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" ... Des membres des groupes Jaro et Delaval lui fournissent des articles, mais Nelly Devienne en rédige elle-même une grande partie à partir des informations entendues à la B.B.C., recopiant les dessins illustrant les tracts gaullistes diffusés par avion. Rondeau et Deltête fournissent du papier. Deltête contribue financièrement à La Voix de la Nation, tout comme Jean Lavaud et différents lecteurs. Ces dons étaient en particulier recueillis par Albert Henneuse.
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À l’automne 1941, Robert Delaval, mécanicien à Roubaix, prend l’initiative de créer un groupe de résistance avec ses commensaux du café Barré à Roubaix, Marcel Delcroix, Albert Henneuse, Achille Varrasse de Tourcoing et Raoul Clarisse de Leers. À la fin de l’année 1941, Pierre Dumont et Gaston Delmotte de Tourcoing, ainsi que Robert Bourel de Leers se joignent au groupe, mais aussi d’autres personnes dont le nom n’est pas précisé dans les documents que nous possédons. Au début de l’année 1942, Désiré Helinck et Marcel Guislain sont recrutés. Après discussion, le groupe choisit de refuser aussi bien le national-socialisme que le communisme; et d’apporter son soutien à la France libre et à De Gaulle. Plus tard le réseau s’ouvre sur la Belgique en contactant le groupe Watteau de Bruxelles. Delaval souhaitait publier un journal, pour lier le groupe, mais Delcroix est déjà en contact avec La Voix de la Nation. En décembre 1941 une rencontre a lieu. Le groupe procurera à Nelly Devienne du papier, de l’argent, des articles et du matériel de bureau. Il prendra également en charge la distribution de 300 exemplaires. En échange, La Voix de la Nation devra paraître tous les mois, et publier des informations émanant du groupe, nécessaires à son organisation.
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Les deux groupes participèrent à la diffusion. Paul Deltête, qui avait aidé à la naissance du journal, en aurait diffusé 350 exemplaires. Varasse, avant son arrestation, en diffusait 140 exemplaires, lui-même ou par l’intermédiaire de Dumont (50 exemplaires). Il fit également passer des livraisons de La Libre Belgique dans le réseau. Albert Henneuse dont la tâche principale était de distribuer La Voix de la Nation, en diffusa, de janvier à avril 1942, 300 exemplaires, et à partir d’avril environ 600, dont 20 était remis à Bourel, 25 à Raoul Clarisse. L’argent de la vente fut d’abord remis à Delaval, puis à Nelly Devienne. Le groupe Jaro avait une ramification à Cantin où Ernest Labre, qui avait rencontré Rondeau à l’hôpital, avait organisé deux groupes de dix hommes. La Voix de la Nation fut donc aussi distribuée dans cette ville. Alphonse Van Gutte fut arrêté le 2 mai 1942. Chez lui est trouvée l’indication d’un rendez-vous pour le 3 mai chez le Dr Guislain à Roubaix. Les Allemands dressèrent une souricière, seize résistants français et belges furent capturés. Puis ce fut le tour de Rondeau, le 16 juin 1942. Un peu plus tard, sur dénonciation, Nelly Devienne fut arrêtée par la Gestapo avec dix autres membres du réseau.
Dans les actes d’accusation trouvés dans les « papiers Guislain », les activités d’une vingtaine de résistantes et de résistants français et belges sont présentées.
La plupart ont collaboré à La Voix de la Nation. La langue de ces documents, parfois incertaine, voire incompréhensible, autorise plusieurs lectures sur des points de détail. Tout laisse à penser qu’ils ont été traduits de l’allemand par un Allemand, pour être remis aux inculpés au moment du procès.
Les inculpés sont accusés d’avoir appartenu à des groupes de résistance qui s’étaient formés à Roubaix et à Lille avec des ramifications à Bruxelles. La plupart se voient aussi reprocher des actes d’espionnage, et/ou d’avoir participé à des organisations de résistance armée, et/ou d’avoir aidé des aviateurs alliés, etc.
En conséquence, Robert Delaval, Marcel Delcroix, Achille Varasse, Albert Henneuse, Pierre Dumont, Raoul Clarisse, Gaston Delmotte, Désiré Helinck, Marcel Guislain, Jean Lavaud, Jules Haidon, Ferdinand Schauss, Estelle Vandenheede et Hermanie Loth furent « convoqués » devant la « Cour de justice du peuple » de Bochum le 29 mars 1943. Tous sont accusés « d’avoir entrepris continuamment (sic) et en commun d’aider la puissance ennemie pendant une guerre contre le Reich ou de porter un préjudice à la force de guerre du Reich ». Delaval, Delcroix, Varasse, Lavaud, Van Gutte, Schauss, Henneuse, Vandenheede, Dumont et Haidon sont également accusés d’avoir recueilli des renseignements dans la zone de guerre, «dans l’intention de les communiquer à l’ennemi ». "
panckouke.free.fr Laloup Laurent le vendredi 29 mai 2009 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |