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Hommage à mon oncle, son neveu. Mon oncle "Tonton René" a été un personnage particulier pour moi, plus qu'une simple parenté, un ami. J'admire cet homme qui en 1940 s'est engagé dans la marine anglaise avant de rejoindre le général de Gaulle, à un moment où tout espoir semblait perdu pour la majorité des Français. Je suis fier de pouvoir dire que mon oncle faisait partie du 1 % de Français qui continuait la lutte contre Hitler. Ce n'est pas un résistant de la dernière heure...Humilié en juillet 1940 lorsqu'il a fait ce choix (l'équipage de son bateau lui a craché à la figure...), torpillé 3 fois en 1940-1943, sans savoir nager il s'en est toujours sorti avec panache: après chaque torpillage, il allait diner au restaurant aussitôt débarqué, et payait l'addition avec l'argent mis dans une ceinture de toile étanche. Il a navigué sur des torpilleurs et sur des cargos en traversant l'Atlantique, de l'Angleterre à l'Afrique du Sud en passant par les colonies anglaises de l'Afrique occidentale. Lorsque la guerre fut terminée, il revint en France, marié à une Ecossaise, (Cathy) deux enfants(George et Daniel) Sans nouvelles de lui depuis 5 ans , sa mère, Alice, s'évanouit à son arrivée. Ironie de la guerre, comme ses deux enfants n'étaient pas nés en France, la famille de René n'avait pas le droit de toucher les allocations familiales ! Ayant le désir de s'engager dans la marine marchande, il fut dégouté de constater que beaucoup d'amis du maréchal Pétain étaient encore en poste...Son choix fut de repartir dans le pays qui l'avait accueilli en 1940...et il y fit sa vie en qualité de restaurateur, dans les villes de Ayr et de Largs, en Ecosse. Il eut même l'honneur en 1946 de faire un superbe gateau pour la reine d'Angleterre, Mary. Il eut 6 enfants et vécu en Ecosse jusqu'au milieu des années 1980. Marin dans l'âme,comme beaucoup de RIVIERE de notre famille, il plaqua tout pour le Canada et s'installa à Vancouver où il ouvrit de nouveaux restaurants. Mon oncle a toujours fait ce qui lui plaisait , même si il en connaissait le prix: à 80 ans , diabétique, lors d'un nouveau voyage en France, ne disant rien à personne de son état, il a gouté une dernière fois à toutes les spécialités françaises de la gastronomie. Cela lui a couté une jambe (gangrénée). Hospitalisé en 2004, année de sa mort, il a simplement dit : "je suis fatigué, il est temps que je parte". le meilleur souvenir de mon oncle est un voyage que nous avons fait tous les deux en 1992, entre Paris et Greenock, 5000 km aller -retour en voiture et en bateau, pour effectuer un pélerinage en Ecosse, revoir les lieux, la famille et les amis qu'il avait connu pendant la guerre et après... Il s'est éteint en 2004, quatre ans déjà, mais pour moi, il est toujours là. Là où je pense qu'il doit être , il doit être heureux de parler avec sa mère, son père, sa demi-soeur Germaine, et mon père, Michel RIVIERE, grand voyageur et marin aussi, disparu en 2007. RIVIERE Thierry le jeudi 22 mai 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |