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"Tramasset Mathieu Edgard
Membre du réseau "C.N.D. Castille"
Pseudonyme: Sèvres
Agent P.2
Grade Sous-lieutenant
Déporté sous le matricule 44.955
Edgard Mathieu Tramasset habitait, au début des hostilités, dans le premier arrondissement de Bordeaux, à Bacalan, quartier portuaire où Allemands et Italiens menaient, avec célérité, la construction d'une base sous-marine nécessaire aux forces de l'Axe pour maintenir leur présence dans cette partie de l'Atlantique. Depuis le début des hostilités, les forces alliées s'efforçaient de contrarier s'ils ne pouvaient stopper la marche des travaux. Les bombardements étaient donc fréquents au-dessus de leurs têtes. Quelques victimes, peu de dégâts, jusqu'à cette journée du 17 mai 1943 où, vers 12h30, l'aviation américaine s'inscrivit, pour la première fois, dans le ciel bordelais. Délaissant l'altitude de 3.500 mètres utilisée le plus souvent par les appareils anglais, les pilotes U.S calés entre 6.500 et 8.000 mètres déroulèrent le "carpet bombing", provoquant 184 tués parmi la population civile, 275 blessés et près de 2.000 sinistrés. Ajoutons à cela la destruction de 200 habitations.
A la suite de cette opération de nombreuses familles furent évacuées; les Tramasset se retrouvèrent, toujours en Gironde, dans la commune de Castres-Beautiran. Par la suite, ils purent retrouver leur maison de Langoiran, libérée enfin de ses locataires. Loin des bombardements, les enfants se retrouvèrent coupés de toute activité scolaire, celle-ci s'étant brutalement arrêtée le 17 mai 1943 en amputant leur avenir scolaire et professionnel.
Edgar Edouard Tramasset travaillait avec le commandant Jean Duboué qui, avec le commandant Paillères, se trouvait à l'origine du réseau "Scientist" qui avait pu entrer en contact avec le SOE dès l'automne 1941. Jean Duboué était propriétaire d'un petit café, quai des Chartrons. En juillet 1942, Claude de Baissac prend le commandement de ce groupe qui est chargé de recenser des terrains de parachutage et de recruter des comités de réception. Sous l'impulsion de Jean Duboué, une dizaine de terrains sont homologués dans les secteurs de Cadillac, Sauveterre-de-Guyenne, Saint-Exupéry et Saint-Michel de Rieufret.
Témoignage de René Tramasset
Plus tard, bien que n'étant encore qu'un enfant, je me suis aperçu que mon père, chef d'éqipe aux Aciéries de Longwy, avait des activités autres que professionnelles; il sortait parfois la nuit (j'ai appris plus tard, qu'il s'absentait pour participer à des parachutages). Certaines missions qui lui étaient confiées nécessitaient des absences prolongées. Pour cela, et pour ne point éveiller la méfiance de ses employeurs, il alla jusqu'à se brûler volontairement un avant-bras afin de disposer de quelques jours d'arrêt d'accident du travail.
L'affaire Grandclément.
L'affaire Grandclément commençait le 19 septembre 1943. Ce jour là, André Grandclément était arrêté à Paris. Transféré à Bordeaux, il était traité directement par le chef de la Gestapo bordelaise, Dhose. Henri Noguères rappelle, en page 40 de son ouvrage, les notes de M.R.D Foot, historien du SOE sur cette affaire. Analysant le plaidoyer écrit par Grandclément, le 10 juillet 1944, il conclut ainsi:
Il pensait en toute honnêteté n'avoir pas trahi son pays. Personne, disait-il, n'avait été arrêté par sa faute et il estimait avoir fait son devoir de Français non seulement avant mais aussi après son arrestation."
La conclusion d'Henri Noguères est davantage nuancée.
C'était là une vue très personnelle des choses. Dès octobre 1943 en tout cas, après la sanglante affaire de Lestiac, Grandclément ne pouvait plus prétendre ignorer quelles avaient été les conséquences véritables de son choix.
En octobre 1943, le lieutenant Kunesch découvre chez un ressortissant belge qu'il vient d'arrêter, un dénommé Veerhelst, des documents importants. Interrogé énergiquement celui-ci reconnaît appartenir au SOE et donne des noms ainsi que les emplacements de dépôts d'armes. Parmi les noms livrés celui de Desbouillon, membre de l'équipe de Jean Deboué. Cet homme, soupçonné de vouloir éliminer sur ordre des inspecteurs du commissaire Poinsot est particulièrement pris en main par cette équipe; il avouera connaître l'adresse de Duboué, à Lantiac. Il y conduira Dohse et ses troupes. Averti de l'arrestation de Desbouillon, par la femme de Grandclément, Deboué décide à cet instant de passer à Lantiac récupérer deux postes reçus d'un précédent parachutage.
Dans la maison de Lestiac se trouvait un des dépôts d'armes divulgués aux Allemands par Grandclément. . A l'aube du 14 octobre 1943, les Allemands encerclent la maison dans laquelle se trouvent outre les Duboué, l'instructeur de sabotage Victor-Charles Hayes.
Aux premières sommations, une balla perdue tirée par Hayes. Le combat s'engage. Les Allemands demandent des renforts à Cadillac et à Langon équipés de mitrailleuses lourdes. Hayes est blessé au bras et à la jambe, madame Duboué est touchée au ventre; Jean Duboué décide de se rendre.
Jean Duboué est conduit au KDS, son épouse à l'hôpital Saint-André, Hayes à l'hôpital Robert Piquet, mademoiselles Duboué arrêtée. Seule, madame Duboué ressortira libre après son hospitalisation.
Témoignage de René Tramasset:
Mon père avait assisté de loin à cette arrestation. Sachant que son tour allait venir, il prépara ma mère à cette éventualité en lui donnant quelques consignes pour essayer de nous protéger, il a préféré se laisser arrêter plutôt que de se "planquer" et de disparaître un certain temps. Il savait que nous risquions d'être internés à sa place, chose lourde de conséquence pour nous.
Je ne le remercierai jamais assez d'avoir sacrifié sa vie pour sauver sa famille ainsi que d'avoir combattu pour notre liberté.
Quelques jours plus tard, il est arrêté sur dénonciation, comme le commandant Duboué, par la Gestapo aidée pour cela par la police française de la SAP. ..."
www.ffi33.org 
Décédé en déportation à Ellrich le 16-1-44
www.bddm.org  Laurent Laloup le mercredi 29 octobre 2008 Contribution au livre ouvert de Mathieu Edgard Tramasset | |