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Extrait de "Souvenirs de la France libre" de Pierre Denis " J'eus la chance, dès que je me plongeai dans mon travail aussitôt après mon arrivée à Brazzaville, de trouver l'aide de Digo, auquel je serais bien ingrat de ne pas faire ici la place qu'il mérite. Digo était lui-même un nouveau venu en A. E. F. Directeur adjoint des Finances de l'Indochine, mis en jugement pour avoir donné des gages à la résistance et acquitté par miracle, il avait cependant, sur l'ordre de Vichy, été renvoyé en France. Par bonheur pour lui, le convoi qui le ramenait avec sa femme et ses enfants, avait été arrêté par une croisière anglaise, à la hauteur de Madagascar. Il avait été débarqué en Afrique du Sud, d'où il avait rejoint Brazzaville. Affecté à l'état-major de Sicé, on lui avait confié la critique du budget d'Éboué. Quand j'allais chez lui, le spectacle de sa famille au complet, parfaitement unie, épargnée jusque-là par la guerre, me donnait un peu de jalousie, et me ramenait l'esprit à ma propre solitude.
Digo et sa femme ont, depuis, lourdement payé leur tribut au destin et perdu leurs deux aînés, l'un mort en Angleterre en s'exerçant à la grenade, l'autre tombé sur le front d'Alsace, alors que j'ai moi-même retrouvé tous les miens.
Sa collaboration avec moi me permit vite de reconnaître sa valeur et sa droiture. Elle le sauva du risque qu'il courait d'être pris, sans utilité pour personne, dans le remous du conflit Êboué-Sicé. Je le laissai à mon départ représentant de la Caisse Centrale en Afrique française Libre, d'où Cournarie l'emmena à Dakar en 1943." Laurent Laloup le mercredi 05 mars 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |