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Louis Henri Jean - son Livre ouvert ! Essai de biographie JEAN Louis, Henri, Pierre
Extrait de la matricule FAFL (série 35) :
JEAN Louis, né le 2 décembre 1920 à Bordeaux.
Immatriculé FAFL pour compter du 25 août 1941, comme sergent-chef mécanicien-avion et le numéro 35.248.
Tué le 4 août 1944.
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Louis JEAN, engagé dans l’armée de l’air comme élève mécanicien à Rochefort, en service ensuite en Syrie, rejoint la France libre après les combats du printemps 1941 et y retrouve son frère aîné, Edmond, radio-mitrailleur, futur Compagnon de la libération : - -
Fin 1941, tous deux figurent, avec le même grade de sergent-chef, sur le tableau d’effectif du groupe de bombardement n° 1 des Forces aériennes françaises libres, créé en octobre 1941 sur bimoteur Bristol Blenheim et baptisé « Lorraine », Edmond comme radio-mitrailleur et Louis comme mécanicien-avion. Ils participeront tous deux à la campagne de Libye de fin novembre 1941 à fin à la mi janvier 1942, campagne qui coûtera cinq avions au Lorraine, pour six disparus, trois tués, trois prisonniers , deux saufs et un grièvement blessé.
En fin 1942, le groupe Lorraine fait mouvement vers la Grande-Bretagne, qu’il atteint après plusieurs semaines de navigation autour de l’Afrique. En avril 1943, le groupe français est intégré dans la Royal Air Force comme 342 (French) Bomber Squadron, sur bimoteur Douglas Boston, et les deux frères JEAN y sont toujours affectés.
Bien que mécanicien au sol, Louis JEAN comme ses camarades dans le même cas, participe aussi souvent que possible à des missions en qualité de mitrailleur.
Dans la nuit du 4 au 5 août 1944, douze équipages du Lorraine, décollent individuellement, de quart d’heure en quart d’heure, pour la Normandie afin d’y harceler les troupes ennemies.
Au petit matin, du 5 août, cinq avions manquent à l’appel, c'est-à-dire vingt hommes. On apprendra dans la journée qu’un des Boston, atteint par la DCA ennemie, s’est posé avec un seul moteur sur un terrain de secours près de Bayeux et que l’équipage est sain et sauf.
Mais pour les quatre autres avions, il faudra attendre plusieurs semaines avant de connaître le sort des seize hommes qui étaient à leur bord. En définitive, le bilan humain sera de treize tués, deux blessés évadés et un prisonnier.
Le sergent-chef Louis JEAN sera parmi les tués. L’un de ses camarades, capitaine pilote au groupe, devenu général, écrira après la guerre :
« Mon ancien avion, le « U » cette nuit-là de l’équipage du sergent-chef Bonneville, a été abattu par la DCA près de Condé-sur-Noireau. C’était l’avion le plus « troué » du Groupe ; depuis plus d’un an, il semait la mort dans les rangs ennemis. Rapiécé, repeint, entretenu comme un bijou par mon mécanicien, le sergent-chef Jean, il avait fière allure, Jean et moi, nous nous sentions invulnérables à son bord, et pourtant, ce soir-là, il ne devait pas revenir lui pourtant toujours si fidèle. Dans ses ferrailles tordues et brûlées, le sergent-chef Jean a trouvé la mort… (Général Jean Garot (1916-1990), Compagnon de la libération ; article in revue Icare n° 44 – année 1968 et numéro 176 – année 2001 – Les FAFL tome 11)
Les corps du sergent-chef René BONNEVILLE (1918-1944), pilote ; du sous-lieutenant Pierre BARRIER (1914-1944), navigateur-bombardier ; du sergent Roger DEPUIS (1921-1944), radio-mitrailleur et du sergent-chef Louis JEAN (1920-1944), mécanicien-mitrailleur, furent d’abord inhumés dans le cimetière de la commune de Saint-Denis-de Méré, dans le Calvados. Les dépouilles furent rendus aux familles après la guerre.
« Dans un entretien téléphonique en août 1993, le colonel Edmond Jean a raconté à l’auteur, avec beaucoup d’émotion, comment cette restitution s’est faite :
« J’ai rapatrié mon frère, Bonneville aussi, il était de Bordeaux. Il y avait les quatre familles qui étaient là quand on a été chercher les corps. Ils étaient ensevelis dans un même linceul, c’est-à-dire on a pris des brides… J’ai reconnu enfin, j’ai pris une partie de mon frère pour la bonne raison c’est qu’il avait un casque tout particulier qui était un casque de vol français comme moi ; on avait toujours volé avec un casque de vol français et non pas anglais. J’ai ramené d’ailleurs le morceau carbonisé. On a essayé de rassembler les quatre corps. Ils ont été mis en bière, là-bas à Condé-sur-Noireau et puis chacun les a rapatriés. Il y en a deux qui sont partis sur Bordeaux, c’est-à-dire, moi, j’étais venu avec mon père et puis des gardes républicains parce que j’étais chef de bord de la Forteresse de Koenig, à l’époque ; alors on avait ramené ça avec ; parce que les ponts étaient coupés et tout, alors on avait droit de passage plus facile avec les gardes républicains qui escortaient le convoi funèbre où il y avait le corps de mon frère, et puis, derrière, dans une autre voiture, il y avait enfin ce qui pouvait être le corps de Bonneville…. » (Yves R. MORIEULT – « 4 août 1944 – les pertes d’une nuit tragique », article in revue Icare, numéro 176 – année 2001 – Les FAFL tome 11)
Le sergent chef Louis JEAN fut cité à l’ordre de l’armée aérienne, à titre posthume, avec attribution de la Croix de guerre avec palme, par décision du 18 août 1947 publiée au JORF du 27 août, page 8520. Par décret du 7 juillet 1948, la médaille militaire lui sera concédée à titre posthume (JORF du 10 juillet, page 6682)
Enfin, pour terminer, je voudrais corriger le texte de Jean-François Muracciole mis en ligne le 21 novembre 2009 :
Louis JEAN n’était pas « bombardier » mais mécanicien au sol, accessoirement mitrailleur et il n’a pas été tué dans le « crash de son B-26 Maraudeur » mais dans un Douglas Boston. Yves MORIEULT le mercredi 05 juin 2013 Recherche sur cette contribution | |