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" Adrienne Clavel est sage-femme et dirige une petite clinique de fortune à son domicile. Elle dispose ainsi d’un ausweiss pour ses déplacements professionnels. Pierre est voyageur représentant en linge de maison, mais le manque de matière première l’oblige à entrer à l’office de ravitaillement départemental. Combien de chevaux étiques et de vaches efflanquées ont-ils reçu l’étiquette qui les désignait à la consommation allemande ? On ne le saura jamais.
Pierre et son épouse sont bientôt enregistrés comme agents P2 et P1 respectivement : ils appartiennent au BCRA, au sein du bureau des opérations aériennes. C’est ainsi qu’ils recueillent, un après-midi d’avril 1943, le fils de Mme Kearney, veuve d’un officier américain, qui venait d’être arrêtée. C’est en effet dans sa propriété de Bar-sur-Aube qu’avaient lieu des émissions clandestines depuis plusieurs mois. Le domaine, situé à l’écart, ceint de murs et discret, s’y prêtait parfaitement. Elle avait été malheureusement trahie par un radio qui travaillait pour les Allemands.
Pierre Clavel devient le chef régional du BOA. Il est à ce titre responsable de la recherche et de l’homologation auprès de la RAF des terrains de parachutage ou d’atterrissage clandestins. Il est également chargé de la formation des équipes de réception nécessaires, du transport des objets compromettants et de la recherche d’asiles sûrs à proximité des terrains. Son chef, le commandant Michel Pichard, envoyé par Londres sous le pseudonyme de « Pic » au début de 1943, exerce les mêmes fonctions pour le secteur nord-est de la France.
Dans le cadre de ses responsabilités, Pierre est amené à rencontrer régulièrement Marius Véchambre, avocat, délégué militaire de la région de Langres, où il exerce sa profession officielle. Clavel et Véchambre sont des amis d’enfance. Ce dernier est à l’origine de l’organisation de la Résistance dans la région.
Clavel rencontre également Robert Henry, capitaine des pompiers de la ville, Résistant responsable aux côtés de Véchambre et chargé de la défense passive de la cité. C’est dire l’importance du rôle de P. Clavel, par le canal duquel passent bien des informations, des consignes et de dangereux colis de toute sorte.
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Pierre Clavel fut arrêté par la Gestapo le 31 octobre 1943 et déporté à Mauthausen. Rentré en France en mai 1945, il est décédé en 1979.
Marius Véchambre, arrêté le même jour, fut déporté à Buchenwald puis à Flossenburg, d’où il ne revint pas.
André Besancenot, arrêté le 23 février 1944, fut interné à Compiègne, d’où il fut transféré à Dortmund puis à Neuengamme et enfin à Dora, d’où il n’est pas ressorti.
Robert Henry, arrêté également, put prouver qu’il avait passé la nuit du 12 septembre à la permanence des pompiers et s’en tira, après quelques interrogatoires musclés, avec huit jours de prison.
Les Allemands, qui ne devaient pas écouter la BBC, ne soupçonnèrent pas l’origine de la catastrophe qui les frappait si durement. Ils répandirent les hypothèses les plus fantaisistes mais n’en prirent pas moins les dégâts de la ville à leur charge. Il y eut 60 000 carreaux cassés.
André Casalis
Sources : « Histoire de Langres » par A. Journaux. « La Résistance en Haute-Marne » par l’ANAC. Discours et comptes rendus de Pierre Clavel. Documents et souvenirs de Mme P. Clavel. « 1 061 Compagnons » de J.-C. Notin. « 10 Duke Street. Londres » du colonel Passy. Résultats d’enquêtes par la rédaction.
Extrait de la Revue de la France Libre, n° 310, 4e trimestre 2000."
GR 16 P 317514 | KEARNEY ( Robert Jean ) | 1927-05-26 | Bar-sur-Aube | Aube | FRANCE | FFi Laurent Laloup le jeudi 05 mars 2020 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |