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« ... Discrète, Évelyne s'est rarement mise en avant tout au long de sa vie. Contactée à l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle évoque du bout des lèvres son rôle de résistante pendant cette période. Les toilettes de son appartement londonien témoignent qu'elle n'est pas forcement à l'aise avec les lauriers. C'est dans cet espace que sont accrochées toutes ses récompenses et médailles de guerre, dont la croix du combattant de l'Europe. La légion d'honneur reçue le 11 mai dernier est sa toute dernière, et non pas moins glorieuse médaille, à figurer sur le mur du "petit coin…..
Lors de la Seconde Guerre mondiale, la jeune Éveline n'a que 19 ans. C'est une jeune étudiante qui vit à Toulon auprès de sa famille. Très rapidement, la jeune fille décide d'agir contre les Allemands. «J'étais patriote», explique-t-elle sans plus d'explications. Alors que ses parents la croient partie faire carrière dans la musique, elle s'engage dans un réseau de résistants sous le commandement d'un certain Maurice Cahuzac. «Ils n'ont jamais su que j'étais dans la résistance, j'étais assez discrète». Non seulement Évelyne est la seule femme du groupe, mais en plus elle se spécialise dans le codage, une fonction assez rare à l'époque.
«Je relevais les codes, les décryptais, et les transmettais à quelqu'un qui les envoyait à Londres. J'ai appris sur le tas »
Cette vie dangereuse connait son lot d'imprévus. Pour un maximum de protection, les membres du réseau changent régulièrement de lieux. «On se cachait dans des auberges minables, ou dans des palaces si Londres nous envoyait assez d'argent», s'amuse Éveline.
La résistante est aussi chargée de la transmission de messages et d'armes. Elle effectue notamment de nombreux voyages entre Limoges et Bordeaux pour transmettre "un signal", un message secret. « On vivait avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Je me souviens de ce jour où je transportais des bombes dans mon sac posé sur mon guidon. Je n'arrivais pas à avancer sur les pavés de Bordeaux, et je me répétais cette chansonnette pour tenter d'oublier ce que je transportais : "Dans le creux béant d'un grand chêne, des fourmis rouges font la chaîne" (NDLR chanson de Jean Tranchant).»
L'insouciance de la jeunesse n'empêche pas la jeune femme de craindre pour sa vie. «Il y avait des moments où j'avais peur, je regardais avec méfiance les gens qui me suivaient ».
Évelyne est une jolie fille qui fait tourner la tête des garçons, ce qui a parfois eu son utilité. « Un jour à Marseille, un officier allemand me demande si je veux voir des chars. J'ai dit que bien sûr que cela me plairait. Il m'a donc amené auprès d'eux. Les hommes ont sifflé en me voyant arrivant. Mais pour ma part, en voyant ces 22 chars d'assaut camouflés avec des branches d'Italie et prêts à partir en Italie, je me suis exclamée : "Oh que c'est beau!". J'ai tout repéré, puis j'ai prévenu le chef du centre d'antenne, qui a ensuite prévenu Londres ».….m »
Julie Philippe (Lepetitjournal.com/Londres) - vendredi 26 juin 2015 Laurent Laloup le dimanche 03 septembre 2023 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |