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Mission spéciale Jacques MAILLET est déposé en France dans la nuit du 15 au 16 octobre 1943. L’avion qui effectue la mission est un bimoteur Hudson, du 138 « Special Duties » Squadron, dont l’équipage est composé de quatre hommes :
Pilote : Squadron Leader Hugh VERITY DSO DFC, 25 ans,
Second pilote : Pilot Officer John Robert AFFLECK DFC AFM, qui termine son entraînement comme pilote de ramassage après un tour d’opérations au 161 « Spécial Duties » Squadron.
Navigateur : Squadron Leader Philippe LIVRY-LEVEL, 45 ans. (Recevra sa première DFC quelques jours plus tard)
Radio-mitrailleur: Flying Officer John Dereck BRADBURY DFC.
NB : les décorations sont celles détenues par les intéressés le jour de cette mission qui consiste à déposer cinq agents et en récupérer huit pour le retour.
Le pilote, Hugh VERITY, écrira une histoire de ces missions spéciales, « ces opérations très secrètes » comme il précise dans l’avant propos de son livre, publié en français par les éditions France-Empire en 1982, sous le titre « Nous atterrissions de nuit… »
L’équipage doit trouver et atterrir sur le terrain clandestin, une « immense prairie dite Aigle, près de Manziat, à neuf kilomètres au nord-nord-est de Mâcon ».
Les cinq passagers sont débarqués à 23 h. 40 et l’avion redécolle six minutes plus tard avec ses huit passagers pour le retour dont le général de Lattre de Tassigny.
« J’ai appris depuis que parmi mes passagers de Tangmère se trouvait Jacques Maillet, un polytechnicien ». Bien plus tard, la préface à l’édition française de son livre fut écrite par Jacques MAILLET lui-même.
Le navigateur du Hudson est un Français des FAFL, le Squadron Leader Philippe LIVRY-LEVEL, qui sera l’un des trois seuls aviateurs de la France libre, décoré du DSO (Distinguished Service Order) une des plus hautes décorations militaires britanniques, et d’une double DFC (Distinguished Flying Cross). Les deux autres aviateurs FAFL ayant reçu ses prestigieuses décorations étant le colonel Jean DEMOZAY (1915-1945, mort pour la France) et le Wing Commander (lieutenant-colonel) Max GUEDJ (1913-1945, mort pour la France).Tous les trois furent nommés Compagnons de la Libération de leur vivant.
Le colonel LIVRY-LEVEL (1898-1960), a laissé un excellent petit bouquin, intitulé « Missions dans la R.A.F. » édité par l’imprimerie Ozanne de Caen en 1951. Il y raconte, avec beaucoup de modestie, quelques unes de ses 167 missions effectuées en 750 heures de vol de guerre, un record sans doute pour l’aviation française libre, missions toutes accomplies au sein de Squadrons de la Royal Air Force. A noter que son âge aussi, 45 ans, était aussi un record pour voler en opérations, la limite maximum fixée par les « Kings Régulations » étant 35 ans pour être aviateur de combat. Mais LIVRY, alias LEVEL, refusé et pour cause, se rajeunit comme il le raconte dans son livre et déclare être né le 16 juin 1911. Il n’a donc que 30 ans. Personne n’est dupe semble-t-il mais, après une visite médicale qui « dura deux heures qui, furent bien éprouvantes pour mes nerfs », il sortit « des mains des docteurs avec un certificat me disant apte à toutes les missions. »
Il écrit dans son livre, pour cette mission d’octobre 1943 : « Enfin la côte, nous passons à 50 mètres au-dessus des toits de Cabourg. Dans trente-cinq minutes l’Angleterre, le bout du terrain et nous nous posons très doucement. Cette nuit, sur mes huit passagers du retour, nous aurons donné cinq baptêmes de l’air. Je crois qu’ils s’en souviendront. Et maintenant ce sont les œufs au bacon, dans la salle à manger confortable. Je bavarde avec un des voyageurs ; derrière sa barbe poivre et sel je cherche à reconnaitre une figure que je crois avoir déjà vue, enfin je ne puis résister à lui demander son nom et il me répond : « Je suis le général Delattre (sic) de Tassigny. Nous nous serrons la main. J’ai été dans un temps déjà lointain l’un des agents de liaison de son 151ème R.I. ». MORIEULT Yves le samedi 26 mars 2016 Recherche sur cette contribution | |