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Journal du Spahi Roger MARION (3/3/1er RMSM) 
"[Mardi 26 décembre 1944 - Lundi 1er janvier 1945]
Vacances de neige en face de la Ferme RIEDHOF
Le lendemain de Noël, nous quittons NORDHOUSE, y laissant nos A.M. et Pierre JAMIN, comme chef de détachement de la "base-arrière". En me confiant son Half-track, Pierre me dit: "Tu vas être em… Le démarreur ne fonctionne plus."
Du 3ème peloton, nous sommes une vingtaine: dont le chef de peloton Bernard de LA MOTTE, Roland LAMBOLEZ, René WEBER, Raphaël PAVIA, Robert BOISDRON, Antoine MORANDEIRA, Gilbert DUFOSSÉ… liste à complèter.
Nous traversons ERSTEIN, OSTHOUSE, MATZENHEIM, SAND.
À BENFELD, nous tournons à gauche, puis à droite. Par un chemin tout enneigé (l'actuel D212), nous arrivons à la hauteur de KOGENHEIM pour prendre position en face de la Ferme RIEDHOF, qui, paraît-il, est occupée par un certain nombre d'Allemands plutôt coriaces. Nous installons nos guitounes dans la blanche nature. Roland et moi préférons trouver refuge entre de gros troncs d'arbres entassés au bord du chemin: abri plus sûr.
Nous voici transformés en "biffins". "Nous sommes en l'air!" nous répète le Capitaine DA. Beaucoup de neige. Le thermomètre est à moins 15, et même plus bas.
Mitraillettes et mitrailleuses seraient probablement inutilisables, l'âme des canons étant bien givrée. Ce qui donne l'idée à je ne sais plus qui d'assurer notre protection en plaçant à plusieurs mètres devant notre poste avancé des grenades dégoupillées, soigneusement coincées sur leur cuillère. C'est ainsi que Raphaël ajoute une aventure de plus en allant satisfaire aux besoins de la nature (il y avait eu BADONVILLER et le REHTHAL). Un certain soir, l'opération presque terminée, Raphaël entend un déclic au-dessous de lui. Tout de suite, il réalise ce qui se passe et s'étale à plat ventre. La cuillère d'une de nos grenades se trouvant libérée, le mécanisme suit son cours. Une détonation ne tarde pas à se faire entendre. Raphaël s'en tire très bien…
Chaque matin, Zezette, musette en bandoulière, m'accoste en plaisantant: "Tu viens avec moi? Je vais installer le téléphone à la Ferme de RIEDHOF."
Il n'est même pas possible de faire du feu pour ne pas faire repérer nos positions.
Le soir, nous entendons des grincements de roues du côté du RIEDHOF. C'est peut-être nos vis-à-vis qui reçoivent leur ravitaillement." laurent le mardi 05 janvier 2016 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |