Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Le Bataillon Somali à l'honneur

Article de La Nation, Djibouti, n° 106 du 8 septembre 2004

Siècle de tous les excès, de tous les progrès, mais aussi de toutes les horreurs, le vingtième siècle a profondément transformé le monde et l'humanité. C'est au cours de ce XXe siècle qu'ont eu lieu les deux guerres mondiales, lesquelles ont marqué la France mais aussi l'Europe toute entière, faisant plusieurs millions de victimes. De ces deux guerres mondiales, la première (1914-1918) comme la seconde (1939-1945), toutes les deux meurtrières, des hommes du continent africain ont sacrifié leur vie pour libérer la France et l'Europe. Du nombre de ces combattants, mobilisés pour la liberté, figuraient entre autres, des Djiboutiens. Des hommes qui se sont illustrés dans ces deux guerres par leur bravoure et leur prouesse.

Il s'agit du Bataillon Somali. Ces anciens combattants dont un bon nombre est tombé sur le champ de bataille, ont été souvent oublié. C'est dans l'esprit de rendre hommage à nos vaillants anciens combattants qui ont versé leur sang que nous proposons une première partie d'un dossier spécial consacré au thème. Une logique qui découle de l'indispensable devoir de mémoire que chacun doit cultiver et transmettre aux générations futures.

