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" 09/05/2003
On ne le sait que trop peu: des centaines de Suisses ont combattu contre le nazisme aux côtés des Français pendant la Seconde Guerre mondiale. Soixante ans après, le réalisateur Daniel Kunzi, d'après un scénario de Gilles Perrault, leur rend hommage à travers un documentaire, « Des Suisses à l'aventure ». Ce film a été présenté en première mondiale au Festival international du film de Moscou en avril et à Genève, hier soir, à l'Auditorium Arditi-Wilsdorf.Un goût affirmé pour l'aventure et des conditions de vie très modestes. Voici ce qui a poussé les quatre Helvètes, encore vivants qui témoignent dans le documentaire, à s'engager dans la Légion étrangère française. Très déterminés, alors que certains sortent tout juste de l'adolescence, Georges Ozeley, Zinia Rolando, Henri Chevalier, et Eugène Grobet décident de déserter, dès l'appel du 18 juin 1940. Zinia Rolando et Henri Chevalier se rencontreront alors qu'ils tentent de rejoindre De Gaulle. Ils vont vivre la guerre au sein des Forces françaises libres (FFL). La Tunisie, le Maroc, la Lybie, la Norvège, l'Angleterre, l'Algérie, l'Egypte, le débarquement en Normandie, l'arrivée triomphale dans Paris puis l'Allemagne. Chacun raconte son itinéraire avec précision, donnant l'impression de le revivre.Peur et chanceGeorges Ozeley se souvient d'Ouradour. « Nous étions tous si outrés. » Se remémorant la libération de Paris, Henri Chevalier sourit: « Adulés, nous avons été reçus comme des rois. C'était formidable !». Après les récits des diverses campagnes militaires, les quatre combattants s'expriment sur leurs sentiments par rapport à la peur, la chance et l'amour. Georges Ozeley affirme que celui qui « n'a pas ressenti la peur n'a pas vraiment vécu la guerre ». Au contraire, Henri Chevalier soutient qu' « à 20 ans, la mort n'est qu'un détail. Aujourd'hui, ce serait différent. » La chance, Eugène Grobet peut en témoigner: un rendez-vous manqué chez le coiffeur lui a sauvé la vie. L'amour faisait aussi partie de l'aventure. A Paris, Zinia Rolando fait la connaissance de sa première femme. Eugène Grobet épouse cinq ans après celle qu'il avait rencontrée à Londres.Le film s'achève enfin par l'évocation du retour des quatre témoins en Suisse. Au début du documentaire, Daniel Kunzi rappelle l'article 94 du Code pénal militaire qui punit d'emprisonnement tout Suisse engagé dans une armée étrangère. Bien que, comme le souligne Eugène Grobet « le Gouvernement n'a pas vraiment osé nous condamner car nous avions quand même gagné la guerre », Zinia Rolando exécutera une peine de vingt-trois jours. Henri Chevalier pour sa part devra « rattraper » son école de recrue à l'âge de 26 ans durant quatre mois. A ce jour, ils n'ont pas été réhabilités. Malgré les épreuves, aucun ne regrette son engagement. Probablement parce que les souvenirs de guerre font partie de leur jeunesse.« Des Suisses à l'aventure », Daniel Kunzi, 2003. Auditorium Arditi-Wilsdorf, vendredi 9 et samedi 10 mai à 19 h et 21 h ; dimanche 11 mai à 17 h et 19 h."
La tribune de Geneve Laurent Laloup le mercredi 24 septembre 2008 Contribution au livre ouvert de Zinia Rolando Montrée dans le livre ouvert de 2 Eugène Auguste Grobet | 3 Georges Emile Ozeley | |