Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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" Il était d’origine savoyarde, mais enfant de Genève où il naquit le 7 janvier 1913. Il y effectue une partie de ses études secondaires au collège de Florimont, puis à Paris au lycée Louis-le-Grand. Diplômé des facultés de droit de Genève et de Paris, de l’École nationale des langues orientales vivantes, il sort major à 19 ans de la promotion 1932 de l’École coloniale. Brillant linguiste, il parle, en plus de l’anglais et de l’allemand, diverses langues orientales et plusieurs dialectes africains qui lui seront très utiles tout au long de sa carrière diplomatique et pour ses recherches ethnographiques.
Il débute sa carrière hors de France, comme administrateur au Soudan, où il séjournera de 1937 à 1939.
Officier de réserve, il est mobilisé à Kati (Soudan) le 19 septembre 1939 au 2e RTS et dirigé sur la métropole via Dakar le 3 janvier 1940. Chef de section de mitrailleuses au 5e RIC mixte sénégalais, il est grièvement blessé aux deux bras et à la jambe gauche à La Croix-de-Champagne. Laissé pour mort, il est fait prisonnier. Il refuse de se faire amputer. Devant l’état critique de ce combattant récalcitrant, les Allemands préfèrent le rapatrier vers la France en zone non occupée où il est hospitalisé à l’hôpital militaire de Perpignan, puis de Montpellier. Réformé définitif, il est démobilisé le 6 septembre 1941.
Aussitôt il prend des contacts avec la Résistance et essaye de passer en Espagne. Malheureusement, son état de santé et ses blessures l’obligent à renoncer. Administrateur de la France d’outre-mer, il demande un poste en Afrique du Nord ou à la colonie, avec l’arrière-pensée de pouvoir rejoindre la France Libre. Affecté au Niger en 1942, il y restera jusqu’en 1943.
Durant cette période, son attitude hostile au gouvernement de Vichy lui vaudra la réprobation du gouverneur, qui, par deux fois, l’assignera à résidence surveillée. Malgré ces obstacles, il rejoindra l’Algérie, après une difficile traversée du Sahara, puis la Tunisie où il s’engagera dans les Forces Françaises Libres pour la durée de la guerre plus trois mois.
Il rejoint la 1e Division Française Libre à Nabeul et il est affecté le 22 septembre 1943 au 22e Bataillon de Marche Nord-Africain.
Avec cette unité il participe à la campagne d’Italie (Garigliano - Radicofani). Promu capitaine le 25 juin1944, il débarque en Provence sur la plage de Cavalaire.
Participe ensuite à la libération de Toulon et, avec les FFI carqueirannais, participe à la libération de leur ville en faisant de nombreux prisonniers.
Plus tard à Carqueiranne, sur la place de la Libération, une stèle sera élevée au capitaine Pierre Anthonioz, 22 août 1944 .
L’épopée de la 1e DFL et du 22e BMNA continue. Opérations sur Belfort, le Ballon d’Alsace, où le 20 novembre 1944 à Wegsheid (Haut-Rhin) il est blessé par balle explosive (deux éclats à la face et 11 dans le bras gauche). Nettoyage de la poche de Colmar en janvier 1945. Le 8 mars 1945, la 1e DFL fait mouvement sur le front des Alpes.
Avec le 22e BMNA, il participera aux opérations sur Peira-Cava (secteur de l’Authion) du 11 mars au 25 avril 1945.
Volontaire pour les opérations d’Extrême-Orient, il arrive à Saigon le 12 septembre 1945. Il est affecté comme chef de cabinet du commissaire de la République en Cochinchine. Le 10 janvier 1946, il est détaché au 6e RIC. Nommé chef des partisans de la province de Soctrang, il participe à la prise de Bac-Lieu, de Than-Phu et de Camau. Le 4 février 1946, il est blessé par balle au bras droit, au cours d’une reconnaissance qu’il dirigeait lui-même en zone insoumise au nord de Camau.
Le comité de réforme de Saigon le réforme à 90%.
