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Chaque soir, un gendarme cadenassait la porte à l'extérieur. Dans la journée, les prisonniers avaient le droit d'effectuer une promenade le long du "rach" limoneux qui coulait lentement au bord de la prairie du camp. Les gendarmes dépendaient du Capitaine d'Hers, officier de caractère, engagé dans la Résistance clandestine. A l'occasion d'une inspection de son personnel, il tint à s'entretenir avec Rudoni dont il connaissait évidemment le motif d'internement. Il lui demanda quel serait son comportement "en cas de coup dur avec les Japs". La réponse fut immédiate : "Je me battrais !". D'Hers lui dit que c'est ce qu'il attendait et qu'il l'inscrivait comme volontaire devant rejoindre ses gendarmes quand sonnerait enfin l'heure qu'on croyait être celle d'une insurrection française.
Il fallut attendre deux ans avant que l'occasion se présente, et Rudoni venait d'être libéré depuis quelques mois… mais soumis à résidence, seul dans un village annamite.
Le 9 Mars 1945, alors que naissait son premier enfant, le matelot réprouvé rejoignit la petite troupe du Capitaine d'Hers à l'heure du "coup de force japonais". Il y retrouva ses anciens gendarmes, un peu troublés bien qu'ils aient eu un comportement acceptable, correct. Rudoni se trouva en charge d'une barge, ayant des marins de la Royale sous ses ordres : ils furent tous cités et décorés de la Croix de Guerre, par leurs officiers qui oublièrent celui qui les commandait avant la reddition du groupe mobile constitué par les marins à pied. Le Capitaine d'Hers fut tué en voulant faire sauter un pont : il fut fait Compagnon de la Libération par le Général De Gaulle. Jacques Ghémard le jeudi 03 septembre 2009 Contribution au livre ouvert de Jean Victor Gustave d'Hers | |