Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Avis de décès

Article publié le samedi 8 janvier 2022 sur la page Facebook des FFL de Saint-Pierre et Miquelon :

C'est avec une grande tristesse que je vous annonce le décès de madame Madeleine Doucet Mahé. Elle était la dernière des Engagés volontaires de St Pierre et Miquelon et j'ai eu l'immense plaisir de lui parler à deux reprises et de recueillir le témoignage de son engagement dans la France libre.
Nous présentons à sa famille nos plus sincères condoléances.

Voici la retranscription de notre dernier entretien relaté par Caroline Dujardin, membre de notre association.

Madeleine Mahé Doucet, dernière des engagées volontaires de Saint-Pierre et Miquelon, habite Yarmouth en Nouvelle-Écosse. Elle a gentiment répondu à nos questions au mois d’avril, interviewée par nos membres Françoise Théault et Caroline Dujardin.

Une certaine semaine de février 1923, l’hôpital de Saint-Pierre a vu deux de ses futures engagées volontaires naître. Madeleine Cormier-Théault nait le 5 et Madeleine Mahé le 1er février, neuvième d’une fratrie qui comptait 5 garçons et 5 filles.
« On se connaissait peu entre frères et sœurs. Une de mes sœurs s’est mariée j’avais 5 ans. Ils étaient presque tous partis de l’archipel. Mon père est mort j’avais 11 ans et ma mère est morte j’avais 16 ans. J’étais seule vous savez. »

Madeleine s’engage rapidement après le référendum de décembre 1941. Elle a presque 19 ans. Cette jeune femme orpheline a des envies d’ailleurs, des envies de voir autre chose que cette île qui avait pris ses parents. Ses nombreuses lectures la font voyager à pas cher comme elle dit.

« Quand la France Libre est arrivée à Saint-Pierre, j’ai travaillé à la base à faire des pantalons de marins. Un jour, à la femme qui travaillait en face de moi, je lui dis « Qu’est-ce que tu paries que je vais m’engager dans la marine ? » Elle me répond « T’oserais pas ! » Alors je suis allée voir le commissaire de marine et je lui ai dit « Je veux m’engager » il a répondu « pour quoi faire » j’ai dit « Je veux m’en aller ! » C’était assez clair ! »

Au départ au TSF à Saint-Pierre, la jeune marinette va bientôt embarquer pour les États-Unis. Elle était insistante pour partir alors le Commandant de Marine lui dit « Vous avez trois jours pour apprendre à chiffrer et je vous enverrai à Washington car ils veulent deux filles pour représenter la France ! »

Déterminée, vous avez bien compris que Madeleine avait déjà en tête son ticket de départ !

« Me voilà sur le Cap Bleu, espèce de chalutier, direction Montréal en 1944, accompagnée d’une autre jeune femme. On nous regardait comme des bêtes curieuses. Ensuite on a pris le train direction Washington où il faisait une chaleur suffocante. Ça me changeait de Saint-Pierre ! À Washington il y avait 6 pays : nous représentions donc la France. On était bien traitées, on avait une belle vie. On travaillait 5 jours, une fois la nuit par semaine, on mangeait au restaurant. Les Américains nous appelaient les « Oui-oui » ! Les Français disent toujours « oui oui ». »

« Vous savez, je voulais vraiment sortir de Saint-Pierre car deux de mes sœurs étaient au Canada et une autre en France. En m’engageant dans la Marine, je voyais l’opportunité d’enfin partir, comme elles. À Washington, l’amiral m’a permis de rester au Canada. Il a écrit à l’émigration et j’ai pu rester. À cette époque, Saint-Pierre c’est une bonne vie pour celui qui a beaucoup d’argent mais quand on est obligé d’y rester, ce n’est pas pareil ! C’est bien en voyage Saint-Pierre. C’est comme une base de repos mais pas pour y vivre ! »

« Le climat politique à Saint-Pierre était tendu mais pas de violence. Il y avait deux camps, oui. Les plus riches pour Vichy et les pauvres pour De Gaulle. Vivre à Saint-Pierre dans les années 40 n’était pas facile. Il y avait le chômage. Quand l’Amiral Muselier est arrivé, il a donné du travail à plein de gens et pour beaucoup d’entre nous, ça a sauvé Saint-Pierre ! La France ne s’en occupait pas beaucoup. »

« Je suis revenue à Saint-Pierre après la guerre pour avoir mes papiers de démobilisation et puis une fois dans les années 2000. »

Madeleine Mahé a passé sa vie en Nouvelle-Écosse n’oubliant sûrement pas ses jeunes années sur l’archipel. Nous l’avons chaleureusement remerciée de nous avoir consacré de son précieux temps avec sa mémoire toujours aussi vive à 98 ans

LE BRETON Thierry le lundi 10 janvier 2022

Contribution au livre ouvert de Madeleine Mahé épouse Doucet

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