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" Le Courbet, rendu à la Marine française libre, dès que la présence de l'amiral Muselier à Londres permit d'envisager sa création, servit de dépôt à nos équipages et de batterie flottante antiaérienne jusqu'à son remorquage en 1944 pour servir de brise-lames au port d'Arro-manches.
, J'y avais été embarqué avec mes camarades le 8 juillet à ma sortie de l'Olympia1. La malpropreté régnant dans certaines parties du navire, notamment l'état épouvantable des poulaines2 témoignait éloquemment soit du relâchement de la discipline après l'armistice soit du manque de soins de l'équipe de prise britannique y ayant vécu quelques jours. Le bâtiment était amarré aux ducs d'Albe3, dans le fond nord de la rade, loin de la ville, dans des vasières se couvrant et se découvrant avec la marée, à proximité de pontons datant de l'époque napoléonienne. Ce qu'il pouvait faire importait peu aux Britanniques. Les grosses pièces de 305 mm ayant été désarmées et l'artillerie antiaérienne de 75 mm limitée à l'utilisation de sa bordée tribord, du côté opposé à la ville, aucun dommage ne pouvait lui advenir du fait d'une maladresse.
Nous étions 60 sélectionnés pour suivre les cours d'élève aspirant qui plus tard, feraient de nous des officiers. Le poste des seconds maîtres du pont, sous la plage avant où se trouvait la machinerie des cabestans nous avait été affecté. Nous y vivions, couchions dans des hamacs, prenions nos repas sur des tables démontables, et recevions nos cours4. Ceux-ci étaient faits par le lieutenant de vaisseau Deméocq, officier canonnier du Courbet, qui, polytechnicien, gendre de l'amiral Muselier, était le directeur de nos études. Elles étaient à la fois théoriques et pratiques comme il en va de tout temps à l'Ecole d'application des enseignes de vaisseau à bord de la Jeanne-d'Arc et de sa conserve."
Extrait de "Ni chagrin, ni pitié" de F. Flohic Laurent Laloup le dimanche 10 février 2008 Contribution au livre ouvert de André Joseph Victor Déméocq | |