Il terminera son séjour en Indochine comme résident-maire de Dalat et résident de France dans le Haut-Donnai.
Là se termine sa carrière militaire. Au cours de toutes ces années de combats, il aura été blessé quatre fois et reçu 24 balles ou éclats. Il dut réapprendre à écrire de la main gauche.
Revenu à la vie civile, il est nommé commissaire résident de France aux Nouvelles-Hébrides, où il restera en poste de 1949 à 1958. Ses compétences administratives, mais également sa chaleur humaine, ses exploits sportifs en natation et en escalade (pic Santo), ses efforts sans relâche pour les communautés mélanésiennes, européennes, polynésiennes et asiatiques font
l’admiration de tous, et non seulement au Vanuatu mais également en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Gouverneur hors classe de la France d’outre-mer, il est nommé en 1959 haut commissaire en Mauritanie et en 1961 après l’indépendance, avec le souhait du jeune gouvernement de la République islamique de Mauritanie, ambassadeur de France auprès de cette nouvelle République où il restera en poste jusqu’en 1962. Il mettra tout son cœur pour que les traités de coopération entre nos deux pays soient des réussites. Par la noblesse et la générosité de son cœur, il a su gagner l’admiration et l’estime de tous les Mauritaniens. Un de leurs ministres en exercice n’hésita pas à affirmer publiquement que l’admiration que lui témoignait son peuple s’adressait au combattant valeureux, mais que son affection allait à l’homme de cœur.
Ambassadeur en Malaisie (1962-1968), au Ghana (1968-1972) puis à Cuba (1972-1975). Nommé ministre plénipotentiaire en 1970, son dernier poste sera ambassadeur de France au Sri-Lanka et en République des Maldives de 1975 à 1978.
Partout où il représente la France, il assoit et conforte le prestige de son pays tout en comprenant les aspirations ces élites autochtones. Au moment où il prend sa retraite dans son village de Collonges-sous-Salève, en Haute-Savoie, il est nommé ministre plénipotentiaire hors classe. Déjà le 12 octobre 1968, alors qu’il était ambassadeur de France au Ghana, le général de Gaulle lui avait remis les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur, lors d’une prise d’armes aux Invalides.
Le portrait de cet homme extraordinaire, qui a atteint les sommets du courage, de l’intelligence, de la générosité incomplet si sa grande culture, sa passion pour l’ethnologie, l’histoire, la poésie n’étaient pas évoquées. Il fut l’ami d’André Malraux, le découvreur d’épaves : l’Astrolabe, bateau de La Pérouse, la Boussole à Vanikoro, la Méduse en 1960.
Il fut aussi acteur dans le film de Pierre Schoendoerffer l’Honneur d’un capitaine, où il incarne un des Résistants du plateau des Glières.
Toute sa vie fidèle à ses amis comme à ses idées, aussi modeste qu’audacieux, il n’a de cesse de s’intéresser à l’avenir du monde.
Son exemple doit nous fortifier et sa mémoire nous aider à accomplir notre devoir.
Volontiers je pense de lui ce que Romain Gary, Compagnon de la Libération, pensait des Français Libres en leur rappelant : Pour vous, la France n’avait pas encore été démystifiée et vous n’étiez pas capables de voir dans ce vieux pays, qui fut pendant si longtemps une façon d’être un homme, une simple structure sociologique. Vous apparteniez encore à une culture où ne parlait pas d’un homme comme d’un cadre. Vous étiez plus proches de ce qui fut toujours, à travers les âges, une civilisation, parce que vous étiez le contenu réel et vivant de l’imaginaire et parce que seules les mythologies assumées et incarnées peuvent porter l’homme au-delà de lui-même et le créer peut-être un jour tel qu’il se rêve .
Il nous a quittés le dimanche 5 mai 1996 dans sa propriété de Collonges-sous-Salève, en Haute-Savoie, près de ces sommets alpins où souvent il entraînait ses amis en faisant preuve d’une éternelle jeunesse et d’une grande volonté."

Jacques Ghémard le dimanche 06 août 2017

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