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Extrait de "Beret vert" du Cdt Kieffer " Pendant ce temps, une vedette solitaire, se confondant avec la nuit, se tenait au large des côtes du Pas de Calais. Et sur le sol de France, derrière Gravelines, l'équipe Wallerand était en train d'opérer à travers les défenses allemandes : six hommes, Wallerand, officier des Équipages, Caron, officier marinier, Meunier, Navrault, Pourcelot et Madec.
Leur travail mystérieux accompli, et bien accompli, ils revinrent au rivage du pas silencieux de leurs grosses semelles de caoutchouc. Mais ils trouvèrent leur doris rempli d'eau. Ils tentèrent pourtant de le remettre à flot. Au bout de quelques mètres, l'embarcation coula. Ils regagnèrent la grève.....L'aube venait ; ils étaient là cinq hommes, épuisés par les heures qu'ils venaient de vivre et offerts, dans leurs vêtements de commando, aux vengeances de l'ennemi. Caron avait pris le commandement. Rester groupés, c'était se faire prendre à coup sûr. Il fallait se séparer. On se retrouverait un jour, ou peut-être jamais. Et l'aventure commença, vers les quatre coins de la France.
Caron partit avec Meunier. Caron était du Nord ; il retrouva assez vite sa famille, se cacha chez lui et entra dans la Résistance.
Meunier, lui, fut arrêté, enfermé dans une prison parisienne, torturé. Entre ses tortures, il apprenait le Morse qu'un inconnu lui enseignait de la cellule voisine, en frappant contre le mur.
Madec était parti seul pour gagner la Bretagne. Il s'était défait de sa grosse veste et de son béret vert. Il avait décousu les poches apparentes de son batik dress. Et c'est ainsi qu'il débarqua à Paris par la gare du Nord, prit le métro et circula en toute liberté sans que personne prît garde à lui, le seul certainement à avoir accompli cet exploit de s'être promené dans la capitale, en uniforme anglais, sous l'occupation.
Puis, il rejoignit le maquis breton, pendant sept mois fut instructeur, avec le grade d'adjudant, sur les armes anglaises qu'il connaissait bien, et, quand la Libération arriva, mena ses hommes au combat.
Navrault et Pourcelot s'étaient dirigés sur Hazebrouck, cherchant un refuge. Des paysans refusèrent de les héberger. A bout de fatigue, ils dormirent dans une hutte à moitié démolie. Enfin, ils découvrirent des vêtements civils et alors se séparèrent. Pourcelot alla vers les Vosges et y eut tout de suite des tâches mportantes dans la clandestinité. Navrault, par Paris et Lyon, gagna le maquis de Raphanel, dans le Puy-de-Dôme, où il eut un commandement de capitaine.
Et maintenant, que sont devenus ces cinq commandos ? Tous ont repris leur place au Bataillon.
Caron revient vers la fin d'août et reprend la tête de sa sous-section, en toute simplicité.
Madec laisse son grade d'adjudant, l'ouvrage terminé dans le maquis de Bretagne, et redevient caporal dans son ancien groupe.
Navrault, après la grande affaire du II juin dans le maquis d'Auvergne, rejoint par avion le Commando.
Meunier, Paris libéré, échappant de justesse au peloton allemand, se présente un jour " au garde à vous " et se remet dans les rangs. Quelques mois après sa démobilisation, Meunier passait à la Police de Surveillance du Territoire et mourait en service commandé à Saint-Quentin, en 1948.
Pourcelot, prisonnier évadé, arrive lui aussi après avoir erré dans les lignes ennemies avec force ruses et sabotages.
Tous, ils sont revenus, honnis le chef qui repose, héros sublime, couché dans la terre de France, près de la plage où il fit le sacrifice de sa vie. " Laloup laurent le lundi 25 février 2008 - Demander un contact La page d'origine de cette contribution Recherche sur cette contribution | |