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"... Bernard Morey est né à Cuiseaux en 1914. Jules, son père, est boucher. Parti de rien, il arrive au cours du siècle à développer son entreprise de charcuterie artisanale, aidé par ses fils. En 1910, écrit l’auteur, elle compte sept à huit personnes. Dans les années 1980, ce sont 2 000 employés qui travaillent chez Morey et son affaire « s’est installée dans de nombreuses villes de France, elle a accédé aux marchés extérieurs de bien des pays du marché commun, de l’est, de l’Occident comme des pays en voie de développement, son chiffre d’affaires a atteint plus de 100 milliards de nos vieux francs. »
À Cuiseaux, Bernard Morey sera élu maire de 1954 à 1972. En octobre 1945, il est sur la liste SFIO pour les élections de l’assemblée constituante, avec, comme tête de liste Fernand Mazuez, Escande, maire de Mâcon et Marcel Bidoux.
En 1970, Morey fondera le club sportif Louhans-Cuiseaux.
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Entrer en résistance
À la fin de l’année 1941, un ami de Bernard Morey, lors d’un voyage à Lyon, lui parle du mouvement Combat : « Peu après, je rencontre le capitaine Billon, qui me dit qu’un groupe est en formation à Lons-le-Saunier. J’ai enfin mon premier contact et tout va très vite, car ancien élève du lycée Rouget de l’Isle je retrouve dans ce groupe bien des élèves ou des surveillants que j’ai connus autrefois. Au début de 1942 et en liaison avec mes amis de Lons-le-Saunier et ceux d’un village voisin, Beaufort, nous mettons en place les premières structures du mouvement Combat dans la région. Personnellement, après avoir été sous-chef de secteur de Beaufort, je suis nommé officiellement chef de secteur de Cuiseaux. »
Aider les persécutés, les réfractaires
Il s’agit tout d’abord de venir en aide à celles et ceux qui ont besoin d’une aide : Juifs, Alsaciens ou autres réfugiés, familles de prisonniers. Puis, avec ses employés, c’est la distribution de la presse clandestine et la recherche de planques pour le matériel qui sera réceptionné. En effet, depuis le printemps 1942, Morey a trouvé un terrain de parachutage « situé à 3 kilomètres du village virgule au grand Mollard ». Il sera baptisé du nom de code « Chimène ». Le premier parachutage -annoncé par le message : « le code la route est périmé », n’est pas une réussite puisqu’il est récupéré par les gendarmes à Plainoiseau.
Lorsque sera instauré le S.T.O., Morey convoque ses employés et les empêche de partir. Il trouve une planque dans une ferme pour les réfractaires, le temps de leur redonner un nouveau certificat de travail et le tour est joué.
Le réseau Gallia
Parallèlement, Morey s’engage, dit-il, dans le réseau de renseignements Gallia : « Depuis le début de 1943 jusqu’à mon arrestation, je recevrais chaque semaine le commandant Janin, alias Israël et son éternel compagnon Waldberg pour leur communiquer tous les renseignements amis et ennemis que je collecte soigneusement chaque semaine. » Morey, pour fournir des renseignements au commandant Janin de Gallia, a un avantage : il connaît très bien Robert Mathès, ancien chef départemental de la milice à Mâcon, nommé aux mêmes fonctions à Lyon ultérieurement. Sur ordre de ses chefs, Morey déjeune avec le milicien et lui tire les vers du nez. La source se tarit puisque Mathès est tué en décembre 1943.
Les parachutages, réseau Marquis
Morey, devenu chef de secteur des M.U.R. à leur création, se consacrera, écrit-il, désormais essentiellement aux parachutages. Le 1er mai 1943, son groupe reçoit après le message « le veau a deux têtes », une douzaine de containers avec armes, explosifs et plusieurs postes émetteurs. Puis, à partir de juin 1943, le groupe « est affecté pratiquement et uniquement à la S.A.P. du réseau Marquis. À ce titre, nous recevons de plus en plus fréquemment la visite de Charles-Henri Rivière et de sa femme Jannik, de George (Ulmer) et de Daniel (Boutoule). Nous sommes dorénavant officiellement chargés de la réception, l’hébergement et le transport des passagers, devant embarquer pour Londres ou Alger ou qui en viennent, sur le terrain nom de code Orion à Cosges-Nance près de Villevieux dans le Jura. »
Le 14 septembre a lieu le premier atterrissage qui se passe sans encombre pour une douzaine de passagers et Morey côtoie dès lors, avec Charles-Henri Rivière, sur le terrain « Orion », tout ce que la résistance compte comme femmes et hommes importants : d’Astier de La Vigerie, Claude Serreules, Major Vic, Capitaine Xavier, Lecompte-Boinet, Casanova, Pascal Copeau, Vincent Auriol, Juste Evrard et Émilienne Moreau, Marc Rucart, Brossolette, Émile Laffon, Yvon Morandat, Ulmer, Basset, Bourgès-Maunoury, Brunschwig, Carré, Camille Rayon, Guillermin, Aubrac, Louis Mangin, Jean-Pierre Lévy, Léon Hamon, Gilberte Messmer, Lambert, Barret, Jarrot, Pradel…
Certains resteront fidèles en amitié : Rucart correspondra régulièrement avec lui, Auriol le recevra à l’Elysée et se déplacera à Cuiseaux, Burdet (président des français libres de Grande-Bretagne) le recevra à Londres et Pradel le mariera à Lyon. ..."
Laurent Laloup le mercredi 09 juin 2021 Contribution au livre ouvert de Bernard Jules Morey Montrée dans le livre ouvert de 2 Henri Israël alias Janin | |