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Plus interressant que la bio officielle : VANITES OU LES SOUVENIRS DE GUERRE D'UN JEUNE FRANCAIS LIBRE par L. Tritschler :
"J'ai rencontré Bergamin pour la première fois chez les spahis. Il est nettement plus âgé que nous, c'est un vieux; il a, je crois, trente six ans. Son aventure est tout autre que la nôtre. Hollandais, il appartient, au moment de la déclaration de la guerre, à la compagnie hollandaise K.P.M., et son poste se trouve quelque part dans l'océan indien. Il est resté longtemps dans l'île de la Réunion, où il a épousé une Française. Ensuite, je ne sais pas exactement ce qui a pu lui arriver. Il lâche les informations le concernant par bribes, et nous sommes trop discrets pour l'interroger, qu'importé d'ailleurs que cela reste confus pour moi! Plus ou moins séparé de sa femme, toujours à la Réunion, il est à Singapour lorsque les Allemands envahissent les Pays-Bas. Après la défaite, il demande aux autorités néerlandaises des Iles de la Sonde à s'engager dans l'armée hollandaise. Cela lui est refusé, il est mobilisé sur place à son poste à la K.P.M.. Pas d'accord, il déserte et rejoint... les Forces Françaises Libres. C'est ainsi qu'il est affecté au G.R.C.A. et se retrouve en Libye dans le peloton de Courcel, lorsque nous, les jeunes, nous arrivons. Par la suite, il s'est trouvé au peloton Rouxel, le quatrième. Je n'ai pas eu l'occasion encore de vraiment le connaître. C'est un original, bon vivant et bon enfant, qui a beaucoup de coeur, mais est parfois imprévisible. Il sait raconter de façon comique des histoires, comme, par exemple, son premier contact avec le chef d'escadrons Roumiantzoff, le commandant en second du régiment C'était au début de la poursuite, le commandant était dans son A.M., il avait amené avec lui une bouteille de whisky, et, de temps en temps, il disait, en se penchant du haut de la tourelle vers Bergamin, installé à la place du radio:
"Eh! toi, comment tu t'appelles? - •
- Brigadier chef Bergamin, mon commandant.
- Passe-moi la bouteille."
Compte tenu de mon nom, il me baptise Ludwig, alors que jusqu'à présent, toujours à cause de mon nom et du fait de Biaise, certains m'appelaient parfois Hermann; mais plus souvent en raison de la différence d'âge, il m'appelle "mon fils". Notre amitié n'ira qu'en se renforçant jusqu'à la fin de la guerre. Tous les trois nous formons une bonne équipe, soudée, malgré la différence d'âge, de tempérament et de formation. A cette époque Freddy et moi sommes brigadier-chef, Yves est brigadier." Laurent Laloup le dimanche 26 octobre 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |