Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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" Les Anglais l’avaient surnommé «De Gaulle». Il y a soixante-quinze ans, le 8 décembre 1941 au matin, Armand Delcourt prend les armes à Hongkong contre les troupes japonaises qui pilonnent la colonie britannique dans le sillage de Pearl Harbor. La bataille féroce et inégale s’achèvera le jour du «Black Christmas» par la reddition du gouverneur britannique. Parmi les milliers de morts, Armand Delcourt, ce négociant de 42 ans, et une poignée d’autres volontaires français.

Les noms de six d’entre eux sont gravés sur une stèle polie par les vents marins dans le cimetière militaire de Stanley. C’est ici, dans le sud vallonné de Hongkong, que le drapeau tricolore a flotté en ce début décembre, le temps d’une cérémonie confidentielle organisée par le Souvenir français et le Consulat. Un hommage discret à ces résistants engagés dans une bataille perdue d’avance et tirés de l’oubli au son du Chant des partisans.

Soldats en short et chemisette
Après l’appel du 18 juin 1940, une vingtaine des quelque 350 membres de la communauté française adhèrent à la France libre depuis Hongkong, alors terre d’accueil de religieux, de négociants épris d’aventure mais aussi d’escrocs et crève-la-faim, raconte François Drémeaux, auteur d’une thèse sur la présence française à Hongkong dans l’entre-deux-guerres. Qu’ils soient architecte, enseignant, cuisinier ou commerçant, ils tenteront notamment de débaucher des marins des Messageries maritimes ou émettront des programmes radiophoniques vers l’Indochine occupée par les Japonais.

Carlos Arnulphy était de ces résistants. Il avait envoyé femme et enfants dans la ferme de sa sœur en Provence, en prévision de l’invasion nippone. Mais «rien n’est venu, alors nous sommes rentrés à Hongkong», raconte son fils Michel, assis à l’entrée du cimetière de Stanley juste avant la commémoration, vendredi dernier. Le 8 décembre 1941, «nous étions réfugiés chez une famille de Français jusqu’à la reddition». Le père de Michel et une dizaine de Français sont incorporés dans le Corps volontaire de défense. Ils combattront aux côtés des 2 000 soldats canadiens débarqués fin octobre en short et chemisette malgré l’imminence de l’hiver, et dont plus de 550 périront. Hongkong était «indéfendable», Winston Churchill le savait.

La «Gin Drinkers Line» fut aussi inefficace que la ligne Maginot. Le poste de défense de la centrale électrique à North Point ne résista guère, pas plus que le fort de Stanley où Carlos Arnulphy fut fait prisonnier. Pendant l’occupation, son fils Michel lui apportait de temps en temps un colis dans le camp d’internement de Sham Shui Po. «Mais on ne le voyait que de loin, il avait une chemise jaune.» Aidé par des Dominicains et la Croix Rouge, Michel vécut quatre années de privation, marquées par la faim et de «rares leçons avec des nonnes italiennes». Un souvenir qui lui arrache des larmes. Le sourire revient à l’évocation de la libération et des jeux partagés avec Monique Westmore, la fille d’Armand Delcourt.

«Exécutés d’une balle de fusil dans la nuque»
En 1978, Monique Westmore prend un café dans son restaurant en Australie, avec sa mère en visite, lorsqu’elle reçoit une lettre de France, signée Carlos Arnulphy. Elle lit à haute voix : «Armand fut blessé le 21 décembre 1941 de deux coups de baïonnette dans le ventre, à la bataille du Ridge». Capturé deux jours plus tard avec d’autres blessés, ils «furent exécutés d’une balle de fusil dans la nuque, puis les corps arrosés de pétrole furent brûlés, à la grande joie des Japonais». Mais «lorsque le corps d’Armand fut brûlé à point, toutes les grenades dont ses poches étaient farcies, éclatèrent toutes en même temps […]». Sa mère s’effondre en larmes, «la première fois que je la voyais manifester quelconque émotion sur la mort de mon père».

Agressée par les Japonais, la mère de Monique accoucha d’elle prématurément le 5 janvier 1942. Elles se réfugieront à Saïgon chez des amis. «Ma mère était profondément traumatisée par ses expériences atroces de la guerre», avec un père écossais mort en France en 14-18 et une mère japonaise tuée dans le bombardement atomique à Nagasaki. Et elle «voyait en moi, petite blonde aux yeux bleus, mon père. Il était un homme de grands principes. Je me demande souvent : "pourquoi y es-tu allé sachant que ton épouse était très enceinte et que tu n’étais pas exactement un jeune homme ?"» témoigne Monique Westmore. «Le désastre complet» de la bataille de Hong Kong et «la futilité de la guerre ne me sont parvenus que lorsque j’assistai à la cérémonie de commémoration il y a cinq ans». «Nos pères ne nous ont jamais parlé de la bataille de Hongkong, ou si peu », racontaient en écho dimanche lors de la commémoration au cimetière militaire de Sai Wan des descendants de soldats canadiens.

Il faut «prendre conscience que l’histoire et le devoir de mémoire sont un travail permanent qui ne doit jamais rien céder à la corruption du temps», rappelle François Drémeaux. Quatre noms devraient être rajoutés à la stèle française, dont deux Annamites, des Français d’Indochine, tués par un tireur d’élite japonais alors qu’ils rejoignaient une batterie de défense anti-aérienne.

Rosa Brostra (à Hongkong)"

www.liberation.fr 

Laurent Laloup le jeudi 08 décembre 2016

Contribution au livre ouvert de Carlos Victor Laurent Arnulphy

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