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 Comment François Maucotel a rallié la France libre  Extrait du compte-rendu de l'interrogatoire de François Maucotel par le 2ème Bureau des Forces française libres, daté du 10 mars 1941, après son ralliement. Les corrections ou précisions entre [ ] sont de moi, Jacques Omnès.
 "Capitaine au long cours, Enseigne de Vaisseau de Réserve.
 
 Au mois de juin, MAUCOTEL était embarqué sur le 'KAERGULEN' [KERGUELEN] des Chargeurs Réunis.
 
 Ce bâtiment, venant de Buenos Aires, arrive à Bordeaux le 19 juin avec un chargement de viande frigorifiée.
 
 Cette cargaison a été enlevée par des camions de l'intendance allemande durant le séjour du bâtiment à Bordeaux.
 
 Le bâtiment, réquisitionné par les Allemands, a été conduit à Saint-Nazaire par l'équipage, le 13 août.
 
 Le lieutenant MAUCOTEL a débarqué avec l'équipage et l'Etat-Major, le 28 août, lorsque les Allemands sont venus prendre la charge du navire. Seuls, le Commandant et le chef-mécanicien sont restés pour mettre au courant leurs successeurs.
 
 Monsieur MAUCOTEL a été mis en disponibilité par la Compagnie et s'est rendu à Paris, dans sa famille, où il reste jusqu'au 23 octobre.
 
 Il est ensuite convoqué à la Compagnie des Chargeurs pour embarquer sur le bananier 'KATIOLA' et rallie Bordeaux à la même date.
 
 Quitte Bordeaux, le 1er novembre et fait le plein de mazout à Bec d'Ambez [Bec d'Ambès].
 
 Ils font route sur Casablanca en restant autant que possible dans les eaux territoriales espagnoles, puis portugaises du Cap St. Vincent à Casablanca.
 
 Sont escortés par le torpilleur l''ALCYON'."
 
 A Casablanca, où ils sont vers le 10 novembre, ils embarquent un chargement laissé par le 'GROIX' (chargements divers habituels pour Buenos Aires) et environ 80 passagers, en majorité espagnols, à destination de Santos, et de Buenos Aires.
 
 Parmi eux, environ une dizaine de Français démobilisés, résidant pour la plupart au Chili, dont un Lieutenant VILLAR.
 
 Pour le 20/21, le bâtiment est à Dakar où il reste 5 jours pour se ravitailler en vivres et y attendre des ordres.
 
 Vers le 25, départ pour Santos, escorté par l'aviso colonial 'D'IBERVILLE' (route passant très au large de Freetown), puis S.S.W. jusqu'au parallèle de Santos et route à l'ouest.
 
 Le bâtiment avait reçu l'ordre de se saborder et ne devait, en aucun cas, tomber dans les mains anglaises. L'ordre était identique à ceux qui étaient donnés avant l'armistice, en cas d'arraisonnement par un bâtiment allemand. La présence possible de patrouilles anglaises y était portée.
 
 Durant le séjour du bâtiment à Santos, un léger incident intervient à bord :
 
 Deux hommes de l'équipage ayant demandé à l'officier de quart l'autorisation de saluer un bateau-marchand britannique qui entrait. Cette autorisation leur est accordée. Quelques instants plus tard, l'officier de quart se fait appeler par le Commandant qui lui adresse de sévères reproches.
 
 De Santos, le bâtiment fait route vers Buenos-Aires où il arrive vers le 12 décembre. Il y décharge sa cargaison, puis reçoit l'ordre de se rendre dans la darse réservée aux bâtiments internés pour y attendre les ordres du gouvernement français.
 
 Vers le début de janvier, le bâtiment reçoit l'ordre de se préparer à appareiller, instruction qui est bientôt annulée par l'annonce de la saisie du 'MENDOZA' par la Marine britannique.
 
 MAUCOTEL, qui s'était déjà mis en relations avec le Comité De GAULLE à Buenos-Aires, a rallié Londres par un bâtiment britannique.
 
 Mentalité de l'équipage du 'KATIOLA': - personnel favorable au mouvement De GAULLE :
 - le Docteur OHAYON [Joseph Simon OHAYON
  ], qui a déjà rallié. - le Second-Lieutenant et l'intéressé.
 - plus la moitié de l'équipage.
 
 A Buenos Aires, quand il avait été question de l'appareillage du bâtiment, le Commandant avait demandé à son  Etat-Major quels étaient ceux qui étaient disposés à saborder le navire.
 
 Ont répondu oui :
 
 - le Second Capitaine
 - le chef mécanicien DOUTEAU
 - et le second et le 4ème mécanicien.
 
 Le chef-mécanicien est un partisan acharné du Gouvernement de Vichy et très anti-britannique.
 
 Le Commandant, commandant HERVE, est très favorable à Vichy.
 
 Le bâtiment devait être sabordé en creusant les plaques de tête des condenseurs et en mettant le feu, dans le cloisonnement en bois qui sépare la coque des cales, avec de l'essence embarquée dans ce but."
 
 [Source : SHD Vincennes, TTC 41]
 OMNÈS Jacques le samedi 06 octobre 2018 - Demander un contact Recherche sur cette contribution |  |