Contributions - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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LIEUTENANT YVAN MATOUSEK 1912-1944

La mémoire des Français Libres / sous la direction d'André Casalis Revue N° 310 - 4` trimestre 2000

" Yvan Matousek est né le 8 octobre 1912 à Pelhrimov, en Bohême. Deuxième enfant d'une famille de trois, il entreprend des études de droit qu'il doit abandonner au décès de son père, alors fonctionnaire.
Il s'engage dans l'armée tchécoslovaque, choisit la cavalerie et suit les cours d'élève officier. Promu, il subit le choc de l'occupation allemande de la Bohême et de la Moravie. Ne pouvant supporter la présence de l'ennemi, le nadporucik Matousek quitte sa patrie le 10 août 1939 en compagnie de deux camarades avec l'intention de gagner la France.
C'est avec beaucoup de difficulté qu'ils parviennent en Pologne trois jours après. Ils y retrouvent de nombreux compatriotes, rassemblés dans un camp militaire près de Cracovie. Matousek est nommé officier adjoint dans une compagnie de mitrailleurs.
L'armée allemande envahit la Pologne le 1er septembre 1939. Harcelés par d'incessants bombardements, les unités polonaises, dont celle de Matousek, font mouvement à pied et atteignent Tarnopol le 13. Le groupe des soldats tchèques poursuit sa route vers l'est et pénètre en Roumanie le 19 septembre. Il réussit à s'embarquer à Constantza pour atteindre Beyrouth six jours plus tard après avoir touché Istanboul, Le Pirée et Alexandrie.
Regroupés avec d'autres compatriotes présents en Syrie, ils sont transférés en France où ils parviennent le 27 octobre.
Le camp de l'armée tchécoslovaque se trouve à Agde, où les troupes subissent un entraînement intensif pendant l'hiver. Matousek est affecté au 1er Régiment d'Infanterie et part au combat le 6 juin dans le cadre de la 23e DI française. La guerre est déjà perdue et la division ne livre que des combats retardateurs à Coulommiers et Montereau, puis se replie sur Gien, Châteauroux et Argenton pour achever la guerre à Saint-Junien.
Yvan Matousek est à la veille d'être chassé de sa patrie pour la troisième fois, même si elles étaient provisoires pour les deux dernières. Il en faut plus pour décourager un homme de cette trempe. Une partie des soldats tchécoslovaques parvient à rejoindre Sète et s'embarque pour la Grande-Bretagne qu'elle atteint le 27 juin. L'Appel du général de Gaulle est vieux d'une semaine.
Les troupes tchécoslovaques ne comptent guère d'hommes du rang et les unités sont principalement constituées d'officiers. Le lieutenant Matousek est affecté à la compagnie de mitrailleuses d'une formation connue sous le nom du « bataillon des officiers. »
L'occasion de prendre part aux combats se faisant attendre, notre homme, qui ronge son frein, obtient l'autorisation de rallier les Forces Françaises Libres. Il signe son engagement le 10 décembre 1942.
Yvan Matousek rejoint finalement le 1er RMSM en avril 1943, après un long périple passant par le Nigeria et l'Égypte. Il est affecté au 1er escadron du capitaine Pierre Troquereau. Il participe aux derniers combats de la campagne de Tunisie. Après un séjour en Tripolitaine, le 1er RMSM est dirigé vers le Maroc, où il devient le régiment de reconnaissance de la 2e DB. Le 1er escadron devient le 5e et Matousek reçoit le commandement du 1er Peloton. Il débarque le 1er août sur le sol de France.
La boucle est bouclée pour Matousek, qui croisera bientôt en vainqueur la route de la défaite suivie en 1940. Il s'est montré un chef énergique pendant cette phase préparatoire, un instructeur exigeant aussi dur pour ses hommes que pour lui-même.
Le premier peloton que commande Matoùsek participe activement aux combats de Normandie, fait demi-tour avec la 2e DB et se prépare à foncer sur Paris.
Le général de Gaulle quitte Rambouillet le 25 août pour gagner la capitale. Il est, à sa demande, escorté par un peloton du 5e escadron de spahis, commandé par Matousek. Le général veut ainsi rendre hommage à l'escadron de spahis qui, le premier, rallia la France Libre en unité constituée : le 5e est son héritier.
