Jean Léon Alezard - Les Français Libres

Les Français Libres, de juin 1940 à juillet 1943

 
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Jean Léon Alezard



Naissance : 14 juillet 1916 - Paris 20e

Activité antérieure : ouvrier / artisan

Point de départ vers la France Libre : Metropole

Engagement dans la France Libre : en juin 1942

Affectation principale : Résistance intérieure /

Grade atteint pendant la guerre et spécialité : P2

Décès à 27 ans - 11 avril 1944 - Suresnes, Hauts de Seine

Mort pour la France

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 7176

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 862

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Vermeil

Bonjour,
Je suis le petits fils de Lucienne Vermeil.
Je suis très emu de tomber sur cet article...

Vermeil alexandre le mercredi 25 novembre 2015 - Demander un contact

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photo d'identité judicaire de Jean Alezard

Jean-Pierre Ravery le samedi 30 août 2014 - Demander un contact

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Retour sur l’histoire

Et la traque continua…
Après la chute des FTP-MOI de la région parisienne, l’une des deux brigades spéciales des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris poursuivit sa traque des FTPF après l’arrestation de leur chef, Joseph Epstein. Elle en arrêta rapidement vingt-sept, tous livrés aux Allemands.
Le vendredi 26 novembre 1943, Jean Alezard alias « Gil » se présente au domicile de Lucienne Vermeil née Sarrelongue, 3 route de l’Étang à Saint-Gratien (Seine-et-Oise). Tourneur sur métaux de profession, « Gil » est devenu clandestin en 1941 à l’âge de vingt-cinq ans. Militant efficace et consciencieux, il est devenu l’un des deux responsables aux « cadres » de la région parisienne (Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne), l’autre étant André Dreyer, alias « Tom », un employé d’assurances âgé de trente et un ans.

Dans le jargon des résistants communistes, les « cadres » forment en ces temps de guerre le service de sécurité du parti et des FTP, celui qui contrôle le recrutement et l’affectation des militants, qui tente de prévenir les coups durs et, quand des arrestations se produisent, est chargé d’en démêler les fils.

Le chef direct de « Gil » et « Tom » se nomme Gaston Michallet, alias « Segal », alias « Charnaux ». Ajusteur mécanicien chez Hispano-Suiza à Bois-Colombes, c’est un syndicaliste aguerri, membre du PCF depuis 1936. En cette fin 1943, il est « national cadres », adjoint direct de Jean Chaumeil, le numéro un du service.

Michallet a été arrêté la veille par les policiers de la BS2, l’une des deux brigades spéciales des renseignements généraux de la Préfecture de police de Paris qui s’acharnent contre les communistes et les « terroristes » pour le compte des Allemands. Dans les locaux des RG, Michallet est « dérouillé avec la dernière sauvagerie », selon le rapport d’un policier résistant qui parviendra quelques jours plus tard à Jean Chaumeil.

Trouvé porteur d’un trousseau de clés, il est sommé de livrer l’adresse correspondante. Il finit par lâcher la planque de Saint-Gratien, qui ne servait qu’à tenir de temps en temps des réunions et dans laquelle personne n’aurait dû se trouver. Quant aux précieuses archives des « cadres », qu’il conservait là-bas dans une serviette, sa femme avait déjà foncé les récupérer, comme convenu avec son mari en cas de malheur.

Les policiers de la BS2 font donc chou blanc. Mais ils montent tout de même une souricière au cas où. « Gil » s’y jette tête baissée le 26 novembre à 11 h 15. Ayant retrouvé chez lui deux « biographies » de militants qu’il aurait dû remettre à « Charnaux » la semaine précédente, il a pris l’initiative de venir les déposer à Saint-Gratien. Tragique concours de circonstances. Les policiers ne parviendront pas à décoder les deux « bios » dont il est porteur. Mais il est trouvé en possession d’un faux ausweis, d’une fausse carte de travail et d’une carte de circulation du métropolitain au nom de « Bassecourt ». Difficile dans ces conditions de nier sa condition de clandestin. D’autant qu’un inspecteur le reconnaît, pour l’avoir déjà aperçu lors de filatures. Il ne leur dira rien d’autre, malgré les « séances de triquage » répétées à coups de nerf de boeuf.

Jean Alezard ne s’estime pas vaincu. Il poursuit son travail de « cadres ». Dans les locaux des RG, au dépôt de la Préfecture, puis à Fresnes lorsqu’il aura été livré aux Allemands, il saisit toutes les occasions de parler avec les uns et les autres, de noter les informations qui lui paraissent utiles sur des feuilles de papier à cigarette ou des morceaux d’emballage des colis reçus par les prisonniers. Profitant des « parloirs », il réussit à plusieurs reprises à remettre ces précieux rapports à l’épouse de l’un de ses codétenus, Marcel Maillard, en lui expliquant comment les faire « remonter ».