Historique des bataillons Somalis

Parmi les unités combattantes de la France Libre, mises sur pied de guerre, depuis le 18 Juin 1940, jour de l'appel historique de son chef, le Général de Gaulle, quelques-unes de frayèrent un véritable chemin de gloire, épisodes de guerre, dignes des plus prestigieuses épopées ; la plupart d'entre elles méritent que leur nom soit inscrit en lettres d'or au palmarès de la victoire, d'autre enfin, moins bien partagées au départ, n'ont rien cédé à leurs aînées, quant au moral, à la valeur, ainsi qu'à leur conduite au feu lorsque cette occasion leur fut donnée, tel fut le cas du Bataillon de Marche Somali. Une belle Unité de la France Combattante. Les Forces Françaises Libres de l'Est Africain ont eu pour origine une mission, composée du Lieutenant-Colonel Brosset, futur Chef de la 1er D.F.L, du Chef de Bataillon Appert et du Capitaine Magendie, envoyés en Somalie Britanique dès la libération de cette colonie, dans le but d'établir le contact avec la Côte Française des Somalis (C.F.S), en vue du regroupement et l'organisation des éléments de cette partie de l'Union Française se ralliant à la France Libre, bien souvent au péril de leur vie, dans des circonstances telles, que seuls, ceux qui les ont vécues, peuvent les décrire. Le Lieutenant-Colonel Brosset repart pour le Moyen-Orient courant mai 1941 et, l'instruction N°621/CO/2958/I du 26 juin 1941, du Général Catroux, crée le Détachement Somali des F.F.L., sous les ordres du Chef de Bataillon Appert. Ce détachement comprend à l'origine trois pelotons méharistes, plus quelques petits détachements d'infanterie, le tout échelonné le long de la frontière, le P.C. du détachement se trouvant à Buramo (Somaliland). Des la création de ce détachement, son instruction militaire est entreprise, et se poursuivra dans la fièvre de départs toujours retardés, jusqu'au jour où il lui sera enfin permis de rencontrer l'ennemi ; ce jour-là, ce dernier aura le dessous, car tous les hommes de ce détachement sont des résistants éprouvés, venus volontairement des quatre coins du monde, animés du plus pur désintéressement, et tous décidés au sacrifice suprême, pour vive la France, dans l'honneur et la liberté ; tous ont un moral à toute épreuve et formeront bientôt des unités d'élite de même que leur aînés F.F.I. car, tous ont foi dans leurs chefs et dans la destinée de leur Patrie. En janvier 1942, des cadres venus de Syrie et d'A.E.F. renforcent le détachement, d'autres suivront bientôt, venus d'Afrique du Sud ; tandis que, chaque semaine, quelques gars déterminés viennent de la C.F.S. grossir nos rangs. De multiples difficultés se présentent pour habiller et armer tous ces hommes ; grâce à l'aide de nos amis Britanniques, grâce aussi à son Chef, le Commandant Appert, elles seront toutes, sinon surmontées, du moins réglées au mieux dans les circonstance du moment. En avril de la même année, le détachement est regroupé à Urso (Abyssinie). Un officier de liaison (Lieutenant Simon) est détaché auprès du Q.G. Britannique à Harrar, les pelotons méharistes ainsi que les petits détachements isolés sont devenus : La 1er Compagnie, aux ordres du Capitaine Magendie, La 2e Compagnie, aux ordres du Capitaine Meneboode, ainsi qu'un groupe de Commandement de Bataillon, le détachement F.F.I. de la C.F.S. est devenu un Corps Somali. En juillet, le détachement est transféré à Ciggiga, où il restera jusqu'à son départ vers Djibouti. En nombre, une partie notable de la Garnison de Djibouti passe la frontière à Zeila (Somaliland), le détachement les accueille, un nombre important d'Européens isolés lui sont affectés, le reste des troupes sous le commandement du Lieutenant Colonel Raynal va à Urso, où elles reprendront dès ce jour leur entraînement en vue du combat ; Vers le même temps, le Commandant Appert sera promu Lieutenant- Colonel. Fin décembre, le ralliement de la C.F.S. est proche. Le 23, le détachement Somali quitte Ciggiga et se porte à Daouenle (Poste Abyssin près de la frontière de la C.F.S) qu'il passe de 26 et, par la voie ferrée et de la route, se rend aux avancées de Djibouti. Le 27, il établit le contact avec les éléments nettes sur place, le ralliement de Djibouti ayant été réglé par la convention de Chebele (petite gare sur la ligne du chemin de fer franco-abyssin, a une quinzaine de kilomètres de Djibouti) le 28. Le 29 décembre 1942, les F.F.L. entrent à Djibouti. Ainsi se termine ce premier épisode de résistance, qui aura vu cette dernière trimpher enfin, dans cette partie de l'Union, malgré la propagande infâme dont l'ennemi abreuvait depuis deux longues années nos camarades coloniaux isolés sur ce point du globe. Ralliement volontaire, sans incidents dramatiques ; de nouveau au coude a coude, tous ensemble pour continuer la lutte, les F.F.L. de la C.F.S., par leur patience, leur compréhension, avaient leur large part dans ce succès. Cette mission ingrate et sans gloire permettra pourtant, dès mars 1943, d'aligner contre l'Afrika-Corps plusieurs bataillons constitués tous de vaillantes unités qui ne tardèrent pas à faire leurs preuves. Le 1er janvier 1943, le Corps Somali devient le Bataillon de Marche Somali ", il comptait alors : 9 officier- 20 Sous officiers Européens- 8 hommes de troupe Européens- 9 hommes de troupes Sénégalais- 24 Sous-Officer- 44 