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extrait de : www.fondationresistance.com
On trouvera, ci-dessous, des extraits de l’allocution que M. Elie Jacques Picard, résistantdéporté, a prononcée à l’occasion de ses obsèques le 8 juin dernier en la Chapelle de l’École militaire à Paris.
« […] Tu viens de nous quitter et nous sommes réunis ici dans cette chapelle de l’École militaire dédiée aux soldats. Là tu es bien à ta place. Tu l’étais aussi dans cette Maison de la France Libre quand j’ai eu la joie de te remettre, le 20 octobre dernier, à toi, Français Libre, la rosette de la Légion d’honneur.
Dieu sait si tu la méritais, toi qui, dès le 24 juin 1940, tentais, avec un camarade (le fils de Louis Blériot), de gagner l’Angleterre, en embarquant à Bayonne dans un cargo partant pour Casablanca. Arrivés en bon port, le 3 juillet, après avoir vu le consul britannique dont vous obtenez un document officiel vous espérez partir rapidement à Londres. Malheureusement rien ne venant, vous êtes contraints de passer en Algérie. Comme tous les soldats isolés depuis la débâcle de juin, tu vas être démobilisé à Blida puis rapatrié en métropole, fin août.
Dès le 1er septembre, toujours en quête d’un moyen pour atteindre l’Angleterre, tu rencontres, à Paris, la bibliothécaire de l’Ambassade des États-Unis qui te fait connaître sa collègue du Musée de l’Homme. Présenté à Boris Vildé, qui, avec le professeur Paul Rivet et Germaine Tillion, avait créé le réseau du Musée de l’Homme, celui-ci te demande de ne pas partir à Londres, mais de rester travailler avec lui.
Chargé de faire franchir la ligne de démarcation à des prisonniers évadés et à des aviateurs britanniques abattus au-dessus de la France et récupérés par des patriotes, tu vas accomplir de nombreuses missions dans la région de Bourges que tu connais bien.
Mais pour mieux connaître le jeune homme que tu étais, il me semble bon de relater un des épisodes de ta vie dangereuse d’alors.
En décembre on te confie l’accompagnement d’un groupe d’Anglais vers l’Espagne. Tu traverses les Pyrénées, ce qui n’est pas un mince exploit, surtout en cette saison, (mais grâce à ton entraînement de scout, tu es aguerri à la marche et aux ascensions). Tu te rends auprès du consul britannique à Barcelone qui te fournit des renseignements pour organiser leur passage.
De retour à Perpignan où tu avais laissé le groupe, tu ne le retrouves plus. Ne croyant pas à ton retour, ils avaient tenté leur chance tout seuls et avaient été arrêtés.
Revenu à Paris, tu es de nouveau chargé en janvier 1941, d’une autre mission vers l’Espagne dans les mêmes terribles conditions climatiques.
Parvenu une fois de plus à Barcelone, le consul britannique que tu avais déjà sollicité en décembre accepte de t’envoyer à Londres. Tu te nommes alors Jimmy Stanhope, de nationalité anglaise.
Acheminé à Madrid en mars 1941, tu es malheureusement arrêté et transféré au camp de Miranda, de sinistre réputation, où de nombreux de nos compatriotes ont été internés. Mais tu es libéré avec un groupe d’Anglais, en août, par l’Ambassade du Royaume-Uni en Espagne et en octobre, un convoi maritime t’emmène de Gibraltar à Liverpool.
Tu avais réussi. Enfin, en Angleterre et prêt pour être engagé.
Comme tous les évadés de France tu es envoyé à Patriotic School, à Londres, où ton identité et ton parcours sont sérieusement contrôlés. Le 28 de ce même mois, tu es incorporé dans les FAFL (Forces Aériennes Françaises Libres) comme sous-lieutenant et détaché au BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action).
Tu fais plusieurs stages de préparation à des missions en France, entre autres, entraînement de parachutiste près de Manchester. Malheureusement tu vas être atteint d’une tuberculose pulmonaire bilatérale qui va t’empêcher de repartir sur le continent et te condamner à rester en service en Grande Bretagne auprès du BCRA.
[…]. »
En terminant nous tenons à rappeler l’humilité de cet homme qui n’a eut d’égal que son courage.
Ainsi, lors de son intervention du 8 décembre dernier à la Fondation de la Résistance, le souci d’Edmond Pilat a été de rendre hommage à ses camarades fusillés au Mont Valérien. Laurent laloup le mercredi 07 mars 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |