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17 avril 1942. Journal de Paul Guenon Capitaine Paul GUENON, Santé-Bataillon de Marche n° 2
"Toujours Bir Hacheim et les mêmes «birachémiades». Longues journées vides. Quand se décidera-t-on à se battre dans ce coin-là ? Je partage mes soirées entre les cartes et la musique. Nous avons cette chance que nous manquons rarement de whisky ou de gin. Avec Tramon et Mabille, si nous avons le phono et une bouteille, nous passons des soirées admirables qui durent jusqu’aux petites heures.
Vents de sable chaud… c’est bien désagréable.
Cette campagne me laissera l’impression d’un temps de prison.
Temps de prison avec ce raffinement de cruauté qu’on n’a pas dit au prisonnier pour combien de mois ou d’années il en avait à tirer.
Vents de sable chaud… On rêve de fraicheur, de jardins verdoyants, de sources claires, de douches, de boissons glacées… ô la buée sur un grand verre ! ô une paille ! …
Le physique baisse progressivement mais le moral est inébranlable. On fait son boulot quoi… et, plus tard, l’ayant fait et bien fait, on n’en goûtera que mieux le retour au calme, au confort, au bonheur. La calme et confortable vie bourgeoise, le pot-au-feu, les pantoufles, l’épouse ou l’amie qui en tient lieu, cela aussi pourtant est uniforme et nous pousse à regarder en dedans de nous-mêmes, et nous apprend à nous connaître (…). Ecrivant cela, je pense encore une fois à Alep, où en quelques mois, j’en ai appris davantage sur mon propre compte qu’en des années de voyage et de guerre". Roumeguère le lundi 09 avril 2018 Contribution au livre ouvert de Paul Louis Guenon | |