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Pour les historiens Lettre manuscrite d'Eugène Baranoff-Rossiné (copie à la disposition des historiens)
Puteaux le 28 mai 1932
Ma chère maman
A l’occasion de la fête des mères, laisse-moi te remercier, chère maman, des soins vigilants, de la bonté, de l’indulgence et de la tendresse que tu avais pour moi, lorsque j’étais petit, et que tu as encore. « Maman », nom que tout être humain murmure avec respect et avec tendresse. Je te vois encore, chère mère, quand j’étais malade de l’angine, la nuit à mon chevet, anxieuse, les yeux gonflés de larmes. Je te vois te privant du nécessaire pour me donner du superflu. La nuit tu cousais jusqu’à une heure avancée, mes vêtements. Si de temps en temps, tu me donnes une petite correction, je l’approuve, car c’est pour mon bien.
Que de fois, tu as caché mes méfaits à papa et s’il me mettait au pain sec tu m’apportais en cachette mon plat préféré. Tout cela, maman, tu peux en être sûre, je n’oublierai jamais, et, quand je serai grand, et que tu auras fait de moi un homme, je serai ta joie et ton soutien.
Ton fils, qui t’aime beaucoup et qui t’embrasse bien fort.
Eugène
Commentaires :
Les problèmes relationnels qu’a eu Eugène avec son père étaient bien réels :
1) Politiques : courageusement à cause de sa sensibilité communiste il se sauva de la maison familiale en 1936 pour s’engager en Espagne avec les républicains. Il faut rappeler que son père Wladimir avec sa seconde femme Pauline avaient fui le communisme de l’URSS en 1925.
2) Religieux : la mère d’Eugène Jondine Rays malheureusement décédée lors de sa naissance, était de confession juive, il reprochait à son père de ne pas avoir adhéré à cette religion.
Sa belle mère Pauline l’avait toujours considéré comme son propre fils, elle le protégeait des excès de son père.
Dimitri Baranoff-Rossiné, fils du peintre Wladimir Baranoff-Rossiné Dimitri Baranoff-Rossiné le jeudi 26 septembre 2019 Contribution au livre ouvert de Eugène Baranoff Rossiné | |