Caporaux et 293 Tirailleurs Somalis. Durant l'année 1943, le Bataillon se complète sur le type britannique, tout en poursuivant son instruction, il se dédouble, de façon à former un bataillon de marche et un bataillon de souveraineté. La mise en route du Bataillon (B.M.S) est retardée par suite du marque de navires, enfin, le 27 février 1944, un premier détachement commandé par le Capitaine Meneboode est mis en route pour l'A.F.N. En septembre, les unités du B.M.S se trouveront regroupées à Sousse (Tunisie) et le 25 octobre, le Chef de Bataillon de Bentzmann en prendra le commandement, le Capitaine Meneboode prenant les fonctions de capitaine-adjoint. Je laisse respectueusement, à celui qui fut notre chef, non seulement respecté, mais admiré, de ses officiers jusqu'au simple tirailleur, le soin de décrire ce que fut ce Bataillon : " Chaque compagnie était parfaitement instruite, disciplinée, ardente au travail ; mais chacune avec son climat particulier, reflet de la personnalité de son chef il en résultait une émulation magnifique entre ces " cinq petits Corps de Troupe " qu'il suffisait maintenant de rôder ensemble, tout en laissant à chacun sa marque particulière, pour être plus vite prêt à affronter le boche , il n'est rien que l'on n'eut accepté au Bataillon : aussi, deux moins d'instruction intense, de manœuvres d'ensemble, suffirent-ils à parfaire le rodage de ce solide outil de combat qui allait bientôt affirmer sa valeur et sa forme contre les troupes d'élite de la Kriegsmarine ". Pas un ancien du Bataillon, certainement, n'évoquera sans quelque nostalgie, les mois passés à Sousse. C'est là, en effet, que dans un effort commun, tendu vers le même idéale, se nouèrent ou se soudèrent les liens de confiance réciproque de compréhension mutuelle, de virile camaraderie entre tous, qui donnèrent au B.M.S une vie intérieure que ceux qui l'ont vécue n'ont sans doute pas oubliées " Tous pour un-Un pour tous telle eut pu être la devise du B.M.S mais point n'était besoin d'une phrase toute faire pour en exprimer le sentiment de chacun, au Bataillon on se comprenait toujours à demi-mot et pour tous, comme ils parurent interminables ces cinq mois et demi d'A.F.N. Le Capitaine de la C.B. (Capitaine Parizot) Pariait chaque jour un banque Qu'on serait partis la semaine prochaine Il a perdu tous ses paris On était tous aussi marris pays à boire mon capitaine. Disait l'une des nombreuses chansons du Bataillon, toutes inspirées par la crainte tenace et déprimante de voir la guerre se terminer sans que le B.M.S. ait pu y prendre part ; car pour avoir l'honneur de se battre, il fallait figurer sur la " Troop-List " dont les heureux élus pouvaient seuls, prétendre à l'habillement et à l'armement fournis par nos alliés, et être englobés dans les plans d'enlèvement et de transport vers la France. Le Bataillon, tard venu, bien que tôt parti, ne s'y trouvait pas, aussi le moral était-il souvent bien bas, malgré les lettres du Lieutenant- Colonel Appert qui, de France, affirmait que ces difficultés matérielles seraient vaincues et que le B.M.S. sera engagé, mais l'A.F.N., pauvre en armement, en munitions, en habillement en matériel de toute sorte, n'avait alors rien à espérer de la Métropole, et devait se suffire à elle même. Les Unités partant en France, non équipées par nos alliés, abandonnaient donc, lors de leur départ, tout ce qui n'était pas strictement indispensable, pour éviter aux partants une inculpation d'attentat à la pudeur. Cette perspective ne contribuait pas à élever le moral du Bataillon ; grâce à la compréhension de l'E.M. du B.M.S. obtint, non seulement l'habillement et l'équipement nécessaires, mais put être autorisé à emporter son armement complet et ses munitions de guerre. Fin décembre, l'ordre vient enfin d'être prêt à partir sur préavis de 24 heures, les permissionnaires furent rappelés et l'emballage de l'armement lourd et des impedimenta rondement mené. Quelque jours plus tard, le détachement d'embarquement avec tout le matériel, quittait Sousse pour Bizerte, précédant de 24 heures le gros du Bataillon( ; malheureusement ce fut encore un départ retardé, et le détachement précurseur (dont l'auteur de ce récit fit partie) la rage au cœur, ramena les bagages à Sousse dans la consternation générale ; enfin, le 17 février 1945, dans une allégresse bruyante, aux accents du refrain du Bataillon, qu'un vieux marsouin fortement dopé pour la circonstance, tirait d'un clairon rapiécé, le B.M.S. faisait à Sousse des adieux définitifs. Après un embarquement et une traversée sans histoire sur le vieux Médie II, un débarquement, le 22 février, à Marseille ou nul ne l'attendait, une courte halte à Allauch, le B.M.S. et son boue mascotte (qui, malade, ne mangeait que du chocolat des rations conditionnées) arrivèrent le 26 février à Antibes, pour compléter, avec le B.M. 14 et le B.M. 15 déjà sur place, le régiment d'A.E.F. et Somalie. Composé de trois Bataillons qui jusqu'alors avaient chacun formé Corps et que seuls les hasards de la guerre rapprochaient momentanément, ce Régiment ressemblait davantage à une demi-brigade à trois Bataillons qu'à un Corps de Troupe ordinaire.

Xavier Meneboode le vendredi 01 mai 2009

Contribution au livre ouvert de Bernard Auguste Jean Meneboode

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