Par ce biais, la direction des « cadres » reçoit des informations de l’intérieur sur les chutes de novembre 1943 : « Je sortis de leurs mains vers 18 h 45 assez mal en point puisque les coups reçus sur les reins me causaient des douleurs terribles dans l’aine où j’ai déjà été blessé. (…) J’ai été sorti de l’isolement mais je reste avec des chaînes aux pieds. (…) D’après ce que j’ai pu apprendre, la filature provient de la MOI au cadre TP. (…) Guilbert de l’intertechnique, tombé dans une planque de Blanc, n’a pas parlé. Lamamy de l’équipe volante est tombé sur RV avec un copain à Strasbourg-Saint-Denis. N’a pas encore été interrogé, c’est un gaulliste non affilié aux TP. Parant de Paris n’a pas parlé. (…) Je pars à Fresnes. Je suis inculpé de complicité terroriste dans l’affaire Estain Joseph. Qui est-ce ? Je l’ignore. Mais ce gars ne serait pas Raison qui se nommerait Fouquet. »

Oui, « Raison » était bien le pseudo de Robert Fouquet, intercadre des FTP de la région parisienne, un employé de l’Assistance publique de 32 ans, arrêté lui aussi le 25 novembre et trouvé porteur - suprême catastrophe - d’organigrammes et de listes de rendez-vous. Quant à « Estain Joseph », Jean Alezard n’a pas de liaison directe avec le chef militaire des FTP de la région parisienne, il ne connaît pas la fausse identité sous laquelle il opère, encore moins son vrai nom. Joseph Epstein a été arrêté le 16 novembre précédent par la BS2. Les policiers ont saisi sur lui une feuille de papier à cigarettes mentionnant un rendez-vous qui va les conduire à Roland Cauchy, un monteur électricien d’Alsthom de 27 ans, ancien secrétaire de la section du PCF du 20e arrondissement avant-guerre. Le 18 novembre, il est pris. Continuant leur travail dévastateur, les inspecteurs des RG vont réussir dans les jours et les semaines qui suivirent à faire tomber vingt-sept FTP et cadres du Parti clandestin. Ils seront regroupés dans une seule et même procédure, « l’affaire Estain ».

Comme on l’a vu, les « cadres » ont une autre source d’information : les policiers résistants au sein même des RG. Ils ne sont pas nombreux et doivent se montrer prudents, car leurs chefs, les commissaires Rottée, David et Gautherie soupçonnent des fuites. Elles existent en effet. Si l’acheminement des messages est souvent trop lent pour empêcher les arrestations, ces fuites permettent au moins d’obtenir des confirmations. Ainsi, dans ce message passé le 29 novembre 1943 par un inspecteur principal : « Michallet, responsable aux cadres national, a été dérouillé samedi soir avec la dernière sauvagerie. (…) Michallet n’a pas parlé. Clotrier, contrôleur du métro sur la ligne de Sceaux, militaire de P5, a été véritablement massacré, il n’a pas parlé. »

Dans le cas de Michallet, il faut dire que Jean Chaumeil était bien placé pour savoir s’il avait parlé ou pas. Ainsi en avril 1944, il glissera dans le dossier Estain la note suivante : « Si Charnaux et Gil avaient parlé, j’y passais car je les voyais dans une planque qui a tenu. De plus, c’est un fait, rien n’est tombé derrière eux. »

Les vingt-sept de « l’affaire Estain » sont traduits devant une cour martiale allemande le 20 mars 1944. Le procès dure quatre jours et vingt d’entre eux sont condamnés à mort pour « actes de francs-tireurs ». Dans le rapport qu’il fera passer le 15 avril 1944 à Jean Chaumeil, l’un des condamnés, Pierre De Schryder, un ancien vendeur aux halles de trente et un ans, devenu responsable FTP à Paris, résumera ainsi les motifs de la sentence : « Il (le tribunal) a cru devoir nous donner la raison de la sévérité de son jugement en ces termes : "Nous menons un dur combat défensif et nous ne pouvons admettre que nos ennemis nous tirent dans le dos. " »

À l’issue du procès, les condamnés sont autorisés à revoir une fois leurs familles et à recevoir des colis. Le 11 avril 1944, ils sont changés de cellule. À 11 heures, un officier les informe que leur recours en grâce est rejeté, sauf pour deux d’entre eux (Georges Nicol et Édouard Ladsous), et que les autres seront fusillés à 15 heures. Ils sont autorisés à écrire deux lettres. À 14 heures, ils sont rassemblés et embarqués dans deux camions. Deux FTP condamnés dans d’autres affaires sont joints à leur groupe.

Pierre De Schryder va bénéficier d’une chance providentielle. Alors que le convoi a franchi le pont de Neuilly et se trouve à quelques centaines de mètres du fort du mont Valérien, il réussit à libérer l’une de ses mains des menottes, à ouvrir la bâche et à sauter du camion. Dans le climat de l’époque, cette évasion ne pouvait qu’apparaître suspecte. Ainsi, l’un des cadres note : « Il faut être très méfiants et voir cette affaire de près. On peut se trouver devant une provocation. » Mais le 9 juin suivant, Jean Chaumeil est rassuré : « Il se confirme qu’à Suresnes, tout le monde sait qu’il y a eu un évadé et que les Boches fouillaient tout le quartier, maison par maison. » Par ailleurs, des renseignements élogieux remontent vers la direction du Parti : « Sur sa région, il avait la réputation d’être très courageux. Ayant une fois déjà été coursé par les flics, il avait avalé sa liste de rendez-vous » (1).

C’est ainsi que Pierre De Schryder a pu, dans son rapport du 15 avril, rendre compte des charges retenues contre les uns et les autres et de l’attitude des vingt accusés. Il conclut, dans les termes de l’époque : « Mes camarades ont eu une tenue magnifique et se sont conduits en vrais bolcheviques. » Autrement dit, personne n’a flanché. Quelqu’un d’autre va en témoigner après la guerre.

Elle se nomme Thérèse Rigaud. Son frère Pierre, ancien secrétaire particulier de Maurice Thorez et interné en cette qualité par les autorités françaises, a été fusillé le 7 mars 1942 à Carlepont (Oise) comme otage. Femme de chambre, Thérèse assurait les liaisons du colonel Gilles sous les pseudonymes de « Rose » et de « Nadine ». Elle fut arrêtée à Bourg-la-Reine le 19 novembre 1943, alors qu’elle avait rendez-vous avec un agent de liaison de Roland Cauchy. Peu après le procès du 23 mars, elle fut déportée à Lauban en Basse-Silésie, puis à Ravensbruck et Mathausen. En juin 1947, Thérèse Rigaud remplit le questionnaire que lui a adressé Charles Siquoir, un membre de la commission des cadres chargé d’essayer d’élucider « l’affaire Estain ».

Elle y apporte un émouvant témoignage sur Joseph Epstein et Missak Manouchian : « J’ai réussi à parler à Gilles au tribunal (malgré l’interdiction). Il m’a dit aussi sa confiance dans le Parti. Il m’a bien dit qu’il n’avait pas parlé, que malheureusement "Marc" (je ne me souviens plus de son nom véritable) avait été arrêté par sa faute, pour un rendez-vous noté sur une feuille de papier à cigarette. Il m’avait demandé aussi de dire au Parti qu’il n’avait jamais rien signé. Comme il se refusait à signer des paroles qu’il n’avait jamais prononcées, il a été torturé et on lui a dit : "Tu ne veux pas signer, salaud, eh bien ce sera signé quand même." Il m’a répété : "je t’assure que je n’ai rien signé". Je dois dire que j’ai eu du mal à reconnaître notre camarade Gilles tant il était enflé. Il m’a parlé des tortures qu’il a subies. » Plus loin, Thérèse Rigaud ajoute : « À la préfecture, je me suis trouvée pendant une semaine avec notre camarade Manouchian à la salle 25, bureau de la BS2. Je dois dire que notre regretté camarade "Georges" s’est comporté hautement en communiste. Avant de quitter la préfecture, il m’a embrassé en pensant à sa femme et m’a dit comment il saurait mourir en communiste. »

Jean Alezard, André Dreyer, Marcel Maillard, Robert Fouquet et une quinzaine d’autres résistants communistes ont été fusillés le 11 avril 1944 avec Joseph Epstein. Gaston Michallet était du nombre. Dans la dernière lettre qu’il écrivit le 11 avril à sa femme Marcelle et à leur petit « Nano » (Jean), il s’excusait du mal que sa disparition allait leur causer : « Mais il y avait un devoir auquel je ne pouvais faillir, et un idéal pour lequel aujourd’hui je vais mourir. (…) Nous sommes quatre ici à écrire, et tous courageux, crois-le bien. (…) Ma chère petite Marcelle, sois brave pour ton Nano, dis-lui qu’il pense un peu à moi, moi qui l’ai si peu connu, dis-lui que je suis mort pour la France et en vrai Français. »

Tous ces hommes et ces femmes courageux ont écrit avec leur sang une grande page de l’histoire de notre pays. Leur mémoire n’a rien à redouter de l’ouverture des archives de la police de Vichy, même si certains cherchent à en faire un mauvais usage.

(1) Après la guerre, Pierre De Schryder sera employé à l’Humanité.

Jean-Pierre Ravery

Extrait de www.humanite.fr 

Laurent Laloup le mercredi 04 juillet 2007 - Demander un contact

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Dernière mise à jour le mercredi 25 novembre 2015

 

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