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Les dunkerquois du Réseau Alliance Patrick ODDONE
" Constitué à la fin de l’année 1941 et véritablement opérationnel à partir du printemps 1942, le groupe dunkerquois appartient à la branche Nord du réseau « Alliance » dirigé au plan national par Marie Madeleine Méric (Fourcade). Ce groupe, conduit au plan local par Louis Herbeaux, recrute progressivement une quinzaine de résistants auxquels sont confiées des missions de renseignement et d’espionnage : élaboration de plans des zones minées du port et des ouvrages construits par les Allemands sur le littoral et à l’intérieur des terres, sites stratégiques, mouvements et identités des unités ennemies, etc.
Le démantèlement du réseau local par les services de l’Abwehr (le contre-espionnage de l’armée allemande) et de la GFP (Geheime Feld Polizei, police secrète de campagne agissant pour le compte de l’Abwehr), est issu de l’arrestation, fin juillet 1942, du Lillois Jean Rousseau, responsable pour « Alliance » du secteur Nord, piégé par les Allemands qui ont introduit un « mouton » dans sa cellule. Le 10 novembre 1942, le colonel Fernand Alamichel, responsable du réseau pour la zone Nord est arrêté à Paris, ainsi que d’autres résistants parisiens. Les perquisitions effectuées par la police allemande entraînent une cascade d’arrestations dans le Dunkerquois :
Le 14 novembre 1942, Jules Lanery est arrêté à son domicile de Rosendaël : il est le bras droit de Louis Herbeaux.
Le 17 novembre 1942, Louis Herbeaux et sa fille Andrée sont arrêtés en gare de Dunkerque, à leur retour de Paris où ils devaient remettre des documents au colonel Alamichel déjà arrêté.
Le 19 novembre, l’abbé René Bonpain qui a rejoint le groupe Herbeaux en juin 1942 et appartient aussi au réseau Zéro-France (filière d’évasion), est arrêté à Rosendaël. D’autres agents tombent également : Pierre Briois, Paul Verrons et Alexandre Hus.
Le 20 novembre, Suzanne, l’épouse de Louis Herbeaux est à son tour arrêtée.
Enfin, le 30 novembre, la police allemande s’empare de Claude Burnod et de Jean Bryckaert.
Tous sont conduits à la Prison de Loos-lès-Lille et placés au secret, durant le temps de l’instruction. Louis Herbeaux est torturé par la GFP lors des interrogatoires. Le 19 mars 1943, les 10 agents du groupe Herbeaux ainsi que Jean Rousseau sont traduits devant le tribunal militaire allemand siégeant à Lille : 8 condamnations à mort sont prononcées (Herbeaux, Bonpain, Rousseau, Lanery, Bryckaert, Hus, Briois, Verrons), et trois aux travaux forcés en déportation (Burnod, Suzanne et Andrée Herbeaux). Le 30 mars 1943, Herbeaux, Bonpain et Lanery sont fusillés au fort de Bondues. Les autres sont déportés en Allemagne au printemps 1943 et connaissent de multiples prisons ou camps : par chance, tous les déportés de ce groupe échapperont à la mort bien qu’ils aient été classés Nacht und Nebel.
Le démantèlement de ce réseau va susciter bien des interrogations et des polémiques après la guerre, notamment à propos de l’attitude du colonel Alamichel qui a négocié avec le contre-espionnage allemand, fut libéré et put rejoindre Alger. Cette affaire demeure officiellement une énigme même si les historiens, s’appuyant sur des documents irréfutables des services secrets allemands et alliés, sont parvenus à dénouer cet imbroglio."
www.commission-historique59.com  Laloup laurent le mercredi 26 mars 2008 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |