé de cours et d’enseignement puis professeur suppléant, enfin titulaire de la chaire de dermato-syphiligraphie, et chef de service à l’Hôtel-Dieu de France, postes qu’il conservera jusqu’en 1953. Cette double appartenance, sans doute unique dans les annales universitaires libanaises, sera vécue par lui avec beaucoup de bonheur. Lors de l’oraison funèbre, prononcée le 8 janvier 1958, le R.P. François Dupré La Tour, chancelier de la Faculté française de médecine s’adressera à lui en ces termes : « Vous étiez également professeur de dermatologie à la Faculté de médecine de l’Université américaine. On se demandait si votre appartenance à deux institutions concurrentes ne soulèverait pas de difficultés. Par votre loyauté et votre dévouement à votre tâche, vous avez su éviter tous les écueils ». En effet, Escher avait réalisé, dans sa propre vie, la synthèse entre ce qu’on appelait « l’école française » et « l’école américaine », ainsi que le rapprochement entre catholiques et protestants qu’il appelait de ses voeux.
Autant Daniel Esher avait, sous l’uniforme, un caractère vif et entier, autant dans la vie universitaire, il se révélait accueillant, toujours prêt à rendre service et à communiquer son savoir. Au point que le même Dupré La Tour avait dit de lui qu’il était « un enseigneur-né ». Escher devait beaucoup insister sur le danger d’un enseignement trop théorique en dermato-syphiligraphie :
« c’est dans cette branche, disait-il, que l'apprenti médecin doit surtout être un apprenti-praticien ». Ce qui n’empêchait pas cet humaniste d’affirmer : « Très peu de paroles, encore moins de politique, mais créer quelque chose de bienfaisant, semer ce qui peut produire de belles moissons. C’est en éduquant les jeunes à servir, sans esprit de lucre, leurs compatriotes, qu’on leur montrera la vraie fraternité ».
Pendant de nombreuses années, il était resté « le » spécialiste de la dermato-vénéréo1ogie à Beyrouth. Pourtant, sa vraie vocation au départ était la chirurgie, avait-il confié à ses proches. Ne se trouvant pas lui même assez adroit de ses mains, il avait spontanément renoncé à cette carrière pour devenir ce dermatologiste célèbre, à la fois praticien et chercheur, auteur de nombreux travaux, rédigés en français ou en anglais et menés en collaboration avec ses élèves de l’une ou l’autre Faculté.
Président de la Société libano-française de médecine, Escher n’a cessé, au cours de sa longue et brillante carrière, d’apporter, parallèlement à l’exercice de sa profession, une contribution éclairée et active au développement de l’hygiène et de l’assistance publique au Liban. Il s’était beaucoup préoccupé de l’organisation sociale de la lutte anti-vénérienne ; en tant que conseiller municipa1, il réussit à rallier à ses thèses la Municipalité de Beyrouth.
Croix de guerre 1914-1918, officier de la Légion d’honneur, officier de l’Ordre du Cèdre, de l’Ordre de la Santé publique, décoré du Mérite libanais (Photo), Daniel Escher s’éteint à Beyrouth le 5 janvier 1958. La levée du corps a lieu à l’Hôpital américain ; l’absoute est donnée à l’église protestante de Qoreitem. Il repose depuis au Cimetière militaire français des Pins. " laurent le vendredi 04 septembre 2009 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |