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André Casalis : " Cadets de la France Libre - Louis Le Roux 1923-1951" " Comme Jean. Il est démobilisé en novembre, regagne Lanmeur et commence immédiatement à se renseigner pour me suivre de l'autre côté de l'eau. C'est grâce à Jean Lavalou, ancien élève de papa, qu'il est mis en rapport avec une filière d'évasion.
La traversée à la voile dure trente-cinq heures sur le langoustier L'Émigrant, nom prémonitoire. Parti le 16 décembre de Camaret il arrive le lendemain en Cornouailles. Quelques jours après j'ai la surprise de voir mon frère se pointer à Rake-Manor où se trouve alors la Légion des Jeunes Volontaires Français et où il a retrouvé ma trace. Je n'ai pas besoin de te dire ma joie d'avoir des nouvelles de la famille : les premières depuis cinq mois.
Ton frère s'est engagé dans les Forces Françaises Libres, je suppose ?
Oui, mais dans des circonstances bien spéciales que je n'ai connues en détail qu'après la guerre, à mon retour de Nouméa.
Jean fait la traversée avec d'autres garçons, Daniel Lomenech et Jean Milon notamment. Ils reviennent d'une difficile mission de renseignement effectuée pour le compte de la French Section du MI 6. Ils lui parlent de leurs expériences et, tout naturellement, au lieu de passer à Patriotic School comme tous les nouveaux arrivants pour être examiné à la loupe par le contre-espionnage britannique, il se retrouve bouclé dans un hôtel qui sert de centre de regroupement à la French Section.
Interrogé, on découvre qu'il est radio. Quelle aubaine inattendue ! Un officier, le commander Dunderdale, ancien correspondant du MI 6 à Paris -où il suivait l'affaire de la machine Enigma - auprès du colonel Rivet du SR français, et directeur de la French Section, lui propose d'effectuer une mission en France pour son compte. Tu dois savoir que Dunderdale, comme beaucoup de fonctionnaires britanniques de l'époque, ne croit pas du tout en de Gaulle, et encore moins, si possible, dans les services naissants du commandant Passy.
Mon frère est alors présenté à Robert Alaterre, ancien archiviste de l'ambassade de France, évadé sur la Petite Anna : évasion dont tu as entendu parler.
A vrai dire; non. Que s'est-il passé ?
C'est une longue histoire, je t'en reparlerai... Jean commence donc son entraînement, surtout à Saint-Alban, avec le capitaine Émery, spécialiste des transmissions. Il avait posé comme condition première de pouvoir s'engager dans la France Libre. Ne voyant rien venir au bout de trois mois, il demande à plusieurs reprises où en est la question. On tente de le dissuader, arguant du manque de professionnalisme des équipes du T Bureau FFL, etc., tant et si bien qu'il finit par refuser tout net de partir la veille du jour prévu pour son embarquement.
Consternation, discussions et, pour finir, concession. Accompagné du capitaine Roy et de l'enseigne de vaisseau de Lesseps - alias de Chamfort - il est reçu par le capitaine de corvette Querville, remplaçant de Passy, absent, pour signer son engagement.
Mais, dis-moi ! Cet Alaterre n'a aucune expérience du renseignement, me semble-t-il, et on le lâche comme cela en territoire contrôlé par les Allemands !
Il n'en a pas plus que Rémy ou Passy ! Jean m'a expliqué plus tard que son chef s'était rallié de manière spectaculaire. Prisonnier évadé et se dirigeant vers la Bretagne, il avait rencontré de jeunes militaires qui voulaient comme lui, rejoindre de Gaulle. Guy et Jean Vourc'h, le frère de Paul qui viendra plus tard aux Cadets. Je l'ai bien connu à Malvern. Un garçon sympathique que tout le monde aimait beaucoup. Robert Alaterre et cinq autres évadés étaient donc partis de Douarnenez en octobre 1940 sur la Petite Anna. Reçu par le Général, Alaterre se met d'accord avec Estienne d'Orves, patron temporaire du 2e Bureau d'alors, pour préparer une mission sous la houlette de Dunderdale." Laurent le dimanche 05 juillet 2009 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |