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Par David Portier :
auteur de "Parachutistes S.A.S de la France Libre 1940 - 1945
"Informé par son épouse, j’ai appris le décès de notre ami Albert d’Haze le 10 juin 2007 à Châteauroux alors qu’il allait avoir 87 ans.
Au mois d’octobre 1942, Albert d’Haze quitte Paris dans le but de rallier les Forces Françaises Libres. Il prend un train et parvient à franchir la ligne de démarcation près de Vierzon. Il atteint alors les Pyrénées qu’il franchit en plein hiver le 5 novembre pour atteindre le consulat de Barcelone. Arrêté par la Guardia Civil dans le train qui le conduit à Madrid, il est interné pendant plusieurs mois dans les prisons franquistes et au camp de concentration de Miranda.
Enfin libéré fin avril 1943, il rejoint Gibraltar et embarque fin mai sur le « Santa Rosa ». Le 29 mai, les volontaires rassemblés à bord ont droit à la visite du général de Gaulle qui vient les remercier de rejoindre ainsi la France qui combat.
Le 6 juin 1943, Albert d’Haze débarque en Grande-Bretagne. Après un interrogatoire par les services britanniques, il signe son engagement aux Forces Aériennes Françaises Libres et choisi de combattre au sein d’une unité parachutiste afin d’être parmi les premiers en France.
Aussitôt, Albert débute sa formation et part suivre un stage particulièrement dure à Largo en Ecosse chez les parachutistes polonais. Il est ensuite breveté à Ringway au mois d’août. A son retour au camp , il est affecté à la section radio du 4e Bataillon d’Infanterie de l’Air.
Début 1944, les parachutistes français sont intégrés au Special Air Service, une unité d’élite britannique. Cette Brigade qui comprend moins d’un millier de Français, doit effectuer des coups de mains et des opérations commandos derrière les lignes ennemies. La sélection est très dure mais Albert s’accroche. Au mois de mai 1944, Albert est désigné pour rejoindre le squadron jeeps en formation. Il apprend alors à piloter ces véhicules très rapides et puissamment armés.
Dans la nuit du 17 au 18 juin, Albert et ses camarades sont parachutés dans le Morbihan près de Saint-Marcel. Sur cette base, près de deux cents parachutistes encadrent environ 2000 maquisards bretons. La base est attaquée le matin même et Albert combat courageusement toute la journée avec son chef, le lieutenant Roger de La Grandière.
A la faveur de la nuit, les hommes se dispersent et parviennent à rompre l’encerclement. En compagnie des lieutenants de La Grandière et de Camaret et d’une dizaine de camarades, Albert parvient à rejoindre Lizio puis la région de Guégon. Epuisés par une longue marche sous la pluie, les parachutistes atteignent la ferme de Boccabois au matin du 21 juin. Les hommes n’ont pas dormi depuis plus de 4 jours. Ils prennent un peu de repos lorsque soudain, les Allemands arrivent. Aussitôt, le lieutenant de La Grandière prend avec lui quelques hommes pour couvrir le repli de leurs camarades. Pendant près d’une demi-heure, Albert tient les Allemands en respect. Soudain, Roger de la Grandière s’écroule à ses côtés. A bout de munitions et encerclés, Albert et ses camarades sont faits prisonniers mais ils ont réussi leur mission. Roger de La Grandière est achevé d’une balle dans la tête.
Roger est alors attaché et conduit dans une ferme où il est battu et maltraité. Un matin, les parachutistes sont placés devant le peloton d’exécution lorsque soudain, un officier allemand intervient. Ils sont alors dirigés vers Vannes avant de partir dans un camp en Allemagne.
Très discret et modeste, Albert n’avait pas jugé bon de faire connaître ainsi son histoire. Par bonheur, je parvins à entrer en contact avec lui voici quelques années et je pus recueillir son témoignage. Il était surpris de mon intérêt pour lui et très heureux de voir qu’il n’avait pas été oublié. Je poursuis aujourd’hui ce travail de mémoire.
Au revoir Albert " Laurent Laloup le samedi 17 novembre 2007 - Demander un contact Recherche sur cette contribution | |