Parvenu à la porte d'Orléans, le convoi se dirige vers la gare Montparnasse par l'avenue du Maine. Une foule dense et surexcitée occupe les rues et acclame les unités de la 2e DB, mais c'est un véritable délire quand elle reconnaît le général de Gaulle.
Des tireurs postés sur les toits déclenchent soudain une véritable fusillade. Des glaces de la voiture du Général sont brisées mais personne n'est touché. Matousek, qui se trouve aux côtés de son illustre passager, resté impassible, le supplie de se mettre à l'abri dans un véhicule blindé :
- Mon Général, je suis responsable de votre protection ! S'il vous arrive quoi que ce soit, je me flingue !
Du tac au tac, de Gaulle lui répond : .
- Lieutenant, faites votre métier. Je fais le mien.
Plus tard, le premier peloton reçoit la mission de s'emparer du Palais Bourbon. Il arrive par la rue de Bourgogne. Méprisant la mitraille, debout sur un toit, Matousek hurle ses ordres pour l'assaut. La Chambre des députés est bientôt prise, les Allemands qui l'occupaient se rendent. Le colonel Willings, alors aspirant et détaché les 25 et 26 août au 1er peloton, témoigne :
-J'ai pu apprécier l'extraordinaire courage physique de Matousek pendant ces deux jours. Je ne l'ai jamais vu baisser une seule fois la tête malgré les tirs de dizaines de tireurs d'élite (d'origine inconnues) que nous avons subis en plusieurs occasions.
Le peloton Matousek participe activement aux missions du 5e escadron au cours des violents combats du Bourget des deux jours suivants comme de ceux de Champagne puis de Lorraine :
- Le lieutenant se bat comme un lion, rapportent les spahis.
Le 20 septembre 1944, dans l'après-midi, Matousek laisse son peloton aux ordres de sous-lieutenant Bompard, son adjoint. Il mène une reconnaissance en Jeep vers Flin, où coule la Meurthe. Il laisse son véhicule dans le village et poursuit à pied vers le pont. Les Allemands sont postés sur l'autre rive et le battent du feu de deux mitrailleuses. Le lieutenant aperçoit deux hommes blessés gisant sur l'ouvrage. Il se porte sans hésiter à leur secours mais est tué à leurs côtés par une longue rafale. Il faudra déclencher un tir de fumigènes pour les ramener.
Le surlendemain, profitant d'un répit, Bompard, ayant succédé à son chef, emmène ses hommes se recueillir sur sa tombe provisoire à Moyen :
- (...) Oubliant son ton cassant, parfois blessant, nous ne retiendrons que son caractère droit, son âme trempée aux souffrances et ses vues sans illusions. Abandonnez ce qui aurait pu vous déplaire en lui pour que reste seulement entre vous et lui le lien sacré et indissoluble qu'il avait forgé en donnant son unité au le` peloton. Si le lieutenant Matousek a été dur, je l'en remercie. Il nous avait inculqué sa conscience de soldat : conscience qui se lisait dans son regard bleu ciel.
Magnifique officier, toujours volontaire pour les missions dangereuses, payant constamment de sa personne, il est allé jusqu'au sacrifice suprême en se portant spontanément au secours de camarades blessés.
Il restera pour nous un exemple.
L'homme qui avait parcouru l'Europe pour combattre l'envahisseur de son pays repose à jamais dans le cimetière du Mémorial tchèque à La Targette, près d'Arras. Il y a rejoint de nombreux compatriotes, dont beaucoup tombèrent au cours des durs combats de l'Artois.
Une plaque est fixée à l'intérieur du Mémorial. Elle porte ces mots dus à Pavel Safarik qui conviennent parfaitement au lieutenant Matousek en particulier, comme aux Français et Tchèques libres en général :
On ne passe pas sans combattre de l'esclavage à la liberté. Mieux vaut honorer son pays par sa mort, que le déshonorer par sa vie.

Philippe GRARD "

Jacques Ghémard le mardi 08 décembre 2009

Contribution au livre ouvert de Yvan Matousek

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